L'Expression

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Le charme perdu du jasmin

Le bras de fer entre le président tunisien Kaïs Saïed et sa bête noire, la formation Ennahdha de Rached Ghannouchi, est loin de s'apaiser. Des centaines de manifestants ont investi, hier, le centre de Tunis pour réclamer le «départ» du chef de l'État. Mobilisés au sein d'un Front du salut national, une composante de l'opposition qui regroupe plusieurs partis de la même mouvance dont Al Karama, les manifestants protestent contre des élections législatives prévues dans une semaine, au motif que le processus va aboutir à un Parlement «sans pouvoirs véritables» et à un système ultra-présidentiel. Le contexte de grave crise socio-économique dans lequel se débat la Tunisie, caractérisé depuis un an par une recrudescence des pénuries de produits de base et une inflation galopante, motive cette mouvance dont le but est d'exploiter un mécontentement de la population, en faveur d' un boycott conséquent. Les slogans de 2011 ont donc refleuri, sans l'odeur du jasmin d'antan, et c'est aux cris de «Dégage» et autres «Les citoyens opprimés ont faim» qu'on a revendiqué la «liberté» et décrié une «dérive autoritaire» du président Saïd, doté des pleins pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, lorsqu'il a mis fin au gouvernement Mechichi et gelé le Parlement que présidait, alors, Rached Ghannouchi.
La Tunisie traverse une des phases les plus difficiles de son histoire, avec des réserves de change pour la couverture de ses besoins d'à peine 97 jours et une dette supérieure à 100% au PIB. Aggravée par la pandémie de Covid-19, la crise subit les conséquences du conflit en Ukraine sur les besoins énergétiques et les produits céréaliers. Les importations de blé et d'hydrocarbures sont minimes alors que la Tunisie en dépend fortement. Quant à l'accord difficilement obtenu avec le FMI, en octobre dernier, il attend l'aval du conseil d'administration de cet organisme, fin décembre courant. Même avec un déblocage de 1,9 milliard de dollars, la Tunisie n'en sera pas, pour autant, sortie du pétrin, surtout qu'il lui faudra, en contre-partie, appliquer le programme de réforme auquel le gouvernement s'est engagé et que conteste fortement la puissante UGTT, syndicat ancré dans le jeu politique. Depuis l'adoption d'une nouvelle Constitution, le divorce est donc consommé entre le président Saïed qui parie sur une durable popularité et une classe politique dont le désarroi n'a d'égal que l'immobilisme régressif. 

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