L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Lamento!

Ce qui devait arriver - les experts qui s'y attendaient n'ont cessé ces dernières années de tirer, en vain, la sonnette d'alarme - est aujourd'hui bien là: le baril à 20 dollars, cela sans crier gare, sans choc pétrolier annonciateur, pour atténuer la surprise. On estime même que le prix se stabilisera à moins de 20 dollars, si la situation ne se redresse pas. Au regard d'un marché inondé de naphte, un tel correctif est peu probable. Il est patent que cette donne a un impact avéré, voire douloureux, pour l'Algérie qui n'a pas su diversifier - quand les moyens étaient disponibles - son économie pour ne pas rester dépendante des hydrocarbures. En Algérie, outre que ce panier de devises a servi la rente, il nous a anesthésiés par le «douillet» portefeuille que nous procurait notre gaz et notre pétrole. Ainsi, nous nous sommes assoupis, crédules, oublieux que ces matières fossiles ne sont pas renouvelables. Qu'avons-nous fait pour prévenir cette calamité, pourtant, annoncée? Peu, très peu. Et ce ne sont pas les lamentations des responsables des finances nationales qui y changeront grand-chose. Quand on regarde en arrière à une époque, pas aussi lointaine, où le baril affichait 120 dollars, on mesure les dégâts de l'imprévoyance et du manque de prospective dont ont fait montre les dirigeants du pays. Nous n'avons pas mis à profit la manne pétrolière et gazière pour (re)construire notre économie. Bien au contraire, la petite industrie dont disposait le pays avait été démantelée le laissant sans perspective industrielle et dépendant de l'importation du produit fini. C'est cette vis manquante qui a conditionné le système industriel du pays. Comment, en effet, prétendre avoir des usines «clés en mains» lorsque leur environnement intrinsèque fait défaut? Quand nous sommes incapables de fabriquer cette vis, premier principe, sine qua non, de toute mise en place d'une industrie locale. Comment dès lors, espérer fabriquer l'élément industriel le plus simple, a fortiori une voiture? Faut-il se suffire d'assembler des composants (d'un téléviseur, d'un véhicule, d'une quelconque machine) en vrac sans être en mesure de les reproduire localement, d'acquérir cet indispensable know-how sans lequel l'industrialisation demeurera chimérique? Voilà ce que nous n'avons pas fait au moment où nos moyens financiers nous le permettaient. Car où sont les millions de PME-PMI dont le marché algérien avait cruellement besoin? Aussi, le constat à faire est que l'amélioration de notre situation financière, au début du troisième millénaire, n'a eu aucune retombée tangible sur le volet industriel qui reste atrophié et sans perspective mesurable. Bercé par la croyance que les rentrées régulières de devises n'ont pas de fin, l'Etat n'a pas assumé toute sa responsabilité, n'a pas fait ce qu'il devait faire pour réguler l'économie du pays, la diversifier, moduler ses revenus, donner sa chance à l'entrepreneuriat national. Constater aujourd'hui les préjudices faits à notre économie ne remédie d'aucune manière à ce qui n'a pas été réalisé en temps et lieu avérés utiles, voire opportuns. Or, on savait que l'Algérie était un petit producteur d'hydrocarbures et nos réserves limitées, qu'il fallait les mettre à profit pour construire les bases de notre industrie, de notre agriculture, de nos services. La facture alimentaire de l'Algérie en constant accroissement a vu son volume tripler au cours de la dernière décennie. Selon les chiffres disponibles, l'Algérie a importé en 2012 pour 8,98 milliards de dollars de biens alimentaires (ce qui représente 19% du volume global des importations pour l'année considérée, soit 46,80 milliards USD). Cela se traduit par le fait inconcevable que l'Algérie est totalement dépendante de l'importation. En vérité, l'Algérie n'a pas su passer de la révolution agraire - partage équitable des terres - à la révolution agricole, avec tout ce que cela sous-entendait comme modernisation de l'outil et du travail agricole afin de le mettre en phase avec une population en constante augmentation. A cela s'ajoute la déperdition de nos cadres évaluée par le think tank américain, Pew Research Center, à quelque 840.000 Algériens ayant émigré entre 1999 et 2013 à l'étranger. L'organisme de recherche américain s'appuie sur des données de l'Office de la migration internationale des Nations unies (OMI). Ces cadres qui manquent aujourd'hui à l'industrie, à l'agriculture et aux services auraient largement contribué à mettre en place ce tissu industriel dont l'Algérie en ressent cruellement l'absence. La zone industrielle de Bellara offerte aux Qataris aurait permis aux industriels locaux et aux expatriés de relancer sur des bases saines l'industrie dans notre pays tout en donnant leur chance à des dizaines de milliers de diplômés. Faut-il encore citer l'échec du projet Desertec qui devait permettre à l'Algérie d'exploiter son puissant potentiel énergétique solaire? Aussi, arrêtons un lamento superfétatoire alors que nous avons de nous-même contribué à ce gâchis.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours