La quarantaine
De plus en plus, la menace se profile à nos portes. La grippe aviaire qui a déjà tué en Asie, Turquie, Roumanie et en Hollande est bel et bien un danger potentiel pour notre pays. Le ministère de l´Agriculture a interdit toute importation intra-avicole ou de produits d´origine aviaire des pays affectés par l´épizootie.
Il a également pris des dispositions sévères en ce qui concerne le contrôle des voyageurs, notamment en provenance des zones à risque. Toutes ces initiatives ne sont pas de nature à lutter contre la propagation des rumeurs, génératrices de panique ou de troubles au sein de la population. Même si les ministères de la Santé et de l´Agriculture se veulent rassurants et affirment que «les investigations cliniques entreprises par les laboratoires n´ont révélé aucun indice qui permette de suspecter la présence du virus H5N1», la rue manifeste, de plus en plus, son inquiétude et réclame davantage d´informations sur la possibilité d´une pandémie.
Tandis que les autorités se réconfortent en déclarant que «l´Algérie ne figure pas sur l´itinéraire des oiseaux migrateurs potentiellement infectés du virus de la grippe aviaire», les chercheurs et les spécialistes en zoologie rappellent, et c´est tout à leur honneur, que «les zones humides de notre pays sont des points de halte et de ralliement» des vagues migratrices qui passent, d´ Europe en Afrique, par l´escale algérienne. Si sa transmission à l´homme est exceptionnelle, il faut savoir que le virus H5N1 est un virus mutant, d´autant plus difficile à déceler et à neutraliser. La prévention est donc une action cruciale contre la forme hautement pathogène de ce virus, capable de rester actif plus d´un mois dans les endroits où il s´installe (poulaillers, marchés, parcs animaliers).
De ce fait, on comprend aisément l´ire des vétérinaires fonctionnaires du ministère de la Santé qui dénoncent, à juste titre, le caractère ridicule des moyens de prévention et de transport mis à leur disposition par la tutelle. En les «dotant» de trois trousses par wilaya ainsi que de tenues de protection aux tailles incertaines, sachant que 79% de la corporation sont des femmes, on applique l´adage du beurre et l´argent du beurre. La preuve, les bottes fournies étaient d´une pointure identique (46-48), à croire que les vétérinaires sortent, toutes et tous, du même moule. Si le ridicule ne tue pas, le H5N1, lui, est mortel pour qui ne le prend pas au sérieux.
Comment ignorer, sérieusement, qu´une telle mission est à haut risque et qu´elle nécessite des moyens d´envergure pour protéger les commis de l´Etat de toute contamination? Tout en mettant les pays affectés, notamment la Turquie, en quarantaine, il importe de faire de la prévention un outil offensif et, pour cela, de mettre à disposition des fonctionnaires les moyens adéquats.
