L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Il faut les payer comme les Américains!

Que faire de l'intelligentsia algérienne? La question s'est posée et continue de se poser au regard du peu d'intérêt accordé à la science et à la recherche scientifique en Algérie. De fait, la recherche scientifique est tellement malmenée que des députés s'en sont émus, lundi dernier, à l'APN lors du débat sur le projet de loi sur la recherche scientifique et le développement technologique, regrettant que ce secteur soit aussi peu pris en charge. Il vaut mieux laisser le voile sur le budget que le gouvernement prévoit pour ce secteur - ôh combien - stratégique du pays. En parallèle, notons ce fait curieux qui voit un club dit «pro» réclamer un montant fabuleux de dinars à Sonatrach et fait payer, sur fonds de l'entreprise des salaires de 250 millions (de centimes par mois) ses footballeurs. Cela ne s'invente pas et pendant ce temps l'élite nationale prend le chemin de l'exil et fait le bonheur des centres de recherche et entreprises étrangères. Or, c'est dans ce contexte que l'on apprend qu'au début du mois d'octobre les premiers tests du premier drone supersonique algérien seront effectués à Tafraoui (Oran). En fait, c'est là une première africaine. Une heureuse surprise en vérité, d'autant plus que le secteur scientifique est laissé en friche en Algérie. Ce prototype est de conception à 100% algérienne. Notons qu'initialement, le projet devait se faire en coopération avec l'Afrique du Sud. Au final il est resté algérien. Faut-il préciser que ce projet a été rendu possible par la contribution de deux Algériens qui sont passés par l'Américain Boeing et l'Européen Airbus? La mise à contribution des compétences locales et émigrées a permis ce véritable exploit. Or, les deux maîtres d'oeuvre sont des ingénieurs formés dans les universités algériennes. Mais c'est à l'étranger que leurs aptitudes ont été reconnues. C'est là qu'il y a problème: des milliers d'universitaires algériens - une élite formée dans nos universités malgré les innombrables handicaps et manques dont celles-ci souffrent - sont contraints de partir à l'étranger pour faire valoir leur savoir et leur savoir-faire. Un savoir-faire que les autorités nationales ne prennent pas en compte se focalisant plutôt sur les compétences étrangères. La mise au point d'un drone pensé et réalisé par des Algériens met en exergue le gâchis, immense, induit par la sous-évaluation du secteur de la recherche scientifique et du développement technologique, comme de l'aptitude de nos diplômés à penser et à promouvoir une science «made in Algeria». En effet, pourquoi former au prix fort une élite scientifique pour ensuite la laisser en marge des réalisations du pays, pour en revanche faire appel aux compétences étrangères. Cela bien sûr, au détriment de l'Algérie et du développement de son secteur scientifique et technologique. Ainsi, cette intelligentsia, qui n'arrive pas à trouver sa place dans les structures du pays parvient sans problème à s'insérer dans les projets de croissance à l'étranger, En fait, ils sont plus de 4000 docteurs algériens établis aux Etats-Unis (chiffres datant de 2010 non actualisés) et travaillent aux States dans les domaines scientifique, technologique, médical et spatial. Enorme, lorsque l'on songe aux manques à gagner nets pour l'Algérie qui a investi de fortes sommes pour former à perte une élite qui renforce, c'est absurde, la recherche scientifique américaine, française et canadienne. C'est encore plus grave lorsque l'on sait que pour ses chantiers, ses universités, ses hôpitaux ou pour ses institutions, l'Algérie est contrainte d'engager, au prix fort, des «conseillers» et bureaux d'études étrangers, qui, souvent à l'usage, se révèlent de piètre qualité. L'Algérie est ainsi doublement pénalisée. Les déperditions de notre élite, qui auraient pu être évitées, perdurent depuis des décennies, prenant au fil des ans les allures d'une hémorragie fort dommageable pour le devenir même du pays. Pourtant, les dirigeants du pays semblent conscients de la problématique et de ses incidences négatives sur la qualité de la formation et surtout le comment retenir au pays notre élite universitaire. Ce qui fit dire au chef de l'Etat, ouvrant à Sétif l'année universitaire 2009/2010: «Si vous avez Einstein, vous ne pouvez pas le payer au même titre qu'un enseignant de l'université, c'est inconcevable. (...) Les cadres doivent être payés à leur juste valeur. Si un cadre vaut 1000 dollars aux Etats-Unis, il faut qu'on le paie 1000 dollars en Algérie et pas moins.» On sait donc en haut lieu où le bât blesse. En fait, ces propos résument le problème de fond quant à l'ignorance des compétences et leur marginalisation et, conséquemment, la fuite des milliers de cadres algériens qui font le bonheur des centres de recherche occidentaux. Et maintenant réfléchissons à cette étrange équation: un budget de la recherche scientifique indigent, une intelligentsia qui met ses compétences au service de l'étranger, alors que l'Etat consacre des milliards de dinars à un championnat «professionnel» bidon...

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours