L'Expression

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Cette denrée qu’on ne voit pas

La spéculation est un phénomène de société, quelque chose de répétitif, de récurrent, de gluant, qui resurgit à chaque occasion. Elle se nourrit du sang des citoyens. Un vrai vampire. Elle est l´Etat dans l´Etat. Quand les autorités décident d´importer de la viande fraîche, elle dit je suis là, et elle prélève sa dîme. Elle ne rate aucune affaire juteuse, qu´elle soit licite ou illicite, hallal ou haram. Ses adeptes n´ont qu´une seule religion, celle de l´argent facile et sale. Ce qui est péché pour les autres est permis pour eux. Et ils ont tissé leur toile, noué des contacts au plus haut niveau, se sont fait des complices dans toutes les administrations dont ils ont besoin pour se livrer à leur besogne. Une vraie pieuvre. Ou une hydre à sept têtes. Insatiable. On dirait qu´elle est organisée, qu´elle a un chef, un centre de décision, tant tout cela est coordonné. Réglé comme du papier à musique. Tant que le prix de la viande ne faisait que monter, la mafia était contente. C´est devenu un produit de luxe, aussi cher que les grammes de drogue qu´elle écoule sur le marché, pour empoisonner la jeunesse.
Il suffit que le gouvernement autorise l´importation de la viande pour qu´elle se mette à actionner ses réseaux, pour vider de sa substance une mesure qui était destinée à venir soulager les familles en ce mois de la rahma. Mais les spéculateurs eux n´ont pas de rahma.
Bien sûr qu´il y a heureusement la viande congelée, importée d´Australie ou de Nouvelle-Zélande. C´est grâce à elle que de nombreuses familles algériennes arrivent à donner un peu de protéines à leurs enfants, certes en quantités limitées, mais enfin, c´est mieux que rien. Et en cette première dizaine de Ramadan, elle donne au moins un goût à la chorba et la rend digeste. On constate en tout cas que près de vingt jours après la décision prise par le gouvernement d´importer de la viande fraîche des pays européens voisins, elle n´est toujours pas disponible, sauf dans certaines localités proches de Béjaïa, où il y a eu un premier arrivage. Une maigre quantité a été écoulée au marché Réda Houhou à Alger, très vite épuisée. Quant aux maquignons, il y a longtemps qu´ils ont choisi leur camp : celui des aigrefins.
Alors, cette viande qu´on ne voit pas sur les étals, on se contente d´en parler, pendant que les spéculateurs continuent de se remplir les poches et les coffres-forts. Que faire d´autre? Certes les Algériens sont habitués à serrer la ceinture. C´est ce qu´ils feront une fois de plus. En attendant des jours meilleurs.

De Quoi j'me Mêle

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