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«EL MEDREB» À EL HAMMA

Une mémoire résolument à sauvegarder!

Et qui sait, faisons ce rêve pieux qu'après El Hamma d'autres initiatives verront le jour dans d'autres friches abandonnées et des responsables locaux se mettront à penser sérieusement à les réhabiliter...

Faut-il détruire carrément ou réhabiliter les bâtiments abandonnés et friches industrielles qui végètent dans l'agglomération algéroise sans aucune prise de décision politique claire pour le bien-être du tissu urbain et de la population? C'est un peu, voire beaucoup de cela que les invités du «El Medreb» ont débattu mercredi dernier au hangar B où se tenait durant la semaine une série de projections de films documentaires notamment. Notons que cette table ronde s'est déroulée en l'absence des représentants de la commune de Belouizdad ce qui est fort regrettable.
Le premier à prendre la parole a été M.Abdelwahab Zekkar directeur de l'Ogebc (l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés) qui se dira prêt à encourager d'autres initiatives similaires dans le pays invitant ainsi les architectes et autres de la société civile à venir avec des projets qui s'intéresseraient à ce genre de friches comme les hangars abandonnés d'El Hamma. «On peut même sponsoriser nous-mêmes si cela entre dans le cadre de nos missions. On peut organiser des expos, de façon à ce que ces endroits ne restent pas fermés pendant les week-ends», dira-t-il. Aussi, a-t-on fait savoir, le mode de recherche sur lequel s'est basée l'équipe d'«El Medreb» a été des plus diversifiés afin d'établir une cartographie recensant tous les bâtiments abandonnés qui peuvent se transformer en lieux vivants de créativité. On rappellera que le choix porté sur les hangars d'El Hamma est dû avant tout à la richesse historique de cette zone mais aussi à la complexité de son tissu urbain composé d'endroits peu accessibles au public, mais qu'il fallait répertorier sur une carte dévoilée à l'assistance ce jour-là. Prolixe et déterminé, Mohamed Larbi Merhoum, architecte urbaniste, fera remarquer quant à lui qu'El Hamma c'est comme Hussein Dey ou El Harrach de demain.
«Les enjeux qui reposent sur ces régions sont d'ordre spéculatif car ce sont des potentialités financières énormes qui dépendent d'elles. Or, ces quartiers sont en danger car rien ne les protège. Ce sont les mêmes qu'à Alger. Ils relèvent tous de cette mémoire qu'il faut cultiver et défendre.
L'urbanisme d'Alger ne peut pas se faire sans la mémoire d'Alger. Alger a besoin d'un urbanisme algérien. Cette table ronde pourra peut-être inciter à cette prise de conscience quant à ce sujet épineux et des plus graves qu'on devrait tous s'arrêter.»
Un sujet fort sensible en effet auquel notre invité a su toucher quand on sait que la face d'Alger peut facilement être défigurée et une partie même se fait sans aucune norme valable de construction lorsqu'on voit des maisons à l'architecture bizarroïde qui naissent comme des champignons ici et là massacrant le paysage et le visage urbain de la ville. Aussi, plutôt pessimiste, un peu plus loin, M.Merhoum dira qu' El Hamma est voué à disparaître, lui avec ses gens. «On veut faire disparaître tout ces quartiers. Certains élus veulent les remplacer par des architectures importées de Dubaï et ils pensent vraiment qu'ils feraient du bien à cette ville...», tonne-t-il dépité. Abondant dans le même sens Mehdi Benaï, architecte urbaniste, enseignant à l'Epau d'Alger, dira pour sa part que sa présence à «El Medreb» est mue par son intérêt crucial et manifeste aux friches et à la mutation des quartiers urbains dont les friches abandonnées qui feront incontestablement l'Alger de demain. Faisant un comparatif avec l'Europe qui aujourd'hui utilise à bon escient des friches (abandonnées dans les années 1960-1980) suite à la décentralisation), il relèvera l'importance du «recyclage du territoire à travers ces bâtiments non occupés» et de se demander: «Que faire de nos friches? Les conserver? Et comment?» Et d'évoquer le rôle des mairies dont la perception limitée des friches reste figée alors qu'on devrait s'appliquer à poster son regard sur «le temps de l'après-friche et comment la transformer». Pour lui, intervenir sur une friche est comme une friandise à portée de main de l'architecte qui se traduirait par une réflexion sur l'architecture originelle du bâti et cela entraînerait forcément des propositions originales pour les faire revivre. M.Mehdi Benaï relèvera aussi l'importance de cette action et son impact financier et économique sur la ville.
La seconde partie de cette table ronde qui s'est éternisée toutefois, tant par le nombre des interventions et la passionnante thématique, a été marquée par le passage du fondateur de L'Atelier de l'observatoire de Casablanca, Mohamed Faridji, artiste plasticien qui a présenté son projet de l'Aquarium qu'il veut absolument acquérir en faisant des pieds et des mains afin qu'il puisse le restituer en la mémoire de la ville. «L'art est un pouvoir. Il faut toujours négocier son espace», dira-t-il, après avoir montré sur écran de quoi il retourne comme travail de sensibilisation sociétale et culturelle pour la ville, notamment à travers des archives et des manèges pour enfants qu'il a patiemment récupérés. Nacim Filali et Meriem Chekirou, tout membres de l'Association Sidra ont abordé enfin pour leur part l'action citoyenne qu'ils mènent auprès des jeunes dans la société et notamment à Belouizdad et leur combat pour que des lieux pareils (comme «El Medreb» et ailleurs) reviennent aux jeunes afin de les transformer en des espaces d'actions, voire même de rencontres et d'échanges artistiques quand ces derniers font cruellement défaut au niveau de la capitale. Nassim qui se présentera comme fils de Belouizdad déplorera l'absence du directeur de l'APC avouant avoir des difficultés pour trouver pareil lieu ne serait-ce que pour que son association puisse se réunir....Nos jeunes seront-ils entendus? L'avenir nous le dira...c'est en tout cas sur une note positive que s'est clôturé cet événement «El Medreb», jeudi dernier, par un cri d'espoir celui de ces sportifs du mouvement Parkour, pour que nos jeunes artistes et autres penseurs et porteurs de projets dynamiques puissent s'élever encore et encore et que ne cesse leur combat de prendre de l'ampleur et leur rêve de vivre! C'est tout le mal qu'on souhaite aux initiateurs d'«El Medreb», le collectif «Trans-Cultural Dialogues,» qui après Dj'Art, nous a proposé à nouveau, un acte politique hautement artistique et vice-versa. Rappelons que des jeunes, «anciens» du quartier et vieux ont tous salué cette belle initiative. Vivement sa pérennité!

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