L'Expression

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AVANT-PREMIÈRE NATIONALE DE M À EL MOUGGAR

Une histoire à dormir debout

Mêlant le genre d'épouvante au fantastique, ce long métrage, présenté samedi soir devant un public pas du tout convaincu, a péché par une faiblesse caractérisée du scénario...

Un public qui rit alors qu'il est censé sursauter, c'est qu'il y a anguille sous roche. Et pour cause! Samedi dernier, nous avons été conviés à assister au premier film d'horreur tourné par un réalisateur algérien, d'une équipe 100% algérienne, dans un décor 100% algérien. On ne pouvait rater cette occasion. Bien évidemment, nous sommes arrivés avec plein d'appréhension et de préjugés en tête. La première appréhension était en relation avec la langue parlée. Comment allions-nous percevoir le dialogue pour ce genre de film, premier du genre et qui a marqué les annales cinématographiques algériennes. Le souci de la langue est vite dissipé. Le bât qui blesse est ailleurs. Nous avons vite déchanté. Le synopsis? «Un groupe de jeunes amateurs est dans une grotte abandonnée pour tourner un film d'épouvante. Il ne se doute pas que cette même grotte abrite une force malveillante qui se manifeste dès la profanation d'une tombe retrouvée dans une petite bifurcation.»
Le groupe d'amateurs en question et c'est là où la réalisation tombe dans la facilité est ici pour tourner justement un film d'horreur, mais il se renferme vite en tombant dans son propre piège. En effet, le ton est vite donné dans la première séquence où cris, courses et lamentations dans la grotte vont enclencher le film. Mais voilà, beaucoup de longueurs et un fort dosage de cris dans une obscurité constante laissant peu de place à la lumière ont fait entrevoir certes, une ambiance oppressante, mais cette atmosphère va s'essouffler vite lorsque les quatre acteurs demeurent piégés dans ce même espace-temps, tournant en rond indéfiniment comme un rat dans une cage.
En somme, la première partie du film des plus ennuyeuses pousse vite le spectateur a couper court avec le fil du film. Certains quittent la salle. Il ne se passe rien. Le scénario se mord la queue. Les personnages passent leur temps à s'appeler, à se perdre, puis à se retrouver jusqu'à l'avènement de ces instants (assez courts) où chacun va basculer dans une grande maison avec arcades, puis dans un hammam éclairé à l'aide de bougies ou encore dans une chambre vide où une femme est en train de regarder une télé où défilent des images de la guerre de Libération nationale avec son lot de violences. Ces séquences sont annoncées par la voix de la femme fantôme portant une «mlaya» qui, d'outre-tombe, appelle les personnages du film à couvrir son fils...
Hélas, on ne comprend rien à cette histoire. Intitulé M comme la première lettre du mot «Mlaya» de cette femme et l'idée de la mort, le pseudo de l'intrigue si supposée qu'elle existe n'est dévoilé qu'à la fin lorsque le générique tombe et nous apprenons que l'histoire est tirée d'un fait divers ayant eu lieu durant la guerre de Libération nationale.
En effet, une femme ayant été pourchassée par les colonisateurs a voulu se sauver en emportant le corps de son fils. Elle traversera de nombreuses maisons jusqu'à arriver dans l'une d'elles où une trappe dans la salle de bains donne sur une grotte.
C'est ici que la femme a été enterrée. En découvrant sa tombe, notre équipe de cinéma va réveiller son esprit démoniaque qui reviendra se venger parmi les vivants...
Dit comme ça, oui, ça paraît tellement grandiose. Hélas, le film qui connaît quelques rares moments de suspense s'épuise fatalement à trop vouloir faire dans l'émotif, via des personnages qui gigotent et poussent le mélodrame jusqu' au-boutisme à telle enseigne que l'aspect psychologique se noie dans un flot de comportements phagocytés et inexpliqués ainsi que de scènes maladroites dont le film aurait pu s'en passer.
Un film qui aurait dû surtout gagner en raccourcissant ses plans narratifs. En gros, ce film d'environ une heure aurait pu facilement être monté en un court métrage, tant la faiblesse du scénario s'en ressent. Reste un côté positif, le long métrage donne envie tout de même de visiter ces grottes dont regorge notre belle nature ainsi que les paysages sauvages de Constantine. Faisant 70 min, mais paraissant le double, ce film produit par Constantin Production Audiovisuelle, a été réalisé par Zeghad Omar en adaptation du scénario de Chawki Zaïd. Le casting est composé de Mohamed Daloum, Sami El Amrani, Hadjer Serraou, Noussaiba Attab, Rayene Dip et Oussama Mhani.
«En Algérie, le genre de l'horreur dans le cinéma est quasi absent. Nous avons essayé de réaliser un film qui développe une histoire, explore une méthode de narration, et instaure une atmosphère tous droit inspirée d'une culture et d'un folklore algériens d'une part et d'autre part contribue à promouvoir le cinéma de genre dans un pays soumis à la dictature du cinéma sociologique et historique», explique le réalisateur.

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