L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

La lune à Targa N'Zemmour, roman de Belaïd Abane

Une fresque sur la révolution

Le roman se déroule durant les années de la guerre d'indépendance, à partir de 1954, mais l'auteur remonte à bien avant cette année historique car il s'agit de raconter le destin d'une famille sur trois générations tout en narrant celui d'un peuple en lutte pour sa libération du joug colonial.

Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Le roman que vient de publier l'historien Belaïd Abane est le genre de livres qu'on lit avec délectation malgré l'aspect douloureux, voire dramatique de la majorité des faits qui y sont narrés. «La lune à Targa N'Zemmour» plonge le lecteur dans les années de la guerre d'Indépendance nationale. Mais pas seulement. Car Belaïd Abane, d'une main de maître effectue des allers-retours en donnant la parole à ses personnages. Ces derniers racontent, dans des dialogues parfaitement maîtrisés et harmonieux, leurs tranches de vie extrêmement difficiles ainsi que des épisodes de guerre qui donnent froid dans le dos. Il faut dire ici que Belaïd Abane réussit à décrire toutes les scènes comprises dans son roman avec une précision phénoménale. On dirait qu'il a été un témoin oculaire de toutes les images que comporte son roman palpitant. C'est la raison pour laquelle le lecteur vit dans sa chair chaque instant intense décrit par l'écrivain. Ce premier roman est en outre une véritable fresque qui couvre plusieurs époques, avant et pendant la guerre d'indépendance.

Le lecteur se délecte de bout en bout
L'auteur amorce son récit par le destin de l'arrière-grand parent de ceux qui deviendront, au fil des pages, les personnages principaux de son roman. Les membres de la famille Azro-Bano. Belaïd Abane ne pouvait pas échapper à sa vocation d'historien en écrivant ce roman. Il y est question de beaucoup d'histoire. Mais le génie de Belaïd Abane, dans ce roman, réside dans le fait qu'il a réussi à maintenir un équilibre constant entre les deux facettes de son récit pour ne s'éloigner en aucun cas du genre romanesque qu'il a décidé de conférer à son texte. Il s'agit donc d'un roman. historique peut-être. Mais un roman tout de même. Un très beau roman écrit avec une langue française dont lecteur se délecte de bout en bout. Belaïd Abane trouve, en effet, à chaque contexte, les mots et les expressions exactes pour dire et décrire les différentes situations. Qu'il s'agisse de celles inhérentes aux informations liées aux scènes de guerre qu'à celles ayant trait à la vie très rude dans les villages à l'époque coloniale, Belaïd Abane en fait des descriptions précises et adéquates tenant ainsi en haleine le lecteur. Même les dialogues sont si bien tissés. Point de redondance. L'auteur se met à chaque fois et avec brio dans la peau du personnage qui prend la parole. Bien qu'appartenant à la même famille ou au même milieu, les personnages en question ont souvent de grandes différences dans la perception des choses, voire même dans les idées. Mais le point commun reste le mode de vie extrêmement difficile, la guerre et ses affres ainsi que l'incertitude face à l'avenir. Le roman se déroule durant les années de la guerre d'indépendance, à partir de 1954. Mais l'auteur remonte à bien avant cette année historique car il s'agit de raconter le destin d'une famille sur trois générations tout en narrant celui d'un peuple en lutte pour sa libération du joug colonial. Toutefois, dans ce récit, l'essentiel se joue après le déclenchement de la Guerre de Libération nationale. S'installe alors un climat de suspicion et de peur, d'espoir aussi. Car, malgré une situation peu reluisante, la majorité croit en la possibilité de se libérer un jour, de recouvrer son indépendance.

Raconter la guerre de l'intérieur
À commencer par Assalas, le fils d'Azidan, qui s'engage dans le combat libérateur parmi les premiers. Au début du roman,, l'auteur laisse croire, ou du moins s'agit-il de l'impression du lecteur, qu'Assalas est le véritable personnage principal, mais dès que ce dernier rejoint le maquis, il n'y a plus de nouvelles de lui sur plus de cent pages. Combat-il toujours en compagnie de ses frères ou bien est-il tombé au champ d'honneur? Personne ne le sait, ni le père, ni le frère Lehsen ou un quelconque autre personnage du roman. Le lecteur avance dans la lecture guettant la moindre nouvelle d'Assalas, mais en vain. Du moins jusqu'à la moitié du roman. En fait, l'auteur a choisi de raconter la guerre de l'intérieur de la famille d'Assalas. Quand le frère d'Aziden rentre au bercail, il ramène un poste radio d'où fusent les informations les plus alarmantes. Et, à chaque fois que la radio annonce que des «rebelles» sont tués, les membres de la famille pensent systématiquement à leur cher Assalas. Mais l'espoir de revoir ce dernier vivant demeure vivace chez tous. Le père conjure son deuxième fils Lahsen de quitter le village et d'aller très loin pour éviter le danger car, être frère d'un maquisard comporte de grands risques. Mais Lehsen refuse d'obtempérer. Il reste au village à ses risques et périls. Les membres de la famille continuent d'obtenir des informations vagues sur les combats à travers la radio ramenée par Lyazid, oncle paternel du maquisard Assalas. Malgré le danger et l'incertitude, les personnages du roman restent courageux face aux lendemains inconnus. Le roman de Belaïd Abane est très prégnant. Son écriture est puissante. La langue employée par l'auteur est des plus élégantes. Il s'agit d'un roman qu'on ne lâche pas. Mais il ne faut pas se presser de le terminer. Car c'est un très bon compagnon. On ne peut le refermer sans regrets. À moins de décider de le relire... Immédiatement.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours