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SERGE MICHEL, UN LIBERTAIRE DANS LA DÉCOLONISATION DE MARIE-JOELLE RUPP

Un voyageur atypique

Avec une écriture romanesque lumineuse, parcimonieuse et évocatrice, l'auteure dresse délicatement le parcours de son père.

De grands parcours, de grands chemins et de grands noms oubliés de l'Histoire, nombre d'intellectuels amis de l'Algérie qui ont lutté auprès d'elle, le plus discrètement du monde, parmi eux, «ce fantôme du siècle» Serge Michel, né Lucien Douchet, fantôme de son propre patronyme, synthèse du révolutionnaire Victor Serge, anarchiste avant de s'engager aux côtés des bolcheviks, et de Louise Michel, la vierge rouge, la «communeuse» de Paris, haute figure du drapeau noir de l'anarchisme aussi. Serge Michel est assurément anarchiste libertaire, internationaliste, anticolonialiste, journaliste et scénariste, militant, Gaouri Moujahid et père raconté par Marie-Joelle Rupp dans son ouvrage Serge Michel, un libertaire dans la décolonisation paru aux éditions Apic.
Marie-Joëlle Rupp, écrivain, journaliste indépendante, retrace la vie de Serge Michel, à travers ses rôles et les événements majeurs qui l'ont touché, la destinée d'un esprit d'aucun système. «Un homme d'un esprit impossible à contrôler» dira de lui Marie-Joelle Rupp. Avec une écriture romanesque lumineuse, parcimonieuse, évocatrice, l'auteure Marie-Joelle Rupp dresse délicatement le parcours de son père, qu'elle a connu tardivement, quatre mois avant sa mort, et trop tôt pour le connaître, car elle avait un an lorsque son père, Serge Michel, l'avait quittée pour l'Algérie.
Avec une certaine distance, interrogée, soutenue par une forte documentation et de prise de notes, photographies et travaux de caricatures, l'auteure tend un «geste citoyen» derrière lequel elle évoque, dans son ouvrage, plusieurs aventures, diverses vies et diverses voies non exhaustives sur le même homme, recueillies en 14 chapitres, qui s'entament par un premier claquement «avoir 20 ans dans la guerre» sous l'émerveillement de Serge Michel, arrivé à Alger sous le vertige d un instant féerique dans le chapitre «qui m'aime m'appelle Serge», en passant par des portraits, de «l'aristocrate et le révolutionnaire», la prudence intellectuelle chez le militant dans «une révolution trahie»tout au long des portraits et des diverses activités militantes qu'il a menées, de ses nombreux compagnons de lutte, tels que le petit groupe de Kateb Yacine, Galliero, Sénac, ceux qu'il appelait «le pied gauche de la Casbah»ainsi que l'ami et la plume de Ferhat Abbas, Frantz Fanon, les frères Boumendjel, Visconti et Rossellini, Amilcar Cabral, Che Guevara, Sassou N'guesso ainsi que tant d'autres, qui représentent toute une ébullition intellectuelle à part entière, mais qui partageait surtout une lutte commune pour la libération des peuples de l'Afrique colonisée. Marie-Joelle Rupp évoque également la rédaction du récit autobiographique de Serge Michel Nour le voilé (Seuil, 1982).
Son exil et le danger intégriste qui le menaçait pendant ses dernières années, où il a connu le désoeuvrement, la solitude et la maladie, des années de pauvreté entre la France et l'Algérie, où une pension de moudjahid lui a été permise. Jusqu'a sa mort en 1997, enterré au cimetière d' El Alia, Alger, laissant derrière lui tout un élan et tout un détachement de la vie matérielle.
Marie-Joelle Rupp livre «l'histoire d'un homme qui avait la mémoire du coeur», l'homme et ses malheurs, son enthousiasme constant, l'humour et la sympathie du personnage, à travers des histoires qui se défilent avec une légèreté étonnante, pourtant si chargée d'émotions et d'informations, jusqu'au dernier chapitre «une histoire sans fin» et des interrogations, ponctuées par des instants vivaces, un besoin de retrouvaille et de partage. «Dans les rues de Paris, j'ai rencontré les exilés qui transportaient leurs pays. Ils avaient dans les yeux la même nostalgie que celle de mon père, la même révolte aussi. Citoyens d'une nation qui avait bradé les siens» écrit Marie-Joelle Rupp. Un vrai travail de reconstitution de l'histoire, un gage de mémoire, mêlé au respect et à l'admiration, tant le parcours de Serge Michel est exceptionnel, tant ses choix et ses chemins l'étaient aussi. Un libertaire dans la décolonisation est une oeuvre généreuse, qui relate un itinéraire inédit, sur cet homme qui voulait«en finir avec ce monde qui est en train de crever». Un ouvrage qui se verra bercé par un espoir d'un perpétuel effort d'opposition, avec une même énergie, contre de nouvelles oppressions d'une autre époque.
Serge Michel est impliqué dans la construction du pays et engagé pour la libération du pays auprès du FLN. Il est un membre de la commission cinéma du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), la plume de Ferhat Abbas à Tunis, l'attaché de presse de Patrice Lumumba au Congo. Le caricaturiste et le secrétaire de rédaction à la République algérienne, l'organe de presse de l'UDMA.
Le responsable à la rédaction du nouveau quotidien Alger ce soir et dans le rouage du quotidien El Châab, le scénariste pour l'Office national pour l'Industrie et le commerce cinématographique (Oncic), le scénariste dans le cinéma militant pendant la guerre de Libération. Il participera à faire rencontrer Pontecorvo et Yacef Saadi pour la réalisation de La Bataille d'Alger, mentionnera Marie-Joelle Rupp, sans oublier sa fonction de conseiller de Visconti sur le tournage de L'Etranger, l'adaptation de l'oeuvre d'Albert camus et son rôle déterminant dans la collaboration entre l'Italie et l'Algérie pour la formation des jeunes cinéastes algériens.

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