L'Expression

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62E FESTIVAL DE CANNES

Un bon cru, malgré un palmarès...

Finalement, la Palme est allée au film le plus laborieux.

En principe, un palmarès c´est comme une décision de tribunal, il ne peut être formellement contesté. Sauf que la justice, elle, a mis en place des mécanismes de recours, des procédures d´appel...Et pour le film donc? Hormis la sanction du public, il n´y a rien d´autre de possible...
Alors attendons la sortie du film de Michael Haneke, Le Ruban Blanc, pour voir si la présidente du jury, Isabelle Huppert, a eu raison de forcer (dit-on ici) la main du jury, au point de remettre, elle-même (ce qui est contraire aux usages en cours à Cannes) la Palme d´Or à l´heureux récipiendaire autrichien, Haneke.
Il paraît qu´Isabelle Huppert aurait menacé de démissionner en apprenant qu´Isabelle Adjani avait été pressentie pour remettre la Palme d´Or! Mais cette rumeur n´a pas pour autant «détourné» Adjani qui est venue remettre au cinéaste aborigène Warwick Thornton, la Caméra d´Or, prix destiné à couronner une première oeuvre (jury présidé par Roshdy Zem) pour son film, australien, Samson et Delilah.
Il faut dire aussi que ce buzz autour d´un Michael Haneke «palmable», était presque officiel, plus de deux heures avant la cérémonie de clôture!
De mémoire de festivalier, trente années quand même (!) de rendez-vous cannois, c´était la première fois qu´une info de ce genre n´avait plus du tout l´aspect d´une rumeur (même insistante).
Qui avait donc envie de verrouiller de cette manière les choses, afin de les rendre irréversibles?
Comme disait Maurice Blanchot, «dans la question il y a déjà le poison de la réponse».
On raconte qu´une bonne partie du jury ne voulait pas trop qu´on lui force la main, refusant ainsi d´abonder dans le sens de la radicalité dans laquelle Mademoiselle Huppert aurait voulu, selon (toujours) la rumeur, entraîner son (beau) monde.
Le Philippin, Brillante Mendoza (Prix de la mise en scène, pour Kinatay) aurait alors partagé une bonne partie du pactole avec Haneke, ce dernier a permis à Isabelle Huppert d´avoir, pour la deuxième fois, le Prix d´Interprétation féminine, pour La Pianiste (2000), après l´avoir eu avec Violette Nozières (1978) de Claude Chabrol. Dans un récent envoi cannois, nous avions misé sur le «dilemme cornélien» (sic), outre le pléonasme commis, mais au final, nous avions fait preuve d´une grande naïveté en la matière. A l´inverse de Michael Haneke qui, lui, était plutôt dans le vrai lorsqu´il remercia nommément Huppert, en recevant la Palme qui serait allée, sinon, à Audiard pour Un Prophète.
C´est facile certes, mais la tentation est grande de rappeler, pour la circonstance, que...«nul n´est prophète en son pays!».

Palmarès du 62e Festival de Cannes

Palme d´Or: Le Ruban blanc de Michael Haneke (Autriche)
Grand prix: Un Prophète de Jacques Audiard (France)
Prix exceptionnel du jury à Alain Resnais (France)
Prix d´interprétation masculine: Christoph Waltz (Auutriche) pour Inglourious basterds de Quentin Tarantino
Prix d´interprétation féminine: Charlotte Gainsbourg (France) pour AntiChrist, de Lars Von Trier
Prix de la mise en scène: Brillante Mendoza pour Kinatay (Philippines)
Prix du scénario: Nuits d´ivresse printanière de Lou Ye (Chinois)
Prix du jury: ex aequo: Fish Tank d´Andrea Arnold
- Thirst, ceci est mon sang...de Park Chan-wook
Caméra d´Or: Samson et Delilah de Warwick Thornton (Australie)


Jacques Audiard, qui a eu l´élégance de rappeler la présence de son jeune premier, Tahar Rahim, l´acteur d´origine algérienne qui n´a pu figurer dans la shortlist du jury du 62e Festival de Cannes.
Sans doute parce que Quentin Tarantino ne pouvait s´en retourner bredouille aux USA, et le lot de consolation a donc récompensé Christoph Waltz, l´acteur autrichien d´un film choral, Inglorious Basters, (du culot quand même, quand on y pense!).
Finalement, la Palme est allée au film le plus laborieux, d´un cinéaste dont il faut certes saluer l´acuité des thèmes abordés (l´initiation au fascisme), sans pour autant taire la lourdeur de son découpage qui a «flingué» plus d´un festivalier. Deux heures quarante, pour une histoire que (presque) tout le monde a entièrement cernée, dès la première demi-heure! Dès le baisser de rideau, et comme après une tempête, l´on procéda à l´appel pour constater que les absents étaient nombreux.
Et non des moindres! Une majorité de participants aura relevé l´omission des films de Marco Bellochio Vincere, de Elia Suleiman Le Temps qui reste, etc. Certes, Charlotte Gainsbourg n´aura pas volé son Prix, ne serait-ce que pour avoir subi Lars Van Trier qui, avec AntiChrist a sérieusement hypothéqué ses chances d´être dorénavant crédible tant son propos était si manipulateur et misogyne. Pour avoir apprécié ses précédents films, Breaking the waves notamment et surtout Dogville, l´objet de nombreuses lectures critiques croisées avec Farouk Beloufa, redoutable dans ce genre d´exercice, au regard de tout cela donc, il est permis de penser que le cinéaste danois fera mieux, une fois définitivement sorti de la dépression qui l´a frappé sévèrement trois années durant.
Que dire aussi de ce fameux «Prix Spécial pour l´ensemble de son oeuvre» délivré au maître, Alain Resnais, si ce n´est qu´il suggérait plus l´odeur du sapin que celle des pins d´Alep qui décorent les villas des hauteurs de Cannes?
Fair-play, l´auteur légendaire de Nuit et Brouillard (1955) et de Hiroshima mon amour (1959), a feint de ne rien voir de «préfabriqué», dans cette récompense, alors que le cinéaste en smoking-baskets (des «Converse», pour être plus précis) était venu, à 87 ans, proposer au 62e Festival de Cannes son dernier film Les Herbes folles!...
Resnais qui réalisa Muriel (1963), un des premiers films français qui ait fait une allusion directe à la guerre d´Algérie.
Le premier fut Jean-Luc Godard avec Le Petit Soldat, réalisé en 1960 et bloqué par la censure jusqu´en 1963!
Mais en dépit de ce dérushage (presque) raté par le jury, la sélection de cette année a été d´une bonne tenue, dans l´ensemble. Même dans les sections parallèles.
En tout cas, elle aura permis à Nassim Amaouche de signer de belle manière son passage à Cannes, à la Semaine de la Critique, en décrochant le Grand Prix de cette section et le «Rail d´Or», un trophée décerné par une association de cheminots cinéphiles.
Ce film français Adieu Gary indique s´il en est, la présence, de plus en plus patente, d´une génération de cinéastes d´origine émigrée, qui revendique les mêmes centres d´intérêt que leurs collègues «gaulois».
Elle est en train de se faire une bonne place dans le cinéma européen...
En Italie, Allemagne, France, Scandinavie etc.
«Ta mère est née en Algérie, mais après trente-cinq ans de vie ici, elle a demandé à être enterrée en France», glisse Francis (Jean-Pierre Bacri) à un de ses fils qui veut aller travailler au Maroc. Ce bout de dialogue extrait du film de Amaouche Adieu Gary, illustre bien le désir de son auteur de signifier que pour sa génération, c´est là où elle vit depuis bien longtemps qu´elle doit se sentir chez elle...
Bien sûr, il restera toujours, une sensibilité difficile à taire; Djamel Bensalah ou Rachid Bouchareb (London River surtout) soulignent bien cela.
Mais l´essentiel n´est pas, a priori, du côté du pays des origines. Cela dit, rien n´empêche l´Algérie, comme le font d´autres Etats, de garder vivant le lien avec ce qui pourrait constituer un véritable lobby, pour peu qu´on en saisisse les enjeux.

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