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Tesnota de K. Balagov ou la chronique d'une Palme ratée

Au fur et à mesure que les stands du Marché du film se vident à une vitesse grand V, une frénésie croissante s'empare des festivaliers...

Les paris, pourtant, sont loin d'être si cotés... Il fut un temps où dès les premiers jours, la vox populi prenait en charge un film dont le buzz commence à enfler sérieusement... Depuis un peu plus d'une décennie, peu de gens se hasardent encore dans la course aux favoris... Et cette année ne déroge pas à la règle... Certes, il y a eu quelques moments de grande émotion, dus à la présence d'outsiders qui, d'ordinaire n'auraient pas eu droit au mythique tapis rouge, déployé, depuis un peu plus de 30 ans, pour les stars qui accompagnent des films et non, l'inverse, ce qui d'emblée dénote d'une incongruité comportementale qui a été validée, à des degrés divers, par tous les festivaliers... Il en fut ainsi pour un film qui a bouleversé tous ceux qui ont fait le déplacement pour voir un film, parce qu'ils ont pu décrocher le fameux sésame, ce carton d'invitation, objet tant convoité pour tous ceux qui veulent monter les marches le soir... Comme ce fut le cas, de notre véritable coup de coeur «120 battements par minute» du Français Robien Campillo, dont nous n'avons pas omis de saluer la présence à Cannes, dans ces mêmes colonnes. «Chose rare et inestimable selon le magazine américain spécialisé, Variety. Dans une sélection officielle «molle» pour reprendre l'expression de l'Espagnol «Fotogramas»... Cette mollesse, fut en tout cas déplorée par tous ceux qui ont examiné de près la sélection française. Certes, le dernier François Ozon L'Amant double (adaptation de J.C. Oates) se laisse voir à cause sans doute de ses relents hitchcockiens appuyés et la performance de son acteur principal Jérémie Renier, découvert et adoubé par ses compatriotes belges, les Frères Dardenne...
Mais le reste est à l'avenant. Et c'est là que l'on se hasarderait à dire que le meilleur film de la Sélection officielle, était dans la section Un Certain Regard, un ovni qui avait toute sa place dans la course à la Palme d'or, un premier film d'un jeune Russe de 25 ans, Kantemir Balagov qui fait penser et de façon très frappante à l'Américain James Gray, celui du cultissime Little Odessa découvert aussi à Cannes en 1994. Dans Tesnota (Une vie étroite), le jeune cinéaste russe, raconte l'histoire (réellement passée en 1998) de Ilana, jeune fille d'origine juive qui, profitant d'un repas de fiançailles, va décider de fuguer pour rejoindre son amoureux Nazim issu d'une vieille peuplade caucasienne, convertie à l'islam... Nazim au magnétisme certain est aussi épris d'Ilana qu'attiré par le discours extrémiste qui tente de gangrener l'islam paisible des adeptes du sultan Galiev, pour se rapprocher de la propagande mortifère des envoûtés de Daesh...
Le drame est on ne peut plus shakespearien. Entre la famille de la jeune fille, décidée à «récupérer» leur progéniture pour la ramener dans le giron du clan familial... Un drame on ne peut plus shakespearien qui convoque aussi les protagonistes de la guerre menée jusqu'à les Horaces et les Curiaces et rapportée par Tite Live. Sans l'aide du maître russe Soukorov, le jeune Balagov n'aurait pas fait ce film et nous n'aurions pu assister, à Cannes, cette année aux premiers pas d'un futur grand du cinéma mondial. Gageons que Hollywood ne tardera pas à lui faire les yeux doux pour l'attirer dans son camp...
En Compétition officielle, Testona à défaut d'une Palme d'or aurait gravité dans sa toute proximité, pour figurer en bonne place dans le palmarès final. En attendant et à l'heure de mettre sous presse, Un Certain Regard n'a pas encore rendu publique la liste de ses gagnants. Nous ne pouvons donc dire si la présidente du jury de cette section aura été sensible à l'ode russe de Balagov, souhaitons quand même que le jury aura repris, avec tous ses esprits retrouvés, la projection du film algérien de Karim Moussaoui En attendant les hirondelles, aurait été interrompue, 72 heures auparavant, par les bodyguards de la star américaine, Thurman, qui l'ont littéralement arrachée à son siège, ayant eu soupçon de la présence d'un objet métallique à proximité. Ce qui entraîna de fait l'évacuation du reste du jury, à 20 minutes de la fin du film algérien...
Il n'y a pas que des strass à Cannes, apparemment, mais, parfois, du stress...

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