L'Expression

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26ES JOURNÉES CINÉMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE

Sous le signe de la terreur...

«Le Festival continue et les projections sont maintenues!» a fait savoir le directeur Brahim Letaïef, mardi, en dépit du couvre-feu instauré le soir-même...

On dit souvent que la fiction dépasse la réalité. Hélas, ce qui se passe aujourd'hui dans le monde confirme cet adage. Nous l'avons effectivement vécu mardi soir, suite à la bombe qui a éclaté à Tunis, provoquant une dizaine de morts parmi les éléments de la Garde présidentielle.
On ne pouvait commencer cet article sans rendre hommage à ces hommes, avec un profond sentiment de honte et de culpabilité, nous les survivants venus couvrir pour notre part le plus grand événement cinématographique de Carthage. Lorsque la bombe a éclaté, l'information s'est propagée comme une traîné de poudre, le public de la salle Le Colisée a choisi de rester et voir le film qui devait avoir lieu. Debout malgré tout, avec une forte détermination et un esprit de résistance, le public qui assistait à la première en compétition officielle du long métrage tunisien Les frontières du ciel de Farès Nâanâa et en présence de l'équipe du film, s'est mis comme un seul homme à interpréter l'hymne national de la Tunisie pour défier le terrorisme et condamner l'attentat horrible qui s'est produit à l'avenue Mohammed V. Immédiatement après, le directeur des JCC, Brahim Letaïef a tenu à faire savoir que le festival continue cependant avec un changement d'horaires pour les projections en raison du couvre-feu instauré le soir-même. Avec Lotfi Abdelli et Anissa Douad dans le rôle du père et de la mère, Les frontières du ciel évoque l'histoire d'un couple qui vient de perdre sa petite fille.
S'ensuivront les bagarres et les lamentations en raison des difficultés à faire le deuil, que chacun vivra d'ailleurs différemment jusqu'à vouloir ne plus se supporter... Ce film raconte comme l'explique le synopsis en effet, la descente aux enfers d'un couple ordinaire sur lequel pèse le poids de la société, de la culpabilité et de la mort. Sami et Sara, tous deux tunisiens, sont mariés depuis 10 ans. Elle est enseignante, lui est architecte. Ils menaient une vie paisible et semblaient heureux, avant qu'un drame funeste ne s'abatte sur eux. Et comme un drame ne suffisait pas, la mère de Samy vient lui avouer qu'il est le fils d'un rapport conçu un soir avec un homme déjà marié et ayant trois gosses. Même si ce dernier le reconnaîtra, il n'entretiendra aucun contact avec lui jusqu'au jour où sur son lit de mort il demande à le voir avant de partir.
Film conçu à l'américaine, avec un scénario à l'emporte-pièce et des idées déjà vues et revues, il n'en demeure pas moins que la scène de l'enterrement se démarque du reste et ramène le film vers l'essentiel. Ce qui poussera d'ailleurs Samy à prendre une importante décision à la fin pour sauver son couple. Même si les images bien léchées et belles sont incontestablement là, servies, qui, plus est par un jeu d'acteur rempli à la perfection par Lotfi Abdeli, reste que la cohésion du scénario est bourrée de clichés mille fois rabâchés dans les téléfilms et autres films du dimanche. On en sort certes affecté par l'idée de la disparation d'un proche mais pas tant que ça par l'histoire de ce couple B.c.b.g marqué de tics et de clichés. Autre film en compétition officielle projeté mardi dernier est Out of tne ordinary. Un film égyptien de Daoud Abdel Sayed. Avec comme acteur principal Khaled Abol Naga dans le rôle d'un chercheur de personnes avec des pouvoirs surnaturels, l'histoire raconte sa rencontre avec une mère et sa fille qui possèdent en effet un don exceptionnel et finit par combiner le tout à la sauce argotique, croyance mystique et critique, le tout flanqué d'un surplus de parlote en voix off. Beaucoup de paroles qui viennent en amont réfléchir à notre place. Même si le concept est intéressant, le film connaît souvent des lenteurs qui alourdissent son rythme, même si la morale du film, à la fin, pourrait être que chacun de nous est un être exceptionnel et ce n'est pas la peine de trop chercher ce qui est évident. Même si les choses ne sont jamais vraiment simples.
Cependant, si les acteurs sont bons, le scénario lui est ankylosé, lassant sans trop vous prendre au coup. Il est bon toutefois de signaler que le Out of the ordinary a été projeté dans la journée à la prison de Mahdia, dans le cadre de la 26e édition des JCC. Cette initiative commune entre la direction générale des prisons, le ministère de la Culture et les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), a permis à 126 détenus de la prison de Mahdia de regarder le film, en présence de l'acteur principal Khaled Abol Naga, avec lequel les détenus ont pu échanger à la fin de la projection.
Certains ont avoué n'avoir jamais vu de film sur grand écran et ne s'être jamais intéressés au cinéma, mais ils ont beaucoup aimé le film. «C'est le meilleur public que j'ai rencontré», a estimé l'acteur Khaled Abol Naga, qui était ravi de cette initiative et ému de voir la réaction des détenus. Rappelons que suite à cet attentat meurtrier, les cinéastes présents à l'hôtel Africa ont décidé de signer une charte pour poursuivre le festival, ne pas baisser les bras et tenir le coup face à la peur et l'obscurantisme.
Les acteurs égyptiens présents au JCC ont eux aussi, dans une vidéo postée le soir-même sur les réseaux sociaux tenu à transmettre leur solidarité au peuple et aux artistes tunisiens affirmant que leur «arme est l'art et la culture. Il ne faut pas céder à la peur. Nous sommes là dehors et on brave le couvre-feu. Il ne faut pas baisser les bras mais résister», ont-ils estimé.

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