L'Expression

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NADJJA SAÏD MAKHLOUF, PHOTOGRAPHE ET RÉALISATRICE

Mémoire de femmes en images

Depuis deux ans, elle réalise un projet en trois volets sur la condition des femmes en Algérie, chacun composé d'une exposition photographique et d'un film documentaire.

Elle a étudié l'image à l'Université d'Aix-Marseille, mais vient souvent en Algérie apporter son savoir-faire. Le premier volet du triptyque de son travail actuel est intitulé Femmes fatales. Ce dernier dresse les portraits photographiques de ces femmes kabyles dans l'Algérie d'aujourd'hui. le film qui l'accompagne, appelé Allah Ghaleb (On n'y peut rien) rend compte pour sa part, en toute intimité du quotidien de ces femmes kabyles. Le film a reçu le Prix du public lors du Festival Regard sur le cinéma du monde, à Rouen, en 2012. Le deuxième volet du travail de Nadjja est baptisé De l'invisible au Visible: Moudjahidate. Il porte cette fois-ci, sur les femmes combattantes de la guerre d'indépendance en Algérie, d'hier à aujourd'hui autour de la problématique de la place de ces femmes combattantes et ce qui reste de leurs combats passés maintenant. Ce travail est présenté actuellement à l'iReMMO (Institut de recherche et d'étude méditerranée Moyen-Orient). L'artiste, tout en répertoriant toutes ces moujahidate à la suite d'un travail de recherche assez rigoureux, a tenté de dresser les types de métier dans lesquels ces femmes ont pu exercer. L'artiste désire présenter l'histoire de ces femmes, témoins méconnues d'un épisode marquant de l'histoire de l'Algérie. Aussi, avec l'avènement du Cinquantenaire de l'Indépendance, Nadjja «voulait retrouver et rencontrer toutes ces femmes qui avaient participé de près ou de loin à cette guerre: qu'elles se soient battues au maquis (comme soldats ou comme infirmières), à la Casbah (comme poseuses de bombe), comme artistes (des troupes d'artistes faisaient des spectacles en France, en Algérie et dans le monde entier pour sensibiliser la cause algérienne), ou bien en clandestinité dans la métropole. Je voulais faire le portrait de toutes ces femmes militantes. Connues, re-connues ou simple anonyme» avoue-t-elle et d'expliquer sa démarche: «Rapidement, je me suis rendue compte que pour illustrer mon propos, il était important de souligner le temps qui passe, ces cinquante années que ces femmes ont vu défiler. Ce temps qui passe, où va-t-il? Que reste-t-il des années de guerre? C'est ainsi que m'est venue l'idée d'accompagner chacune de ces photos, d'une photo de l'époque. Je voulais que le présent rencontre le passé et s'y confronte. Que la moudjahida d'aujourd'hui soit face à celle dhier. J'ai eu la grande chance de rencontrer de nombreuses femmes, toutes plus fortes les unes que les autres et, au fil des rencontres, le projet a pris une tournure plus universelle: à quel moment, quand on est une femme, décide-t-on de prendre les armes?». La réalisatrice s'est intéressé à toutes ces femmes de nationalités différentes ayant toutes servi la cause nationale d'une manière ou d'une autre. «Elles sont Françaises, Algériennes, Espagnoles, juives et n'ont pas hésité une seule seconde à se battre, toutes ensemble, pour arracher l'indépendance d'un pays dont elles connaissaient finalement peu de choses. Certaines continuent à y habiter, d'autres non, mais toutes, à un moment donné, ont payé cher ce combat. Cela pourrait se passer ailleurs, là, c'est en Algérie», fait remarquer la réalisatrice dont le troisième volet de son travail sera consacré aux prostituées dans le désert. «Celles d'Alger sont les mêmes qu'à Barbès ou à Boulogne. Par contre, avec celles du désert, il y a plus d'originalité» tient-elle à souligner. En attendant, Nadjja continue patiemment de monter son second projet, Cette expo est, en effet, composée de plusieurs tableaux présentés en diptyque en noir et blanc, entre passé et présent. L'ancienne photo de guerre de ces femmes est accolée à celle d'aujourd'hui, histoire de se rappeler leur action et les confronter à cette fière mémoire de combattante d'avant comme témoin et exemple pour la future génération. Et effectivement il y a de quoi être fière de ces femmes courages. Parmi elles, on citera Jacqueline Guerroudj, Doyenne des ex condamnées à mort, Nassyma Hablal, l'une des héroïnes de la guerre de libération, hélas décédée après recueil de son témoignage, mais aussi Eliette Lou etc. A la question de savoir pourquoi Nadjja privilégie les deux indiums à savoir la photo puis le documentaire celle-ci affirme que les deux «projection et exposition sont deux supports qui permettent de donner un angle plus profond et complet sur le sujet». De la photo au cinéma, il n y a qu'un pas que Nadjja aime franchir allégrement. D'ailleurs difficile pour elle de dissocier ces deux passions dans sa vie. Il ny a pas très longtemps, le mois dernier elle prêtait main forte dans un atelier de photo et de réalisation dans le cadre d'un projet algéro-français bien original baptisé The Experience Academy, où plusieurs étudiants algériens se sont prêtés au jeu de l'apprentissage ludique en complétant la théorie par la pratique. Un travail artistique bien vivant et dynamique dont l'un des maîtres fourmis n'était autre que Nadjja au côté de plusieurs jeunes professeurs émérites, la plupart issus de l'école des beaux arts d'Alger mais aussi d' ailleurs. Plus d'un projet à son sac, Nadjja continue petit à petit à faire son nid dans le monde de l'art en étant artiste à part entière, sans frontière, ni clivage des genres. De la France à l'Algérie, ses origines, la jeune femme trouve ainsi son équilibre au gré du vent qui emporte son désir de s'exprimer avant tout, et puis de créer inexorablement...

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