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WASSIL-ABDOUN TAMZALI COFONDATEUR DU FESTIVAL PHONETICS À ALGER

"Le son comme moyen de rapprochement..."

Pour sa première édition, le festival Phonetics choisit Alger comme première destination. Pluridisciplinaire, Phonetics est résolument tourné vers l'art sonore, les pratiques musicales électroniques novatrices et l'échange culturel. Toutefois, sa singularité réside d'abord dans sa temporalité. En amont du festival et pendant une durée de deux semaines, Phonetics propose aux artistes invités, nationaux et internationaux, de participer à une résidence aux Ateliers sauvages et d'imaginer des formations créatives in situ. C'est à l'issue de ces deux semaines que débutera le festival et seront présentés au public les concerts, performances et installations sonores, numériques ou plastiques que les artistes auront créés ensemble lors de leur passage à Alger. Cela aura lieu du 22 au 24 novembre et sur différents endroits, tel révélé par le coinitiateur du projet dans cet entretien...
Gratuit et destiné à tous, Phonetics cherche à faire découvrir au public, mais aussi aux artistes, de nouvelles pratiques artistiques et de nouvelles cultures musicales.

L'Expression: Vous êtes l'organisateur du festival Phonetics dont la résidence est en train de se dérouler actuellement aux Ateliers sauvages. Pourriez-vous nous en parler?
Wassil-Abdoun Tamzali:
Oui Je m'appelle Wassil Abdoun, je suis le neveu de Wassila Tamzali. C'était une des facilités pour laquelle nous avons eu ce lieu parce que ma tante a plaidé pour le projet auprès de l'Institut français qui nous a donné une subvention pour que le projet existe. Pour résumer le projet, il est assez simple. Nous avons voulu organiser un festival musical, culturel et artistique surtout, qui sera basé sur un système de résidence. Les Ateliers sauvages organisent déjà des résidences avec des artistes plasticiens. Moi-même je travaille dans le milieu de la musique. J'étais journaliste et aujourd'hui je suis ingénieur du son. J'ai proposé à ma tante de faire une résidence musicale où l'on n'inviterait pas seulement un artiste, mais plusieurs artistes. Le but du festival est de faire des rencontres musicales entre des artistes algériens et des artistes internationaux. Le principe consiste à ce que pendant la résidence, les artistes collaborent et travaillent sur des projets spéciaux et uniques pour le festival et en présence, pendant le festival, ce qui a été créé durant la résidence. On ne voulait pas que les musiciens viennent et jouent leur performance ou qu'on rentre dans un automatisme de booking, mais plutôt que les artistes découvrent la culture algérienne, que cette dernière s'imprègne aussi d'autres pratiques musicales et qu'il y air un véritable échange qui s'opère.

Peut-on connaître la liste des artistes participants?
On va commencer par les artistes algériens, on peut citer par exemple un guitariste d'Oran qui s'appelle Rezki Bachir qui est multi-instrumentiste, aussi un des seuls manufacturiers algériens qui produisent leurs propres pédales de guitare, c'est un musicologue et un électronicien, lui aussi est guitariste. Nous avons également une personne qui est plus dans la sphère hip-hop qui s'appelle DJ Hichem Chakour, aussi un danseur qui s'appelle Ztella Boogie Man qui, lui, va travailler en collaboration avec un artiste français qui s'appelle Nsdos. Ils vont travailler sur un projet de marche musicale dans la ville d'Alger où l'artiste Nsdos, qui s'appelle Bris, va travailler sur un système de reconnaissance de mouvement pour transcrire les mouvements du danseur en sons. Il va faire ça dans la ville, dans une sorte de parcours. Le but ce n'était pas seulement de produire des concerts, mais vraiment d'expérimenter et de créer des sortes de happenings musicaux qui seraient, on espère, novateurs.

Comment cela va-t-il se consolider avec l'ensemble des artistes?
L'exposition aura lieu aux Ateliers sauvages. Il faut savoir que le projet est ancré dans la musique, mais aussi dans l'art sonore. Nous avons un commissaire de l'exposition Art sonore qui s'appelle Bastien Guallet. Moi je suis le directeur artistique qui chapeaute un peu tout et qui organise les rôles de tout le monde. Bastien Gallet c'est quelqu'un qui est extrêmement cultivé dans la question des arts sonores, beaucoup plus que moi. On lui a fait confiance pour ramener des artistes qui auraient des propositions intéressantes. Il a choisi un artiste suisse qui s'appelle Rudy Decelière et qui va créer une installation sonore qui va se tenir aux Ateliers sauvages et sera visible pendant toute la durée de la tenue du festival du 22 au 24 novembre aux Ateliers sauvages. Nous aurons aussi une artiste franco-japonaise qui s'appelle Mika Oki qui, elle, aussi va créer une installation sonore. Aux Ateliers sauvages il va y avoir aussi des conférences, les installations à découvrir. Mais toute la partie musicale nous l'organisons dans d'autres lieux. Le jeudi 22 novembre, nous faisons un concert gratuit à l'Institut français qui est notre partenaire majeur. Le lendemain nous organisons une soirée à l'atelier N.A.S, une maison dans la Casbah. Ça va être le clou du spectacle parce que c'est là où toutes les pratiques musicales et toutes les rencontres vont donner lieu à un concert de deux heures qui inclura tous les artistes qui vont travailler et nous cherchons encore actuellement un lieu pour organiser le concert de clôture. Nous avons un artiste qui s'appelle Territoires, qui s'appelle de son vrai non Romain Mascani, un ethnomusicologue, il a créé ce projet territoire qu'il définit comme une cartographie sonore dans le territoire. Il fait du feed recording. Il enregistre des sons ambiants qu'il recrée dans une composition un peu orchestrale. C'est un projet qui nous tient à coeur et nous aimerions beaucoup que ce soit le concert de clôture. Nous cherchons encore un lieu. Nous avons peut-être la possibilité de le faire au Bastion 23, sinon on le fera ailleurs. Le programme est disponible sur notre site Internet phonetics.fr et vous y découvrez les conférences et les workshops que nous organsinons aussi. Nous avons en outre une artiste tunisienne qui s'appelle Riheb Hazgui qui s'intéresse beaucoup au partage de connaissances sur les pratiques électroniciennes musicales. Elle va créer un workshop pour la construction d'un synthétiseur analogique ouvert à tous pour que les gens découvrent un peu qu'est-ce que la manufacture d'instruments analogiques avec juste quelques composants. Nous avons essayé de proposer un maximum de choses pour qu'on ne soit pas enfermé dans une case de festival musical. Il fallait que ce soit un festival qui aborde la question du son comme un moyen de rapprocher les gens et les cultures sous différents aspects, moyens, autrement concert, musique, conférence etc.

Ce n'est pas juste un festival de musique électronique. Ça va au-delà...
Bien sûr. J'ai été agréablement surplis de la rencontre qui s'est faite entre nos artistes parce que quand on est issu de la sphère hip-hop, guitariste ou versant plutôt dans la pure musique électronique, on peut se dire que c'est comme l'eau et l'huile, que cela ne va pas prendre ou bien marcher. Mais au final, comme c'est un festival qui est basé aussi sur le volontariat et le bénévolat, c'est-à-dire que personne n'est payé, ça montre que les artistes qui viennent ont vraiment envie de participer. Ils ont envie de trouver les ponts musicaux, les ponts culturels qui peuvent faire en sorte qu'il y ait un vrai résultat différent. C'est un peu spécial. Quand on assiste aux répétitions ça peut paraître hétéroclite, mais au final il y a un vrai sentiment d'unité de cette équipe qui vient de se rencontrer.

Vous êtes combien au total?
Nous sommes une petite quinzaine. Il y a 12 musiciens, après on n'est que trois pour organiser tout ça. Le cofondateur arrivera un peu plus tard. Sinon nous sommes une petite équipe. On a le soutien de ma famille qui nous a aidés pour tout ce qui est visa car c'est une galère incroyable. En même temps c'est un micro festival. Ce n'est pas un énorme truc.

Comptez- vous faire d'autres éditions?
Le festival a pour vocation d'être itinérant. On reviendra à Alger sous un système de biennale. Car c'est une ville qui nous tient à coeur. L'Algérie c'est un pays qui est un peu fermé, en vase clos. Je pense qu'on partira dans d'autres pays pour charrier la culture musicale d'autres pays. J'espère faire cela la prochaine année au Liban, à Beyrouth. On reviendra en Algérie dès que l'on peut.

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