PENSÉE POUR BRAHIM IZRI
L’arme à l’oeil
Avant toute chose, je tiens à présenter mes pensées les plus touchées, les plus profondes à la famille de Brahim Izri, artiste, et par la même occasion à la famille élargie. Artiste parmi tant d´autres, défenseurs et combattants de «trois fois rien» ; mais les seuls à avoir su dire l´Algérie pendant la sombre décennie ... Statut de «merdeux» parce que sans statut, l´artiste est inconsidéré dans notre société. Alors quand cela commence à s´éteindre chez les «quinquas», utiles, urgents, porteurs... le choc est dur. A quand le réveil, et les moyens de notre éveil, avant de manquer de carburant? Je pleure. Je pleure l´homme, je pleure l´artiste... l´arme à l´oeil. Dans la fierté et le respect de ce qu´est un artiste m´inspire : être, oser être çA. Ensuite j´ai mal, fort dans mon coeur. Et aussi j´ai honte, honte du retard dont on a le luxe de s´accommoder, honte de l´affront. J´ai croisé ton regard. Je t´aime. Tu es ma famille. Tu fais partie des officiers dont mon père m´a toujours dit qu´ils étaient urgents, quand les hommes sont précieux. Tu t´es toujours battu pour ton art, pour ton Algérie. Je construirai à nos enfants une école. Je leur donnerai les clés et les notes pour chanter notre Algérie... Urgence. Chaque homme est une perte vitale. Apprenons à ne plus perdre impunément les porteurs de rêves, ceux qui parlent du coeur des gens, du fond, de l´essentiel, du peuple. Après 40 ans, sachons stopper l´hémorragie. Capitalisons les troupes... Un jour viendra où nous comprendrions que sans ces hommes aucune nation n´existe, qui parle avec le monde, du fond de sa conscience...
Merci d´avance. Du haut de ta fenêtre, maintenant que tu nous regardes, et avant que nous nous rejoignions au balcon de Dieu, j´espère que nous saurons te faire honneur, nous faire honneur.
Safy BOUTELLA
