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LE RIDEAU DE SUCRE, EN AVANT-PREMIÈRE À ORAN

La nostalgie d’un passé sucré

Dans ce film, Camila Guzman Urzua rend compte du bonheur de l’enfance et de la jeunesse cubaine des décennies 1970 et 1980, avant la chute du mur de Berlin et l’effondrement économique suite à la dislocation du bloc soviétique.

Le public de la cinémathèque d´Oran a été convié, mercredi, à la projection, en avant-première algérienne, du documentaire El telon de azucar (le rideau de sucre) de la cinéaste cubaine Camila Guzman Urzua.
A travers cette oeuvre cinématographique, la cinéaste qui est née au Chili en 1971, est revenue sur son enfance passée à La Havane après que sa famille eut fui le régime dictatorial de Pinochet. Elle a tenté notamment, de comprendre le présent en explorant le passé heureux d´une génération qui puisait autrefois sa force et ses ambitions dans ses idéaux révolutionnaires. Dans ce film, son premier long-métrage, Camila Guzman Urzua rend compte du bonheur de l´enfance et de la jeunesse cubaine des décennies 1970 et 1980, avant la chute du mur de Berlin et l´effondrement économique suite à la dislocation du bloc soviétique. El telon de azucar focalise sur cette transition douloureuse d´une situation d´insouciance, où l´on trouvait tout à fait normal que l´éducation, la médecine et l´accès à l´eau potable soient gratuits, à la prise de conscience d´un peuple quant à sa forte dépendance.
Cette transition, Camila Guzman Urzua l´a elle-même vécue à l´âge de 18 ans et depuis elle en a fait une obsession dont elle ne réussira à se libérer qu´avec la réalisation de son film qui lui a valu plusieurs récompenses à l´échelle internationale. Son oeuvre s´articule autour de nombreux témoignages recueillis à Cuba auprès de ses anciens camarades de classe, ses proches et sa propre mère qui évoque l´arrivée de sa famille sur l´île après avoir fui la dictature de Pinochet.
Les souvenirs des uns et des autres sont tous empreints de cette nostalgie de l´époque où la production de sucre suffisait à combler les besoins économiques du pays. Au fil des séquences que commente d´une voix mélancolique Camila Guzman Urzua, le public a baigné sans peine dans cette ambiance «paradisiaque» où «la publicité n´envahissait pas les rues de la ville et où les élèves avaient leur goûter à l´école». Portrait d´une génération heureuse durant son enfance, ce documentaire se laisse voir sans pessimisme, invitant en revanche à l´entreprise difficile de faire reprendre espoir à un peuple malgré le nouveau contexte de la mondialisation.
Camila Guzman Urzua est la fille du documentariste chilien Patricio Guzman, réalisateur notamment de Salvador Allende en 2004, La Cruz del sur (1992) et Le Cas Pinochet (2001). Le rideau de sucre a été projeté à la cinémathèque d´Oran en partenariat avec le centre culturel espagnol Cervantès dans le cadre d´un cycle thématique «ciné latino-américain».

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