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JOURNÉES CINÉMATOGRAPHIQUES D'ALGER

La double nationalité mise en exergue

Ni vu ni connu est un film, drôle, pertinent et frais, signé Lyes Salem, lequel a été projeté en soirée, dimanche dernier à la Cinémathèque. Un court métrage qui entre dans le cadre de la compétition officielle...

A la veille de la clôture de la 6e édition des Journées cinématographiques d'Alger, la Cinéma-thèque s'est vue égayée par la projection d'un court métrage de 24 minutes signé Lyes Salem. Un film réalisé dans le cadre de la 22e édition, Le Polar de Talents Adami. Un film présenté l'année dernière au festival de Cannes hors compétition aux côtés de quatre autres réalisateurs choisis dans cette section. Une sorte d'exercice où Lyes avait été sélectionné et à qui une liste de 900 comédiens avait été proposée ainsi que plusieurs scénarios, dans lesquels il fallait piocher un et le réaliser au final.
Une belle gageure et un défi cinématographique réussi et relevé haut la main, puisque Lyes Salem signera Ni vu ni connu un polar burlesque des plus hilarants. Embauché par une femme qui pense être trompée pour kidnapper et corriger la maîtresse de son mari, un escroc, à la petite semaine, alias Salim Fontaine, un jeune acteur qui crève l'écran, met au point avec une de ses connaissances, une combine pour empocher facilement l'argent. Mais le jour de la confrontation, les choses prennent un tour inattendu. Mettre en avant ses acteurs en les essayant au genre de la comédie était un peu le principe et moteur des motivations du réalisateur qui a permis à ses acteurs de se révéler à travers leur personnage en donnant à voir, ce qu'est un vrai, le rôle d'acteur, et ce même à travers le travestissement de leur personne dans le film, grâce à ce traquenard.
Des rôles de composition et des mises en abîme dans un film basé sur l'apparence et la maîtrise du faux semblant constituent une part des plus importantes de ce film, nonobstant son humour décapant. En somme, une mise en scène bien complexe au-delà de la facilité apparente de l'interprétation qui n'en est pas une en réalité. Car le tout réside justement dans la perfection du jeu que les acteurs ont su incarner, entre émotion et pittoresque.
Abordant la question du faciès dans le cinéma français, après que certains spectateurs eurent à fustiger cette scène où Salim Fontaine, pourtant appelé Gino dans le film, frappe une blonde, Lyes Salem réfutera toute idée liée à l'appartenance identitaire si ce n'est au contexte du film lui-même qui nécessitait ce geste, de la part d'un personnage dont on ne sait d'ailleurs pas s'il est d'origine maghrébine ou pas, même si d'autant plus, cela n'en est pas la question.
A ce propos, optimiste, Lyes Salem dira que «les choses se font lentement mais sont en train de se faire» et d'ajouter «que l'acteur soit basané ça complique un peu les choses car cela rappelle certaines choses à la France... la diversité au cinéma laisse à désirer mais je suis optimiste. Je crois que les choses changent, mais pas forcément dans le mauvais sens.» Pour son acteur Salim Fontaine, «il ne faut pas se focaliser sur le négatif. C'est à nous de ne pas accepter ces choses. Je n'ai pas envie de m'attarder sur cette pensée bizarre même si elle existe vraiment.
Après, il ne faut pas tomber dans la paranoïa.» Pour Benyamine Abdelmalek, l'acteur du court métrage de Un métier bien de Farid Bentoumi, «ces problèmes-là changent, mais pas à la vitesse que ça devrait être. Il faut les surpasser...».
Notons que le film de Lyes Salem a été projeté dans le cadre de la compétition officielle. Un autre film celui-là assez pertinent par sa thématique a été présenté au courant de l'après-midi. Il s'agit de Zakaria de Leila Bouzid. Un court métrage de 27 minutes.
Un film qui concourt quant à lui dans le cadre du meilleur court métrage arabe. Un des meilleurs de cette sélection dont une bonne partie assez médiocre ne méritait pas de figurer dans la programmation.
Fort heureusement certaines perles sauvaient un peu la mise. C'est le cas de ce petit film réalisé par la jeune Tunisienne qui, une fois n'est pas coutume, s'est engagée à braquer sa caméra dans une fiction qui traite de la problématique de l'identité ou celle de la double nationalité si chère à la politique française de Valls, actuellement. Sans doute que la réalisatrice qui a produit son film en 2014 ne s'attendait pas à voir ce film aussi bien coller à l'air du temps... Un air pas si tendre, mais plutôt vicié.
L'histoire se déroule dans un village du Gard. Zakaria y vit tranquillement avec sa femme et ses deux enfants.
Apprenant la mort de son père en Algérie, il décide de s'y rendre avec sa famille. Sarah, sa fille refuse de l'accompagner. S'ensuivra la discorde entre le père et la fille qui révèle une grande faille psychologique du père quant au penchant fragile de ses origines et ce qu'il lègue comme héritage à ses enfants. Quand sa fille Sarah martèle qu'elle est française, son père crie contre elle avec ces mots: «Je suis un Arabe du village et tu resteras toujours la fille d'un Arabe. Regarde-toi dans une glace!».
Un film bien sensible qui remet en cause avec acuité cette question de la nationalité et de qui nous sommes vraiment, a fortiori dans la France des couleurs aujourd'hui. Loin des clichés réducteurs, le film donne surtout à réfléchir, tout en insufflant des indices sur l'attachement du père à sa terre natale comme autant de facteurs de l'appel aux racines, lorsque notamment il écoute du raï dans sa voiture tout en rêvassant «au bled».
Une mise en scène assez touchante qui regarde ses personnages frontalement et invite les spectateurs à les voir en face pour partager leurs douleur et émotion.

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