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Lounès Ghezali, romancier, à L''Expression

«Kateb Yacine est un écrivain mythique»

À la veille de la commémoration du 33ème anniversaire du décès du grand écrivain, poète et dramaturge Kateb Yacine, des romanciers de la nouvelle génération nous racontent comment ils ont découvert l'auteur du monumental «Nedjma».Ainsi, Lounès Ghezali est le premier écrivain à partager avec les lecteurs de L'Expression son témoignage sur Kateb Yacine. Lounès Ghezali, originaire de la commune de Mizrana, dans la daïra de Tigzirt (wilaya de Tizi Ouzou), est l'auteur de trois romans publiés. Il s'agit de «Le rocher de l'hécatombe», «L'appel de la montagne» et «La dernière escale».

L'Expression: Comment avez-vous découvert Kateb Yacine pour la première fois?
Lounès Ghezali: J'ai découvert Kateb Yacine juste après l'ouverture politique de 1988. Auparavant, j'avais vaguement entendu parler de lui car les écrivains de sa trempe étaient largement ostracisés par le système du parti unique de l'époque. Je me souviens qu'il avait accordé une interview à un journal étranger juste après les émeutes de 1988, (Le Monde, me semble-t-il). J'ai été tout de suite frappé par ses réponses politiques concises et mesurées loin de toutes ces logorrhées et de cette hémorragie du langage de cette période-là. Il savait que ses réponses pouvaient toucher des intérêts et des passions. Depuis, les journaux algériens ne tarissaient pas d'éloges sur son oeuvre, principalement «Nedjma». Surtout après sa mort en 1989. Il y avait presque un mythe Kateb Yacine. Mais sa notoriété reste dominée par ses dénonciations politiques et ses prises de positions courageuses. En dehors du milieu ouvrier pour le théâtre et universitaire pour ses romans, rares sont ceux qui ont lu ses livres.

L'écrivain Kateb yacine a brillé et s'est distingué plus particulièrement par son style, n'est-ce pas?
En dehors de leur côté subversif, les textes de Kateb Yacine ne sont pas de même nature qu'une écriture dite classique. Le ton bien spécifique, les évolutions des personnages souvent contrastées, l'écriture elle-même affranchie de toute contrainte liée à la narration, et cela sans oublier la structure du roman qui épouse une forme que d'aucuns appellent circulaire, renforcent la conviction que nous ne sommes pas devant des textes traditionnels. Certains, habitués à des narrations qui appartiennent à des traditions littéraires bien définies, arrêtent la lecture au bout de quelques pages parce qu'ils ne peuvent pas s'accrocher indéfiniment à toutes les «ruminations», j'allais dire du néant que suscite ses textes. Mais ce qui est frappant dans l'écriture de Kateb Yacine, c'est ce mélange de prose et de poésie sans aucune appréhension éthique, c'est la dimension mythique de l'oeuvre où l'on parle dans un même texte d'amour pour une femme et d'amour pour l'Algérie, c'est cette structure spécifique avec un rythme narratif qui ressemble à des rafales.

Kateb Yacine a été beaucoup influencé par l'écriture de William Faulkner dans «Nedjma», qu'avez-vous à dire sur ce point?
On parlait de l'influence de Faulkner, mais je ne pense pas qu'une oeuvre soit une mécanique au point qu'une lecture même attentive et profonde d'un écrivain puisse présager une suite. Kateb Yacine appartient à ces insurgés dès l'enfance. Contre le système colonial, contre l'école, contre la bourgeoisie. Il n'avait pas, je pense, beaucoup d'autres émotions cachées qui ont façonné sa personnalité. Notons que la poésie, il le disait lui-même, il l'avait acquise de sa mère. Il avait donc toute cette métaphore liminaire des poètes. Il ne restait pour lui qu'à peaufiner ses écrits.

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