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JEAN-PAUL SCHINTU, METTEUR EN SCÈNE ET COMÉDIEN, À L’EXPRESSION

«Je ne disais pas que je suis né en Algérie»

Venu en Algérie pour présenter Le Premier homme, une pièce adaptée du roman éponyme d´Albert Camus, Jean-Paul Schintu, metteur en scène et comédien français est revenu sur son appartenance à l´Algérie et son rapport à Camus.

L´Expression: Ne trouvez-vous pas qu´adapter le roman autobiographique qu´Albert Camus n´a jamais pu achever, Le Premier homme, constitue un pari risqué?
Jean-Paul Schintu: Cette oeuvre avait un grand impact émotionnel sur moi. Et puis quand on prend ce genre de pari, on ne réfléchit pas. Certes, il s´agit d´un roman inachevé, tout ce que Camus a écrit, il ne l´a pas relu. Mais malgré cela, Le Premier homme reste un grand texte poétique, politique et social... et bien qu´inachevé, d´ailleurs tous les spécialistes s´accordent à le dire, il s´agit de l´oeuvre capitale de l´écrivain. J´ai travaillé sur Le Premier homme un an et demi. Par la suite, j´ai contacté tous les centres culturels Albert- Camus pour leur proposer de me recevoir afin de présenter mon spectacle. J´ai eu quelques réponses et c´est ainsi que j´ai joué Le Premier homme pour la première fois à Issoudun au sud de la France dans le Centre culturel Albert-Camus. Après, j´ai présenté la pièce un peu partout en France mais aussi à l´étranger. Pendant un an, j´ai présenté Le Premier homme en lecture, en théâtralisé bien sûr, mais au bout d´un moment j´avais appris le texte par coeur, j´avais choisi également un compositeur, et j´ai mis au point cette pièce. A présent ce spectacle est arrivé à une certaine maturité, mais j´ai encore du progrès à faire...

Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur Le Premier homme particulièrement, les autres oeuvres de Camus n´étaient-elles pas plus faciles à adapter?
Oui, certes, j´aurais pu adapter L´Etranger par exemple. Le Premier homme est une forêt vierge. C´est l´univers intérieur de l´homme que Camus nous donne à découvrir. Dans ce roman autobiographique l´auteur de La Peste est tantôt narrateur tantôt acteur.

Quand avez-vous découvert Camus?
Très tôt! A l´âge de 16 ou 17 ans, j´ai découvert Noces, La peste et L´étranger. En fait, sans trop y comprendre quoi que ce soit. Il y avait Noces qui m´a ébloui à l´époque plus que Le Premier homme.
J´avais lu la biographie de Herbert Lottman, il y a 20 ans et toute l´oeuvre de Camus.
Le Premier homme n´est pas le premier texte de Camus que j´adapte au théâtre. J´ai déjà travaillé sur la correspondance René Char- Albert Camus.
La bibliothèque française me demande souvent des lectures des textes de Camus. Au cours de l´année de l´Algérie en France, j´ai monté un spectacle en mêlant des textes de Camus et de Djaout.

Vous avez déjà adapté Eugène Ionesco, Jean Genet, Maupassant ainsi que d´autres auteurs, l´intérêt pour Camus aujourd´hui, aurait-il un lien avec votre appartenance à l´Algérie puisque vous aussi vous êtes né sur cette terre (Annaba)?
Evidemment, j´ai vécu 13 ans en Algérie. J´ai grandi dans la guerre, j´avais quatre ans quand elle s´est enclenchée. C´est à partir de 25 ans que les images de mon enfance en Algérie me revenaient. Quand je suis parti, j´avais enfoui tous mes souvenirs liés à l´Algérie pour mieux m´intégrer à la société française. Je ne disais pas, par exemple, que je suis né en Algérie. Je portais un masque en quelque sorte en pensant que ce n´était pas valorisant. A 29 ans, je suis revenu seul. Et à partir de là, je me suis apaisé avec ce pays. Je suis déjà venu en Algérie à deux reprises. En février 1988, juste avant les émeutes d´octobre. J´ai joué Maupassant à Annaba, Constantine, Tlemçen.

N´avez-vous pas subi le déchirement qu´a enduré Camus après son départ d´Algérie?
Non. Mes parents, par contre, l´ont subi. A vrai dire, moi j´étais content de partir en France. Mais comme tout le monde était triste autour de moi, je n´osais pas le dire. Pour l´enfant que j´étais, la France était une aventure nouvelle. On allait découvrir les grandes villes: Lyon, Marseille, Paris... j´étais excité. A 25 ans, j´ai fait le chemin inverse, je suis revenu vers le cadre le plus précis de mon enfance. Pourquoi? je l´ignore. Les années d´enfance sont capitales...

Que pensez-vous de la polémique actuelle autour d´Albert Camus?
Cela me dépasse un peu. Je ne sais pas si on cherche à régler d´autres problèmes à travers cette polémique... Cependant, j´étais agréablement surpris après le spectacle que j´ai présenté au Centre culturel français d´Alger. Je sais que le public et les intellectuels apprécient énormément Camus et le considèrent comme l´un des leurs...

Comptez-vous adapter d´autres textes de Camus?
Pas pour l´instant. Je vais jouer une pièce de Marguerite Duras.

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