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DISPARITION DE FAROUK BELOUFA À 71 ANS

Et Nahla perdit la voix à nouveau...

Comble de l'ironie, son départ se fera toujours dans le silence des braves et il a fallu que sa mort soit annoncée sur les réseaux sociaux pour que la Toile s'emballe...

Les amants désunis pleurent aujourd'hui leur maudit passé recomposé. Une triste nouvelle s'est abattue sur le bitume de leur coeur, rajoutant à cette semaine son lot chargé de mélancolie. Nahla s'est tue à nouveau et le Monde arabe tel qu'il était dessiné par le réalisateur n'en finit pas de jouer sa triste tragédie. Plus que jamais aujourd'hui. Non, si les autres t'ont oublié, nous, nous ne t'avons pas oublié.
Nahla pleure aujourd'hui son créateur, le monstre sacré du cinéma algérien Farouk Beloufa, qui a vécu comme il est parti, avec discrétion et ce soupçon d'humilité dont rares peuvent se targuer avec honneur les grands braves.
Le cinéaste Farouk Beloufa, réalisateur du film Nahla, est décédé lundi 9 avril 2018 à l'âge de 71 ans à Paris, où il a été enterré. Son décès n'a été révélé que dans la soirée du lundi 16 avril, c'est-à-dire une semaine plus tard, par plusieurs cinéastes et réalisateurs algériens sur les réseaux sociaux. Wassila Tamzali a annoncé sa mort sur facebook, samedi dernier.
Et il n'a pas fallu longtemps pour que la Toile s'emballe. «Farouk Beloufa est décédé. Depuis le 9 avril il n'est plus. Ici à Alger personne ne sait. Jusqu'au bout il aura été l'oublié. Pour quelques-uns d'entre nous il est le réalisateur du film qui parla le mieux de nos espoirs, de notre quête, de nos angoisses devant la vie. Nahla, son merveilleux film.»
Farouk Beloufa aura bavé toute sa vie pour imposer son cinéma en Algérie. L'histoire se rappelle que son autre film intitulé «Liberté», une réponse au film de Yves Courrière sur la guerre d'Algérie avait été complètement charcuté sur instruction de Taleb Ahmed, ministre de la Culture à l'époque. Son film avait connu un autre montage que le sien au point que Farouk Beloufa ne voulait plus le reconnaître. Déçu par les amis et le pays, il décidera de partir en France et vivra pendant longtemps en exil.
30 ans plus tard, le réalisateur semble retrouver un semblant d'apaisement après avoir réussi à transmettre l'amour de l'image et de la caméra à son fils Neil Beloufa. Aidé par ses proches et ses amis, Farouk Beloufa revient au-devant de la scène toujours de façon timide et conclut un court métrage de bien intéressant qui s'intitule Silence du sphinx.
Réalisé en 2012, ce court métrage ne sera pas médiatisé ou très peu à l'achèvement de sa réalisation. Dans un entretien filmé, le cinéaste fait remarquer à propos de cette oeuvre: «Le film s'écrivait au fur et à mesure, je voyais le cadre; je savais qu'il allait parler d'un Etat du Monde arabe, ce qui se passe actuellement dans les pays arabes. (...).
J'ai poursuivi ce que j'avais déjà fait avec mon long métrage, mais ça m'a permis d'expérimenter quelque chose qui est en cours, une sorte d'intermédiaire, l'histoire que nous vivons et qui est en forme inachevée.
Dans des formes incertaines, des fragments de moments historiques. Avec les comédiens il y a quelque chose qui se poursuit dans mon chemin à moi. Dans ce métier. C'était douloureux mais riche.» Hélas! Cette parenthèse intermédiaire ne connaîtra pas de suite car le temps en a voulu autrement...
Dans le cadre des Rencontres cinématographiques de Béjaïa de 2009 le cinéaste Farouk Beloufa s'était confié dans un entretien accordé à L'Expression sur son ressenti quant à l'avenir du cinéma algérien. Il répondra: «Je ne dirais pas que je suis optimiste pour son avenir, mais qu´il y aura des films intéressants à voir. Je suis très sceptique. Par contre, je sais qu'il y a des cinéastes et quelques-uns qui feront de grands films. C´est sûr.» Il ne s'était pas trompé... D'un départ à un autre, définitif celui-là, sa disparition nous laisse comme un goût d'inachevé...

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