L'Expression

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RETROSPECTIVE CULTURELLE 2016

Adieu Ezzahi, Kheloui et Fergani

Ceux qui connaissent la valeur de ces trois artistes, et ils sont des centaines de milliers, seront les premiers à ne pas pouvoir oublier cette année 2016.

Le décès des immenses chanteurs Amar Ezzahi, Lounès Kheloui et Mohamed Tahar Fergani, des piliers de l'art algérien, est sans doute l'événement qui va marquer le plus les esprits en cette année 2016 qui tire à sa fin. Ceux qui connaissent la valeur de ces trois artistes, et ils sont des centaines de milliers, seront les premiers à ne pas pouvoir oublier cette année 2016. Car avec le décès de Amar Ezzahi, le chaâbi ne sera plus comme avant. Amar Ezzahi était le dernier des monstres sacrés de la chanson chaâbie, le meilleur d'un certain point de vue, mais le plus populaire indéniablement pour son caractère modeste sans pareil.
Amar Ezzahi est parti définitivement, à l'âge de 75 ans, le 30 novembre dernier. Lui qui avait l'habitude de partir nulle part. Il restait très souvent, pour ne pas dire tout le temps, dans son quartier populaire à Bab El Oued, tout en faisant la tournée des différents quartiers algérois pour y animer des fêtes de mariage et de circoncision. Il s'est produit, pendant un demi-siècle, dans divers quartiers populaires d'Alger comme Béni Messous, Soustara, Bab El Oued, El Biar, S'haoula, Cherchell, Draria et la liste est longue. Elle est longue la liste des localités où on adule Amar Ezzahi et dont le décès, annoncé après maintes rumeurs, a été synonyme d'un véritable coup poignard dans le dos. Le secret du grand amour que vouent ses fans à l'éternel et bien sûr immortel Amar Ezzahi est sa double facette d'artiste au talent et capacités d'innovation et d'improvisation hors du commun, mais aussi d'homme affable dont la simplicité est désormais légendaire. Il y a aussi un détail de taille concernant Amar Ezzahi. Il était l'un des rares grands artistes algériens à n'avoir jamais touché un sou de la part des pouvoirs publics, même quand l'intention était sincère et consistait à honorer une fierté nationale. Amar Ezzahi savait qu'un artiste qui se respecte devait d'abord et avant tout être libre. Libre de tout. La deuxième grande figure de la chanson algérienne, qui s'est éteinte à l'âge de 66 ans en cette année 2016, est le chanteur kabyle Lounès Kheloui. Il était, incontestablement l'un des plus grands chanteurs d'expression amazighe. Le destin a voulu qu'il s'en aille prématurément au moment où il avait encore des dizaines de chansons inédites dans les tiroirs. Heureusement qu'il a eu le réflexe d'en enregistrer 14 avant son décès. Lounès Kheloui est l'un des plus anciens artistes de la génération postindépendance. Il a commencé à chanter et à produire dans les années 1960 et il n'a pas cessé de bercer ses fans. Ces derniers le classent d'ailleurs, parmi les plus belles étoiles de la chanson kabyle, toutes générations confondues. Lounès Kheloui était doté d'une voix unique, rauque et exceptionnelle. Les souffrances endurées dans son enfance et adolescence ont constitué, plus tard, sa source d'inspiration. Il a produit par la suite des chansons sur la dureté de la vie et sur ses aléas qui faisaient pleurer ses adulateurs. A l'instar de plusieurs grands chanteurs kabyles, Lounès Kheloui a chanté sur une multitude de thèmes sociaux et sentimentaux. L'amour, Lounès Kheloui l'a clamé autrement et bien mieux que bien d'autres artistes qui en sont pourtant les chantres. Il a su conférer à ses chansons un cachet tout particulier qui le faisait distinguer facilement des autres grosses pointures de la chanson kabyle. A l'instar de Amar Ezzahi, Lounès Kheloui était très simple et on le croisait régulièrement un peu partout dans la ville de Tizi Ouzou, notamment dans les cafés les plus modestes et populaires. Son départ se fait ressentir de plus en plus à Tizi Ouzou car, on ne le croise plus pour échanger longuement avec lui notamment sur l'un des sujets qui nous intéressait, le côté mystérieux de Cheikh El Hasnaoui qu'il a eu la chance de rencontrer. Aussi loin que nous remontons dans notre mémoire, nous avons de tout temps entendu parler de ce géant qu'était et demeurera El Hadj Mohamed Tahar Fergani. Il est décédé le 7 décembre 2016. Fergani est au malouf ce qu'El Anka est au chaâbi ou ce que Matoub Lounès est à la chanson kabyle. C'est une icône qui s'est éteinte en cette année dans le genre de musique malouf, dont il en est le roi d'ailleurs. Sa perte, aussi bien que celle de Amar Ezzahi et de Lounès Kheloui, est d'autant plus énorme quand on sait que la relève dans tous ces styles de musique n'est pas forcément assurée. Ceux qui se mettent à chanter, généralement, après ces véritables géants versent plus dans la simplicité de l'imitation. Ce qui fait que leur tentative de s'imposer sur la scène artistique reste souvent vaine. Ce n'est pas demain que l'Algérie enfantera un Amar Ezzahi, un Lounès Kheloui ou encore un Mohamed Tahar Fergani.

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