L'Expression

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Les larmes de l'homme à l'arrache-clou

Le jeune détenu est ramené sous une escorte musclée, car la dernière fois, Hamid s'est rebellé, une fois à la barre, devant la juge, estomaquée par le comportement de...

Saoudi.L. est un jeune inculpé de tentative de vol, fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal, qui a refusé de comparaître, il y a de cela une quinzaine de jours, pour le seul motif qu'il refusait l'inculpation, estimant la tentative de vol comme une non-inculpation! Une première comme trouvaille, un détenu qui récuse une inculpation! En tout cas, pour la région, c'est la première fois qu'un détenu s'amuse à mettre le costard d'un législateur! La présidente de la section correctionnelle lève la tête en direction du jeune de vingt et un ans pris en flagrant délit de tentative de vol d'un appartement dont les occupants étaient en vacances, mais qui avaient pris la précaution de le faire surveiller par un ami du chef de famille qui a eu l'idée de passer en pleine sieste, vers les 14 heures, à l' heure où pas un chat ne rôdait dans les parages! Et comme l'appartement se trouvait au troisième étage, l'homme ne faisait pas confiance aux rôdeurs de nuit comme de jour. Ce qui explique le tour effectué ce dimanche humide et très chaud qui encourage les maraudeurs à frapper au moment voulu. Mal en prit au jeune voleur qui n'a pas prévu le passage de l'ami de la famille au mauvais moment! La chance ou la malchance de l'ami et du voleur, ont fait qu'un gaillard était de passage dans le bâtiment et donc a permis au gardien d'avoir un renfort de poids même s'il était inattendu. Attaqué par les deux hommes, Saoudi. L. dut se rendre à l'évidence et ne pas opposer de résistance, quoique armé de l'arrache-clou bien lourd, mais inutile. C'est peut-être même une preuve aggravante, le jour du procès, si le représentant du ministère public ramenait l'arme blanche qui n'aura servi à rien à l'apprenti-voleur, en cette journée fatidique! Et comme si une fée était passée à ce moment-là, le jeune procureur sortit l'arrache-clou et le déposa sur son pupitre comme s'il voulait envoyer un signe à l'inculpé bizarrement calme et serein, contrairement à la première comparution où il ne voulait pas entendre parler de l'inculpation. Plutôt souriante et zen, la juge regarda bien le détenu et articula bien comme il le faut, en direction de Saoudi.L.:
«Alors, on s'est calmé? Durant la détention préventive, on vous a appris les termes de l'article 350? Ce n'est pas bien ce que vous avez fait le 27 du mois passé. Vous n'avez aucune idée sur le souci de la justice sur la liberté des gens, de leur santé morale et physique!».
«Madame la présidente, je regrette ce que j'ai fait dernièrement. Je ne savais pas. Effectivement, en prison, on m' a confirmé que j'étais passible de l'article 350 du Code pénal. Je suis désolé et, je...
-Voilà! C'est très bien! Vous êtes revenu à de meilleurs sentiments. Vous avez sûrement un élan de sympathie en agissant de la sorte. Le tribunal est heureux de cette position et appréciera le moment venu. De plus, je suis ravie que vous soyez désolé pour ce que vous avez fait. Nous allons donc aborder l'inculpation proprement dite. Et donc, vous êtes d'accord que ce monsieur vous a surpris en train d'essayer d'ouvrir la porte d'entrée de l'appartement 11B du Bâtiment 79 de la cité des Lilas et des Roses?
-Non, j'ai déposé l'arrache-clou contre la porte d'entrée pour...
-Vous n'allez tout de même pas revenir sur votre engagement à collaborer avec le tribunal pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette inculpation? Soyez raisonnable! Ce que vous allez dire qui ne va pas en droite ligne avec ce que vous avez entrepris, ne vous avancera en rien. Nous avons saisi que l'envie de cambrioler l'appartement en question y était. Donc, «l'intention vaut l'action»! dit l'adage, et je vous invite ainsi à aller droit au but et de ne plus essayer de dribbler le tribunal qui a fait preuve de beaucoup de largesses avec vous! Alors, soyez honnête, au moins avec vous-même, vous n'avez rien à gagner, au contraire, en agissant ainsi, vous vous éloignez de la bonne impression de ce matin! Le procureur lève soudain la main, signe qu'il voudrait dire deux mots. De la tête, la présidente est d'accord: cela lui permettra de souffler un moment, avec tout ce qu'elle endure avec cet énergumène. Le parquetier trouve que le tribunal en fait un peu trop avec ce jeune égaré, car dit-il, amèrement, «Madame la présidente est à saluer avec tout de qu'elle a entrepris, et vous avez tous les pouvoirs y compris celui de le relâcher en fin d'audience, mais il ne faudrait pas que cela ait une image négative de la justice qui sait où frapper et quand, il faut le faire. Alors, je demande un comportement d'homme de l'inculpé qui a intérêt à aller vers le respect dû à tout le tribunal. Je comprends aisément que Saoudi.L. n'ait pas d'avocat, mais tout de même, un minimum de réflexion doit animer le détenu!»
Cette intervention avait un air de tentative de sauvetage de la «noyade» qui allait avaler l'inculpé lequel semble être fouetté et donc, réveillé. Mais voilà que Saoudi qui commence par verser des larmes, un torrent de larmes qui jette l'émoi dans la salle d'audience. Des larmes, nous l'avons vite deviné, étaient des larmes de regret, surtout après la sèche intervention du procureur qui a su piquer l'inculpé en employant le mot «homme», et le tir a fait mouche, sans trop viser la cible immobile et... résignée, puisque la juge a vite compris le pourquoi de ces larmes: «Allons, allons, ce n'est pas la peine de vous causer des soucis. Il y en a suffisamment!» tonne la magistrate qui croit deviner un virement de comportement encourageant du malfaiteur en herbe, à sauver impérativement et surtout sans perdre de temps.
Elle dit en direction du parquetier, visiblement heureux de son intervention, qui fait partie du boulot du ministère public, que beaucoup de citoyens appellent «l'enfonceur», sous-entendu qu'il n' est là que pour réclamer des peines d'emprisonnement ou des amendes sonnantes et trébuchantes:
«Monsieur le procureur, vous avez la parole, quoique je reste persuadée que vous avez déjà débité le réquisitoire qui a fait, j'en suis sûre, son effet!». Et il dira quelques mots pour fustiger le vol et les méfaits punis par la loi. Mais les faits étant têtus, il demandera une peine de prison de six mois fermes! Sur le siège, la juge transcrit le dispositif, inflige la peine réclamée par le parquetier, mais accorde le sursis, prenant en considération, le fait qu'il soit un jeune délinquant primaire, qui a regretté son fâcheux geste.

De Quoi j'me Mêle

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