L'Expression

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Une tragédie vécue chaque été

Noyades dans les gueltas

L'Etat pourrait, à travers des programmes multisectoriels, recourir à la réalisation de piscines par communes.

D'aucuns se souviennent certainement de ces spots publicitaires télévisés mettant en scène une noyade d'un jeune dans un barrage. Passant à des heures de grande audience, il avait réussi à marquer plus d'un. Le spot devrait avoir attiré votre attention, puisque le personnage principal dans cette vidéo de sensibilisation sur les risques de la baignade dans les barrages et retenues collinaires, est interprété par le météorologiste et présentateur-météo vedette, Cheïkh Ferhat. Un spot qui ne renseigne, cependant nullement, sur l'ampleur de la tragédie que couvent nos villes de l'intérieur, spécialement dans les Hauts-Plateaux et dans certains endroits du Grand Sud aussi. Pourtant, il s'agit d'une tragédie à peine dévoilée au grand jour.
À peine si quelques médias s'intéressent à l'hécatombe, qui fait pourtant, des dizaines de morts chaque année, voire même plus. Il y a quelques jours, à peine, les plongeurs de la Protection civile repêchaient les corps inanimés de trois enfants, venus se baigner dans le petit barrage de Sayada situé dans la commune d'El Gor, daïra de Sebdou. La scène était émouvante. Pareilles séquences vidéos essaiment les réseaux sociaux montrant des citoyens anonymes, appuyant les pompiers, à la recherche des corps d'enfants noyés dans des barrages, bassins et autres retenues collinaires.
Selon un bilan provisoire de la Protection civile, au moins 55 personnes, dont des jeunes et des enfants de bas âge ont trouvé la mort dans des barrages et autres mares et retenues d'eau, durant la période du 1er mai jusqu'au 06 du mois de juillet 2022, dans les villes de l'intérieur du pays. Ce sont plus de 70 personnes à avoir trouvé la mort en 2021. Au cours de l'année 2020, l'on notera près de 80 victimes noyées dans ces espaces de risques majeurs durant une période s'étalant du 1er juin au début du mois d'octobre. Parmi ces personnes, dont des enfants et des jeunes à la fleur de l'âge, on notera une soixantaine de noyés dans les mares d'eau et les retenues collinaires, de toutes sortes et une dizaine dans les barrages protégés. Principales victimes de ces véritables espaces de la mort, les enfants et les adolescents, à la recherche de fraicheur et de loisirs, continuent d'affluer sur ces espaces malgré les mises en garde. Les voyageurs empruntant les anciens axes routiers et les Routes nationales menant vers les villes de l'intérieur, sont frappés par cette nuée de jeunes et d'enfants se rafraîchissant dans les amenées d'eau, desservant les champs et les exploitations agricoles. Communément appelées «Gabarits» par ces jeunes, ces espaces ont également vu des décès par noyades. Dans les villes de l'intérieur, le quotidien des jeunes et des enfants ne ressemble pas à celui des enfants du littoral. N'ayant pas accès à la mer, ni aux infrastructures de loisirs, telles les piscines et les jeux aquatiques, ils se rabattent sur ce qu'ils ont sous la main.
Dans les villes de Relizane, Sidi Bel Abbès, Saïda, Tissemsilt, Tiaret, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Guelma, Khenchela, etc.... les plus petits se rabattent sur les fontaines publiques d'eau et les jets d'eau des places publiques. Mais c'est compter sans l'intransigeance de la force publique, qui intervient systématiquement pour les en dissuader.
Les noyades dans ces espaces collinaires sont devenues, au fil du temps, un véritable drame endeuillant, de plus en plus, de familles dans les villes de l'intérieur du pays. Mais comment expliquer un tel phénomène, si l'on sait que des campagnes de sensibilisation et d'informations au sujet des risques de la baignade dans les eaux dormantes et boueuses des oueds, retenues d'eau et des barrages? Face à la canicule de ces dernières années, les enfants et les jeunes sont, de plus en plus, attirés par ces structures collinaires.
Des enfants inconscients du danger qui les guette dans ces eaux boueuses. Bien que la responsabilité des parents et autres composants de la société civile soit pleinement engagée dans ce drame, il n'en demeure pas moins que les responsables, à différents échelons, en assument également une grande part. Cela, bien que des campagnes de sensibilisation aient été menées conjointement entre la direction générale de la Protection civile et l'Agence nationale des barrages et des transferts (Anbt). Il semblerait que cela soit insuffisant, puisque d'autres acteurs névralgiques restent absents de cette problématique. C'est le cas de la Solidarité nationale qui dispose d'outils majeurs, mais qui n'en profite pas, pour venir en aide à moult secteurs. Des programmes de ce secteur peuvent être réorientés pour venir en aide aux populations enclavées.
Il y a quelques jours, la chaîne de télévision publique a diffusé des images mettant en scène des dizaines d'enfants issus des communes de la wilaya de Tissemsilt, se baignant dans une piscine d'hôtel, à l'initiative de la direction du tourisme de cette wilaya. Le JT du jour suivant, sur la même chaine publique, le secteur de la jeunesse a été également à l'honneur, mettant en scène l'ouverture d'une piscine olympique aux enfants de la wilaya d'Ouargla. Grande fut la joie de ces jeunes et enfants de cette wilaya. On pouvait lire la joie immense dans les yeux luisants de ces petits chérubins, qui se prêtaient volontiers au jeu des questions/réponses de la journaliste de l'Entv.
Des moments magiques, somme toute. En effet, la scène est, on ne peut, plus expressive et chargée d'émotions. Pour certains, il n'y a rien d'anodin dans le fait de voir des enfants de l'intérieur du pays, prendre du bon temps dans une piscine, qui plus est, en pleine saison estivale.
En effet, l'information pourrait être perçue de cet angle, si l'on ne prend pas en ligne de compte, que ce sont des dizaines d'enfants, dont les vies seraient épargnées d'un risque mortel et certain. Des enfants qui n'iront pas se baigner dans les barrages, les eaux stagnantes, les oueds et autres retenues collinaires de toutes sortes, échappant ainsi à un risque fatal de noyade. Au-delà de l'information diffusée par la chaine publique au sujet de ces sorties d'enfants vers les piscines, c'est la valeur de cette activité sur le bien-être de nos chérubins, qui importe le plus.
Une telle initiative qui reste à saluer ne peut, à elle seule, constituer une alternative réelle à ce drame et à cette problématique.
Car, il s'agit de sauver des vies d'êtres humains. Les responsables à l'échelle des wilayas, daïras et communes du pays doivent formuler un état des besoins exhaustif, quant à la réalisation de piscines de grands et petits gabarits. Il faudra également faire l'inventaire des structures (piscines) existantes fonctionnelles ou à l'arrêt, afin d'y remédier ou de planifier la réalisation d'autres. Il n'est pas dit que nos enfants et leurs familles doivent, éternellement et perpétuellement, vivre ces drames affreux. L'Etat pourrait, à travers des programmes multisectoriels, recourir à un programme de réalisation de piscines par communes.
Un programme qui ne réclamera pas une grande enveloppe budgétaire, étant donné que la réalisation de ces projets dispose d'un lot d'expérience avérée et d'une main-d'oeuvre locale qualifiée.
Des projets de piscines et de complexes sportifs ayant été réalisés, il y a quelques années dans différentes wilayas du pays. Sur un autre registre, le pays dispose d'un bon matelas financier, grâce à la rente pétrolière, qui pourrait profiter à des réalisations utiles, et surtout salutaires.

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