L'Expression

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Hommage à Fouad Boughanem

A Mon ami de toujours

«Je suis désespéré, me disait-il, mais ma porte reste toujours ouverte pour que rentre la lumière des amis dans ce pays.»

Si la mort guérit de toutes les fièvres en donnant quelques larmes qui écartent les profondeurs que même l’incomparable Bordeaux n’arrivera jamais complètement à nous donner l’exactitude de l’utopie, cette croyance a quelque chose encore de possible, peut-être d’aimer les hommes. Quand on se prenait à ce rêve, Fouad, Mahmoudi et moi, on n’oublie pas les merveilles qu’on se prédit et dont nous rêvions, Autre chose plus pétillante, mais quand on meurt seulement…
«Je suis désespéré, me disait-il, mais ma porte reste toujours ouverte pour que rentre la lumière des amis dans ce pays.» Ce pays accroché à tout et à rien en même temps. Il avait cette désespérance et simplicité vaste et habitée…Fouad Boughanem passait la plus grande partie de sa vie dans son bureau, même s’il n’arrivait que vers 10h 30, et devenait particulièrement sensible quand le journal s’éveille. A ces moments je m’éclipse… Mais on passait des heures à écouter de la musique qui vient du salon de chez lui, des heures assis avec l’impression de vivre des instants magiques... Quand il sort chercher encore un verre, il me demandait si c’est vraiment une bonne idée de partir d’Algérie pour vivre ailleurs... Il ne savait pas que moi aussi, j’étais malade, je ne le lui ai jamais dit. C’est cela être habité. Un salon, une table, des livres, quelques photos, pas vraiment des souvenirs, juste une mémoire douce et voluptueuse. Il aimait déambuler en peignoir au gré de son inspiration dans l’intimité de sa maison. Là, il me demandait toujours des conseils pour son prochain voyage… Je redoublais d’imagination pour les lui réaliser en sorte de VIP, mais toujours partant en famille.
Devant la mer, avec des arbres qui sentent l’humus ou le cep des moments des vendanges. Quand il revenait, il me disait : « J’étais comme un prince. Il n’y avait nul pouvoir. J’étais seul des heures entières à l’abri du vent ou du soleil. C’est ma moisson à moi ses moments merveilleux. Ça m’aide à supporter l’inconstance des hommes. » Fouad était un sensuel, pas un jouisseur. Ce sont ses pieds qui le rendaient léger et le réjouissaient de ses promenades sur la carte engourdie de l’Algérie...Il savait tout. Il avait tous les secrets du pouvoir. Il haïssait la famille Bouteflika qui fourmille de mille petits détails, de souffles de rumeurs et de détournements illicites de travers. « D’imposture » comme le disait sérieusement Mohamed Benchicou. Grégaire de troupeaux humains.J’ai peut-être une image trop simple de cet homme, démystifié peut-être, mais c’est toujours comme ça que meurent les hommes. Mais quand ça nous arrive on se demande si c’est bien ça la nature terrible ou fascinante. Le reste est envahi par le silence, le doute et le pardon. Au revoir Grand Monsieur !

De Quoi j'me Mêle

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