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Marocogate

Le chef d’orchestre passe aux aveux

Panzeri dénoncera tout le monde, même ceux dont les noms ne figurent pas encore dans les dossiers de la Justice belge.

L'étau se resserre autour du Maroc dans le dossier de la corruption au sein du Parlement européen. Le principal accusé dans le scandale qui a ébranlé la démocratie européenne, l'ex-eurodéputé italien, Pier Antonio Panzeri, va tout déballer à la Justice belge. Il a «reconnu avoir été l'un des dirigeants d'une organisation criminelle (...) en lien avec le Maroc». C'est sur cette base qu'il a conclu un accord, semblable à celui signé par des maffiosi italiens et qui a abouti à une vague spectaculaire d'arrestations dans les milieux criminels. La Belgique a reproduit la même législation que l'Italie. Sa Justice va accorder une importante remise de peine à Panzeri. Sur les cinq années d'emprisonnement qu'il risque, il n'en passera qu'une seule ou moins derrière les barreaux, puisqu'il peut bénéficier de la mesure du bracelet électronique. Autant dire que le chef d'orchestre du complexe réseau de corruption sera «exfiltré», contre des aveux complets.
Une véritable bombe à retardement qui fera d'énormes dégâts dans les institutions de l'Union européenne et dans l'administration makhzenienne. Pour cause, l'ancien élu n'a aucun intérêt dans une dérobade. Il s'est engagé auprès des enquêteurs à révéler l'identité des cadres européens qu'il a lui-même corrompu pour le compte de Rabat. Il dénoncera tout le monde, même ceux dont les noms ne figurent pas encore dans les dossiers de la Justice belge. Le parquet fédéral promet de lui soutirer des révélations «substantielles, sincères et complètes». La détermination des enquêteurs est on ne peut plus solide. L'accord conclu par Panzeri est d'autant plus sérieux que son avocat évoque ouvertement une négociation avec le parquet. «Une peine de cinq ans sera prononcée, mais avec du sursis pour la partie excédant un an. Cela veut dire qu'il va subir un an en détention, dont une partie sous bracelet électronique», a affirmé Me Kennes. L'ex-eurodéputé s'en tire, faut-il le noter, à très bon compte, même si au passage, il paiera le million d'euros, fruit de ses activités criminelles. On peut estimer que le prix de la corruption n'est pas cher du tout, sachant tout le mal qu'a provoqué Panzeri. Mais l'objectif de la Justice consiste à «épargner» le chef, pour débusquer tous les membres du réseau qui, pendant des décennies, ont servi d'autres maîtres que les peuples qui les ont élus. Cela dit, la conviction des enquêteurs est que le Parlement européen n'est pas la seule «niche» de la corruption. Ils attendent de Panzeri qu'il les mette sur la piste d'autres institutions européennes. Dans la haute administration de celles-ci, dans les commissariats, les nombreuses vice-présidences, voire au sein de la présidence de l'UE. Le réseau tissé par l'ex-eurodéputé est complexe et ses ramifications débordent sur les gouvernements des pays membres de l'UE. Des hommes politiques, aujourd'hui insoupçonnables, seront cités dans ce dossier qui débouchera sur d'innombrables autres affaires. Et pour cause, Panzeri n'est pas le seul à passer au aveux. Ses trois complices, Francesco Giorgi, assistant parlementaire, Mme Kaili, compagne de ce dernier, et Niccolo Figa-Talamanca, un autre responsable d'ONG donneront des noms, des adresses et des numéros de comptes en banque. Il va de soi que cette affaire suscite beaucoup d'appréhensions dans les milieux politiques européens. Il semble, cependant, que l'on ne veuille visiblement pas l'étouffer, dans l'optique d'extirper définitivement le mal qui ronge les institutions de l'UE. Même si des députés continuent à faire de la résistance, au regard de certaines attitudes timorées pour condamner le manquement aux droits de l'homme par le Maroc, l'intérêt de l'Europe est d'en finir avec la corruption. Cette détermination qu'exprime la Justice belge provoquera un séisme politique majeur au pays de Mohammed VI qui est en passe de perdre ses soutiens au sein de toutes les institutions européennes et même dans les lieux de pouvoir de certains grands pays occidentaux. Cela, en attendant qu'éclate un autre scandale aux Etats-Unis d'Amérique. Car, dans les révélations de Panzeri et ses trois collaborateurs, il n'est pas interdit de penser qu'il existe des connexions entre des réseaux travaillant ensemble pour le Makhzen à Washington, à New York, au siège de l'ONU et ailleurs...

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