Zoubida Charaf-Eddine : la noblesse à l’état pur
On se demande encore, en 2024, comment on pouvait se passer des services de grands magistrats pouvant encore donner, servir, et offrir à la magistrature, autant de connaissances acquises durant des décennies entières?
La retraite est normalement accordée aux gens vidés, incapables d'apporter le plus attendu par la chancellerie, ou vraiment atteints et décimés par l'âge. De multiples exemples nous ont gâtés pendant longtemps. Or, nous savons très bien que plus d'un tiers de la magistrature est formé de femmes. Et quelles femmes!
Excusez du peu, car si nous devions citer quelques exemples, toute la page «Tribunaux» de notre canard ne suffirait pas. Aujourd'hui, nous allons évoquer une très grande magistrate, douée, calme, compétente, vigilante, douce et surtout humaine. Il s'agit de la magnifique juge à la Cour suprême, aujourd'hui, hélas pour les puristes, retraitée, Zoubida Charaf- Eddine!
Présidente de la cour de Guelma, elle a laissé une empreinte indélébile avant de participer, d'une manière très active, au Conseil supérieur de la magistrature, où elle y a siégé, impérialement et largement élue par ses pairs, de Tébessa à Maghnia en passant par Tam, Médéa et El Meniaâ. Et encore, nous assistons à des audiences présidées par des «saintes», dignes héritières morales des Zoubida Charaf-Eddine, Sihem Béchiri, Farida Slimani, Yasmina Benzadi, Djamila Chabane, Fella Ghezloun, Yamina Guerfi, Samia Bouachioume, Nadia Amirouche, et autres Farida Bouamrane, Naïma Dahmani, Chafia Abed-Maâlem, Soumia Kassoul, Fazia Gaceb, Sofia Ouhida, Fatiha Fellah, Sihem Benmelouka, Ghania Keddache, Nassima Oudaïnia, Akila Bouacha, Meriem Touil, Rabiâ Bouamrane, Bahia Allalou, Kouroulghli, Hadjer Benyezzar, Yamina Ammi et, plus près de nous, Amel Kara, Samia Bousseliou, Sarah Tabarourt, Kahina Fetnous et Maroua Derrar... Et pour ne pas changer, Charaf-Eddine, cette grande dame de la magistrature voulait avoir, avec le style et le panache qui lui allaient si bien, sous les yeux, tous les éléments du dossier, avant d'entreprendre la marche vers la recherche de la vérité. Classe, charme, vision claire, compétence, maîtrise de soi et, surtout, c'est important de le souligner, humaine: c'était un peu tout cela, l'élégante et charmante Zoubida Charraf - Eddine, qui mène, depuis l'antique Thevest, une vie où l'insouciance se mêle à l'engagement de la magistrature qu'elle n'a jamais quittée pour de vrai, même si, aujourd'hui, elle suit son évolution et, par ricochet, les premiers bourgeons de l'indépendance de la justice, cette pièce maîtresse de la magistrature, seule garante de la magnifique splendeur des magistrats et de tous les corps partenaires et auxiliaires. N'est-ce pas Douniazed Guellati, vous qui l'aviez côtoyée à vos débuts?