Ressuscité, le juge
Il y a bien longtemps de cela, un grand juge du siège, qui fit preuve d’un esprit d’indépendance vis-à-vis de ses supérieurs qui ne lui arrivaient même pas aux chevilles.
Il fit l’objet d’un véritable guet – apens à la « maison-même » où il bossait, fut rapidement entendu par les services de sécurité qui étaient en pleine campagne
d’ « épuration », un inspecteur du ministère de la Justice, qui envoya aussi rapidement le magistrat devant le tribunal criminel de Bouira, dont les trois magistrats, avaient de suite compris que le dossier était pratiquement, vide.
Par conséquent et logiquement, le juge fut acquitté définitivement après trois comparutions, espacées dans le temps, histoire de faire comprendre à cette dure tête pleine , qui commandait à El Biar !
Le représentant du ministère public interjeta appel, et quelques mois après, rejugeant le juge acquitté : un autre acquittement fut prononcé par une autre composition.
Précisons que le défunt papa du magistrat acquitté s’était écrié, après avoir lu sur notre canard, l’acquittement de son fils : « C’est bien comme nouvelle que cet acquittement. Mais, j’aurais aimé savoir quand il a été poursuivi, interrogé, et accusé ! » La légitime question par le papa fut posée au frère ainé du juge malmené. Motus !
Le paternel qui a été longtemps diplomate comprit vite l’embuscade, car il connaissait bien ses enfants. Ils étaient incapables de mal tourner, d’oublier l’éducation familiale et tutti quanti ! Comme le magistrat qui a été suspendu, non pas pour avoir commis le crime de corruption, il fallait lui confectionner un dossier avalable.
Pour ce faire, on lui mit entre les « pattes » une femme, une honorable avocate, petite-fille d’un moudjahid, tombé des nues lorsqu’il apprit que D.Z.cette femme mère de famille, fera un lucide témoignage, qui conduira à l’acquittement pur et simple du juge.
Le pauvre juge du siège restera cinq années suspendu, puis réintégré dans son poste, mais à mille quatre cents km du lieu, où il exerçait jusqu’à sa suspension.