L'Expression

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Ils sont exploités dans des travaux de recyclage

Les enfants du plastique

Des chasseurs de plastique à Annaba, pour rentabiliser leur activité, exploitent des enfants dont l’âge ne dépasse pas les 12 ans.

Âgés entre 8 et 12 ans, des enfants, à Annaba, sont les nouvelles recrues dans l'activité du ramassage des déchets plastiques. Un créneau initialement pris en charge par des adultes qui, malheureusement, sans scrupule aucun, embauchent des écoliers pour gonfler le tonnage de leurs ventes aux récupérateurs activant dans le recyclage des déchets plastiques. La minimisation du ramassage du plastique par les enfants semble devenir un phénomène social, ignoré en amont et en aval par la société. Fermer les yeux sur une telle situation dénote l'inconscience quant aux dangers que représente cette activité pour, d'une part, la santé des enfants et d'autre part, sur leur avenir scolaire. Pour ceux qui ignorent la gravité de la chose, la récupération des déchets en plastique est une activité consistant à trier et extraire manuellement ce matériau recyclable, dans les décharges légales et illégales, aux dépôts et sur, voire sous, les piles de déchets, dans les poubelles. Quand cette activité est pratiquée dans les poubelles, on utilise l'expression «faire les poubelles». C'est malheureusement le cas des enfants dans nos villes, à Annaba entre autres. Cette activité est fréquemment insalubre, souvent risquée, mais exercée par des adultes. Et le regard porté par la société sur les personnes qui ramassent les déchets, dont le plastique, est souvent dépréciatif. Sauf que cette activité est, généralement, pratiquée par ceux qui n'ont guère d'autres choix, en raison de leurs conditions sociales. À l'exception de quelques cas de personnes le faisant dans le cadre de l'économie du recyclage. Ces personnes, appelées les récupérateurs, disposent d'espaces d'entreposage et de moyens matériels de transformation mais ne disposent pas d'équipes de ramassage et de tri de déchets.
Ramasseurs de plastique
Les récupérateurs rachètent, pour la plupart d'entre eux, les déchets auprès des foyers, ce qui leur permet d'obtenir des déchets moins souillés. Ces ramasseurs de plastique sont payés par les récupérateurs. Le ramassage s'effectue dans les bennes communautaires ou dans les rues, en particulier aux abords des marchés ou dans la décharge publique en l'occurrence. Sauf que l'accès à ce lieu de prédilection n'est pas libre. Les chasseurs de plastique ont trouvé une alternative à cela, en embauchant des enfants, moyennant quelques dinars.
Des sous qui sont beaucoup pour des enfants, dont les parents n'ont pas la notion d'argent de poche. Autant de notions élémentaires ne figurant pas dans l'échelle des valeurs de l'éducation de nos enfants, dont notamment «vivre son enfance avec tous ses droits». Loin de la surveillance parentale, ces enfants sont la proie de toutes formes d'agressions. L'exploitation en est une forme ancrée dans la société, qui permet que des enfants activent dans le ramassage des déchets, dont le plastique. Des dizaines de cas sont visibles à l'oeil nu, à l'image de Aymen et de ses deux camarades de classe.
De plus en plus d'écoliers ont investi le domaine du ramassage du plastique, à Annaba. Depuis quelque temps, des enfants entre 7 et 11 ans sont entrés en scène pour s'adonner à la collecte des bouteilles en plastique, au profit d'autres personnes, elles-mêmes exerçant le ramassage du plastique. Les raisons, pour la plupart de ces enfants, n'ont aucun rapport avec la pauvreté. Certes, certains sont issus de familles moyennes, mais la motivation est plutôt liée aux besoins des enfants, l'achat de jeux, entre autres et surtout copier leurs aînés parmi les frères. Tels sont les cas d'Aymen et Firas, l'un pour acheter sa console de jeux et l'autre pour s'acheter tout ce dont il a besoin, comme son frère. «J'ai ramassé deux grands sacs de bouteilles en plastique», a dit le petit Aymen, tout content. «C'est beaucoup?» lui demande-t-on, « Oui, mais j'ai gagné en une seule journée 380 DA», répond-il tout fier de lui, parce qu'il va pouvoir économiser pour acheter une Playstation. Interrogé sur la position de ses parents, le gamin nous révèle qu'il fait cela à leur insu. Avec ses copains, Aymen, qui est en classe de 5ème, ratisse, régulièrement avec des sacs poubelles, les différentes cités urbaines du Pont Blanc, Oued Forcha et jusqu'aux cités de la plaine Ouest. Profitant de la mesure des cours par groupes, imposée par la situation sanitaire due à la Covid-19, il passe sa demi-journée à ramasser des dizaines, voire des centaines de bouteilles en plastique, vendues à raison de 1 DA l'unité. S'il s'agit d'une grande pièce, telle une chaise cassée entre autres, le prix est de 25 DA. Une aubaine pour ces enfants, livrés à eux-mêmes en l'absence du contrôle parental. «À qui vends-tu toutes ces bouteilles?», lui demande-t-on.
Le crime
Avec l'innocence d'un enfant de son état, il nous dit: «à Aâmi Nabil». Nous avons cherché après lui et il s'est avéré lui-même être un ramasseur et revendeur de plastique aux récupérateurs versés dans le recyclage. Un recyclage, même s'il est un bienfait pour l'environnement, qui demeure un crime quand des enfants sont exploités pour sa protection, même de manière indirecte. Cet état de fait désolant nécessite la sensibilisation des familles et des institutions de l'État.
Il faut que tout le monde soit informé sur cette situation, afin de prendre les mesures nécessaires contre les injustices dues au travail des enfants. Trop souvent, les familles ne s'opposent pas assez au travail des enfants. Fréquemment, ces dernières estiment que le travail est une activité plus appropriée pour les écoliers.

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