Les codes de Hadjer
Hadjer Benyezzar aujourd'hui magistrate retraitable à la Cour suprême, était au Palais de justice d'Alger, présidente de la section correctionnelle, avec comme représentant du ministère public, Hocine Mouzali, le barbu éternel frappé de son joli sourire franc.
Un beau jour, ce duo de magistrats allait faire connaissance avec une star du foot national! Ce lundi pourtant, la juge, très matinale comme d' habitude, entra dans la salle des juges et continua ses recherches, des codes qui lui sont utiles, avec le secret espoir d'être à l'heure à l'audience! Elle mit de l'ordre dans ses chemises et chercha durant encore 10 minutes environ, ses codes. Il faut vite préciser que ses livres de droit étaient utiles et nécessaires dans certains cas, lorsque des plaideurs s'embourbent dans le droit.
Soudain, elle faillit crier, s'écrier, appeler Police-- Secours car ils étaient bien là, la veille, lors de la mise en examen des dossiers de la semaine passée. Elle pensa haut: «Je sais qui les a pris.
Ça ne peut être que lui. «Et, selon la magistrate, lui n'est autre que le procureur Mouzali, le sympathique Hocine à qui il arrive de temps en temps de jouer au boute en train, histoire de dégeler une ambiance électrique à la barre. Heureusement qu'il n'était pas sur place au moment de la réflexion de H.Benyezzar, en colère, certes, mais tolérante. Elle était seulement contrariée pour le moment.
Elle chercha longtemps les bouquins dont elle ne pouvait se passer
Et voilà notre procureur qui venait d'arriver! Le jovial magistrat enfila prestement sa robe, tout en distribuant des «Salam âlikoum, comme seuls savent le faire des barbus.
«Monsieur le procureur, avez - vous vu mes codes, svp?
«Bien sûr, Madame la présidente, vous les aviez mis dans le placard commun, hier, avant de sortir en coup de vent.
-C'est curieux! J'ai complètement oublié, maintenant que j'y pense. Merci, Monsieur le procureur! «Elle prit la clé du placard commun, ouvrit, s'empara rapidement des codes, et revint à ses occupations premières. Elle se tut.
Elle aurait voulu s'excuser mais l'ego de la femme a dépassé de loin celui de la solide magistrate qu'elle fut. Ah, cet ego!