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Retour sur l’affaire de l’escroquerie d’étudiants algériens

Arnaque et… influence

11 personnes ont été placées sous mandat de dépôt, dont les influenceurs, Rifka, Numidia Lezoul et Stanley.

Le fils d'une ancienne députée, des influenceurs et des étudiants escroqués! Un scénario digne d'un film hollywoodien qui est en train de défrayer la chronique en Algérie. En effet, en ce début 2022, de jeunes Algériens partis étudier à l'étranger ont dénoncé via les réseaux sociaux une arnaque dont ils ont été victimes. Croyant être partis faire des études dans de grandes écoles à l'étranger, qu'ils ont payées rubis sur l'ongle (jusqu'à 700 millions de centimes pour certains), ils se sont retrouvés dans des ghettos à étudier dans des universités pour personnes aux besoins spécifiques! Pis encore, d'autres ont été carrément expulsés des logements et des universités, du fait que l'agence qui était censée les prendre en charge n'a pas payé les frais, qui sont pourtant minimes par rapport à ce qu'ils ont déboursé (environ 2500 dollars).

Les «secrets»...
Ayant vu toutes les économies de leurs familles partir en fumée, certains se sont retrouvés dans la rue sans pouvoir renter au pays. Surtout que, selon les témoignages, «la propriétaire de l'agence qui se targuait du bras long de sa mère, leur a confisqué leurs passeports et les originaux de leurs documents tels que le diplôme du baccalauréat». Plusieurs centaines de personnes ont été victimes de cette fausse agence qui a changé plusieurs fois de noms commerciaux, durant ces trois dernières années.
Mais comment autant de personnes ont-elles pu tomber dans le panneau durant toute cette période? La réponse est simple: l'arnaque a été parfaitement élaborée. En plus de changer de nom et de jouer sur ses prétendues relations, le jeune escort a fait appel à des stars des réseaux sociaux pour faire la promotion de ses produits. Il a choisi les «influenceurs» avec les plus suivis en Algérie par les jeunes, en l'occurrence «Rifka», «Stanley», «Numidia Lezoul» et l'adolescente star «Ines Abdeli». Ils ont, bien évidemment, reçu de gros chèques en contrepartie des publicités qui lui ont fait sur leurs réseaux. «Des chèques de 35 millions à 500 millions leur ont été remis», avoue Oussama Rezagui, la principale accusée dans cette affaire. «Futur gate» aurait donc pu continuer de gâcher le futur d'autres jeunes, si un groupe de victimes n'avait pas décidé de casser la loi de l'omerta en ce début d'année. Ils ont raconté leur calvaire sur les réseaux sociaux, avant que d'autres influenceurs ne se saisissentt de l'affaire pour faire entendre leurs voix, à l'image de «Nahla TV». La presse nationale a pris le relais avant que la justice ne s'empare de l'affaire. Une enquête a été menée en catimini par la police nationale qui a rassemblé toutes les preuves nécessaires contre les accusés, en l'espace de deux semaines. Mardi dernier, ils ont tous été convoqués dans les locaux de la police nationale avant d'être présentés par-devant le juge d'instruction du tribunal de Dar El Beïda.

Des charges lourdes!
Le parquet a ordonné le placement de 11 mis en cause en détention provisoire et de trois autres sous contrôle judiciaire. Pour le moment, 75 étudiants se sont portés partie civile. Un appel à témoin a été lancé, afin que d'autres victimes viennent s'ajouter à cette longue liste. Le procureur de la République principal près le même tribunal, Réda Fakir, a précisé, lors d'une conférence de presse animée jeudi dernier, qu' «après l'audition des accusés et des victimes pendant près de 13 heures, le juge d'instruction a ordonné le placement de 11 mis en cause en détention provisoire et de trois autres sous contrôle judiciaire». Parmi eux, les trois influenceurs, à savoir «Rifka», «Numidia Lezoul» et «Stanley». Etant mineure, Ines Abdeli est placée sous contrôle judicaire. Les charges qui pèsent contre ces mis en cause sont très lourdes. « Ils sont poursuivis pour des actes à caractère criminel et délictuel», a précisé le procureur. « Il est demandé au juge d'instruction «de délivrer des commissions rogatoires nationales et internationales, ainsi que des mandats d'arrêt internationaux», a-t-il ajouté. «Ils sont accusés d'avoir recouru à la tromperie, aux mensonges et à des manoeuvres frauduleuses», soutient-il. «Cela sous couvert d'une société commerciale dénommée Eurl Inside.Com qui dispose de plusieurs dénominations fictives, telles que Future Gate, à travers l'usage de spots publicitaires promotionnels et attractifs sur les pages des réseaux sociaux», a poursuivi le procureur de la République. La société fictive avait promis à ses victimes de leur assurer un visa et un accompagnement à l'aéroport international Houari Boumediene, en plus de l'entrée au niveau du pays d'accueil, et leur inscription à l'université.

Des biens illicites
Les investigations de la police judiciaire ont démontré que ladite société avait obtenu des fonds en monnaie nationale et en devise, et traite avec des bureaux à l'étranger, en coordination avec des personnes de différentes nationalités supposées assurer le paiement des frais, et ce avec la participation d'influenceurs connus, via les réseaux sociaux qui ont contribué dans une large mesure à faire la promotion de cette société écran en Algérie et à l'étranger.«Les enquêtes préliminaires approfondies ont aussi démontré l'exploitation de certaines victimes qui s'étaient rendues dans ces pays étrangers dans le cadre des études dans des affaires douteuses, après épuisement de tout l'argent qu'elles avaient réservé pour retourner au pays», est-il encore précisé. La police judiciaire a permis «la saisie de plusieurs biens et fonds illicites que détenaient les membres de cette organisation criminelle». Cette grosse affaire pourrait en entraîner d'autres et ainsi faire le ménage au niveau de ce nouveau «métier» que sont les influenceurs. Il s'agit d'un monde opaque où l'argent coule à flots! Certains sont même devenus des mercenaires des temps modernes. L'État a donc sonné la fin de la récréation...

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