L'Expression

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L’E-Administration connaît un bond remarquable ces derniers mois

Une révolution à achever…

Retrait des documents administratifs en ligne, paiement des factures…Des services digitaux qui sont en train d’améliorer le quotidien des citoyens, mais certaines mises au point demeurent…

Énervé, stressé et presque hors de lui! C'est l'état d'esprit dans lequel se trouvait, hier, Nabil. Ce n'est pas la crise financière ou le manque de marchandise qui a mis en grogne ce commerçant dans l'Algérois. «Je dois me rendre à la mairie pour retirer des extraits de naissance nécessaires à mes enfants pour qu'il puisse faire du sport», explique celui qui était en train de supplier l'un de ses amis pour faire cette «corvée» à sa place. «C'est toujours un calvaire, à chaque fois, je perds la moitié de ma journée pour ces petits papiers et je finis par m'énerver et m'accrocher avec les agents de l'état civil», explique-t-il avec beaucoup de dépit. Aucune personne n'ayant accepté ce «sacrifice», même contre de l'argent, il se rend à l'évidence. Il doit le faire lui-même. Il prend son mal en patience et se dirige vers l'APC de sa commune. Là, c'est le choc! Une foule immense est regroupée à l'entrée.
Un extrait de naissance en un clic
La majorité est au guichet des extraits de naissance. «C'est un cauchemar», lance-t-il presque, les larmes aux yeux. Il demande alors à l'agent de sécurité s'il y avait moyen de s'arranger. Ce dernier répond que c'était impossible au vu du nombre important de personnes qui attendaient.
«Bessah waâlache madjbatouche men Internet» (mais pourquoi tu ne l'as pas retiré par Internet?, Ndlr), demande l'agent de sécurité. Nabil ne comprend pas. Il lui explique que depuis la fin décembre 2020, il était possible de retirer en ligne certains documents d'état civil. Il s'agit des actes de naissance, de mariage ou de décès. «Fel site du ministère taâ dakhliya tsibe» (tu trouveras le lien dans le site du ministère de l'Intérieur), rétorque un autre agent. Sceptique sur l'efficacité de la plate-forme, Nabil, choisit toutefois de tenter sa chance. Il n'a pas le courage d'attendre son tour pendant des heures. De retour au magasin, il se connecte sur le www.interieur.gov. dz mais il ne sait pas comment ça marche. Un ami lui propose de faire une petite recherche sur YouTube pour trouver des tutos qui expliquent la démarche à suivre. Il est surpris de trouver plus d'une dizaine faits par des internautes. Ils sont très clairs, avec des captures de chaque étape. Il suit les conseils énumérés dans la vidéo.
La justice s'y met aussi...
Il commence par s'inscrire en saisissant les données nécessaires, à savoir le numéro d'identification nationale, le numéro d'un document biométrique, l'émail et le numéro de téléphone. Ensuite, on lui demande de saisir les données relatives aux documents demandés. Ainsi, après la finalisation de ces deux étapes, le document contenant toutes les données que celles retirées auprès des guichets d'état-civil et ayant la même valeur juridique sont envoyées sur son émail. Il lui suffit maintenant juste de l'imprimer! Cela aura pris à peine cinq minutes, sans avoir eu à se déplacer. Mieux encore, il a accès à ce service 24h sur 24, 7 jours sur 7. Nabil n'y croit pas ses yeux. Il s'exclame: C'est une vraie révolution!».
Effectivement, après avoir numérisé toute la base de données de l'état civil, l'Algérie franchit une nouvelle étape dans la e-administration. Ce retrait en ligne de certains documents va considérablement améliorer le quotidien des citoyens et diminuer la pression «bureaucratique» qui pèse sur eux. Une transformation qui fait déjà des émules puisque la justice a elle aussi lancé, lundi dernier, son service électronique. Il concerne le retrait des casiers judiciaires qui peuvent se faire à partir de son fauteuil, 24h sur 24,7 jours sur 7. Il suffit d'accéder au portail en ligne www.mjustice.dz. Contrairement au retrait de l'acte de naissance, il vous est demandé de créer un compte. Une série d'informations personnelles vous sont demandées. Cela ne prend que quelques minutes. Néanmoins, il faut attendre 24 h après la création du compte pour pouvoir l'utiliser. Le temps de vérifier les informations nécessaires. Une fois le compte créé, il vous suffit d'y accéder pour avoir votre document signé électroniquement. Vous l'imprimez et il est valable comme celui pour lequel vous devez aller faire la queue pendant des heures pour déposer la demande avant de le récupérer le lendemain.
Des vidéos faites par des particuliers sont disponibles sur YouTube. Nous avons fait l'expérience. L'utilisation est très simple, le site est bien fait, néanmoins, il arrive vite à saturation. Il est souvent inaccessible, particulièrement durant la journée de mardi dernier. Un «bug» se produisait juste après la création du compte. Il nous renvoyait vers une page d'erreur. Il nous aura fallu beaucoup d'insistance pour pouvoir enfin créer ce compte. Cela pourrait s'expliquer par un flux trop nombreux de personnes ayant voulu utiliser ce service en ligne. Cependant, même dans le cas échéant, une solution doit être trouvée afin d'éviter ces petits désagréments. C'est d'ailleurs l'un des gros problèmes dont souffrent ces services en ligne. Car, même le portail du ministère de l'Intérieur connaît souvent ce genre de petits soucis techniques. Chose qui a tendance à décourager les citoyens qui se retrouvent face à des erreurs qui finissent par les agacer. Ils classent directement ce site comme pas fiable. Ils retournent au bon vieux guichet.
Attention aux «bugs»!
C'est là, tout le travail accompli durant plusieurs mois qui est remis en cause. C'est comme un site de vente Internet, si le client voit une ou deux fois le site qui ne marche pas ou qui a un temps de téléchargement trop long, il ne le consultera plus.
Le comportement pour ce genre de services est presque le même. Il est donc primordial d'avoir un suivi régulier et corriger les erreurs enregistrées.
Les services d'e.-paiement proposés par quelques entreprises, notamment les grands facturiers souffrent du même problème. L'exemple le plus concret est celui de la Sonelgaz. Son service de paiement en ligne était considéré par beaucoup d'Algériens comme l'un des plus faciles d'utilisation et l'un des plus fiables.
D'ailleurs, beaucoup ont opté depuis plusieurs mois pour ce mode de paiement qui se fait à partir de leurs ordinateurs respectifs grâce à leurs cartes bancaires respectives. Il offre aussi l'avantage de ne pas payer le timbre fiscal. Jusqu'ici, c'était un exemple à suivre. Sauf que la semaine dernière, le service était inaccessible durant plusieurs jours. Sur le numéro du centre d'appels, les clients sont invités à se rendre à l'agence la plus proche pour payer leurs redevances. «En attendant que le service redevienne opérationnel», s'excuse-t-il.
Renseignements pris, le problème ne venait pas de la Satim, mais du Web marchand. «C'est toujours un problème au niveau de la plate-forme de l'entreprise car il n'y a pas de suivi», nous confie un informaticien qui a développé une solution du genre pour une grande entreprise étatique. «Nous aussi on souffre du même problème», soutient-il. Ce qui, dans ce ça-là aussi, finit par «chasser» les utilisateurs.
Le défi de la pérennisation...
À ce rythme, on n'arrivera jamais à ancrer cette culture du numérique dans les moeurs des Algériens. La pérennisation de projets a toujours fait défaut dans le pays. Cela est d'autant plus valable dans le numérique. À l'exemple d'Elmouwatin Dz: un portail donnant accès à l'ensemble de l'information administrative, lancé en 2011. Il a été complètement abandonné, alors qu'il aurait pu faire office d'annuaire pour tous ces, services en ligne. Aujourd'hui, l'un des ministres du gouvernement a présenté un projet du même genre qui devrait être créé très prochainement alors qu'il existe, il suffit de l'actualiser et de le moderniser.
En fait, ils sont des centaines, voire des milliers de projets très prometteurs à avoir été mis aux oubliettes. Des milliards ont été dépensés, des projets ont été livrés, pour qu'ils soient rangés dans les tiroirs.
La pérennisation est donc un des grands défis que l'on doit relever. C'est le seul moyen d'en finir avec les projets mort- nés... 

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