Fin de visite à Alger du roi de Jordanie, Abdallah II Bin Hussein
Une nouvelle page
Bien que la moisson de cette visite d’État soit assez maigre au plan économique, faut-il en convenir, il n’en demeure pas moins qu’elle conforte la volonté d’entente inter-arabe.
Le volume des échanges entre l'Algérie et la Jordanie ne pèse pas lourd dans le spectre des relations qui lient les deux pays qui s'échange moins d'un demi- milliard de dollars, avec un léger avantage pour la Jordanie. Mais il faut relever qu'Alger et Aman n'ont jamais démenti une volonté commune de donner un sens autrement plus profitable aux deux pays de l'excellence de leurs relations politiques. On retiendra, en effet, quelques divergences sur certains sujets internationaux, mais les ministres des Affaires étrangères de l'Algérie et de la Jordanie n'ont jamais évoqué une quelconque brouille. Le respect mutuel de la position de l'un et l'autre pays a donc permis l'établissement de rapports empreints de sérénité à tous les étages de la responsabilité politique et économique. En un mot comme en mille, on ne comprend pas que le partenariat algéro-jordanien ne soit pas plus développé qu'il ne l'est présentement. De fait, la visite d'État du roi Abdallah II bin Hussein constitue-t-elle l'amorce d'une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. Une dimension d'ailleurs abordée dans la déclaration commune qui a sanctionné cette visite.
Il convient de souligner que l'épisode d'Alger est le fruit d'un travail méticuleux au niveau des gouvernements et des communautés d'affaires. Et c'est cette persévérance, malgré une longue séquence sanitaire qui a bloqué tout le monde, qui a amené la signature, hier, sous la présidence des deux chefs d'État, Abdelmadjid Tebboune et Abdallah II bin Hussein, d'accords et de mémorandums d'entente entre les deux pays.
Le premier texte cosigné par les deux ministres des Affaires étrangères est «un mémorandum d'entente sur les concertations politiques bilatérales», rapporte un communiqué de la présidence de la République. Un aspect qui peut paraître anodin, mais qui constitue, pour l'Algérie précisément, un document important, compte tenu de l'intérêt porté sur la question palestinienne. Il y a lieu d'indiquer à ce propos que les deux Présidents ont évoqué la cause palestinienne et affiché leurs accords sur les résolutions du Sommet arabe d'Alger, concernant cette question précisément. Limitrophe de la Palestine, la Jordanie subit, faut-il le souligner, de plein fouet les impacts du conflit israélo-palestinien. Le maintien d'un contact permanent entre les deux pays permettra à l'Algérie de conserver une forte amitié dans la région ce qui, en soit a son importance politique et diplomatique. Le soutien sans faille à l'état de Palestine et la confirmation de ses frontières de 1967, ont été rappelé par les deux chefs d'état.
Le mémorandum a une dimension concrète puisqu'il est adossé à un autre texte de même nature entre l'Institut diplomatique et des relations internationales (Idri) et l'Institut diplomatique jordanien. L'on s'attend donc à des échanges entre deux institutions de formation dans un domaine aussi pointu que la diplomatie. Il va de soi que la coopération dans ce domaine renforcera, au final, les relations entre les deux pays et rapprochera les visions sur beaucoup de questions d'intérêt bilatéral.
Bien que la moisson de cette visite d'État soit assez maigre au plan économique, faut-il en convenir, il n'en demeure pas moins qu'elle conforte la volonté d'entente inter-arabe. Le roi de Jordanie qui s'est fait représenter par le prince héritier lors du Sommet d'Alger, le 1er novembre dernier, exprime, par ce déplacement son attachement à consolider les relations entre son pays et l'Algérie. Politique prioritairement, compte tenu de l'importance de la question commune, à savoir la cause palestinienne. Économique ensuite, puisque les économies des deux pays peuvent être complémentaires et booster les échanges commerciaux figure dans les agendas des communautés d'affaires des deux pays. Abdelmadjid Tebboune et Abdellah II Bin Hussein ont insisté dans la déclaration commune sur les relations économiques inter-arabes en général et algéro-jordaniennes en particulier. Il faut dire que le niveau d'excellence qu'a atteint l'industrie pharmaceutique jordanienne intéresse fortement les professionnels algériens du domaine et la diversification de la production algérienne, notamment agricole et industrielle, connaît un certain succès à Amman.