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Une fraternité au-delà des épreuves

Alger et Le Caire ont souvent conjugué leurs forces, tantôt dans l’ombre, tantôt sous les projecteurs. Plus unis que jamais, ces deux géants du monde arabe comptent bien relever les défis de la région…

«Frères et amis, même avec des petites querelles !» Cette formule résume le lien complexe et profond qui unit l’Algérie et l’Égypte. Depuis les jours de lutte pour l’indépendance jusqu’aux défis contemporains, Alger et Le Caire ont souvent conjugué leurs forces, tantôt dans l’ombre, tantôt sous les projecteurs. Tout commence lors de la guerre d’indépendance algérienne. En 1954, alors que l’Algérie se soulève contre le joug colonial, l’Égypte se tient résolument à ses côtés. La Déclaration historique du 1er Novembre 1954, annonçant la Révolution, retentit sur les ondes de la Radio du Caire, symbolisant le soutien clair et sans équivoque de l’Égypte au peuple algérien. Ce soutien s’intensifie encore avec l’annonce, en septembre 1958, de la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), également diffusée depuis la capitale égyptienne. Sous l’égide de Gamal Abdel Nasser, alors fervent défenseur des mouvements de libération, l’Égypte devient un havre pour les révolutionnaires algériens. Ferhat Abbas, premier président du GPRA, y fait sa déclaration publique, posant les bases d’une collaboration solide entre les deux pays. L’aide de Nasser ne se limite pas aux mots : des armes transitent vers les rangs du FLN, portant avec elles l’espoir d’une Algérie libre. Une fois l’indépendance acquise, l’Algérie rend la pareille à l’Égypte. En 1967, puis en 1973, Alger répond présent aux appels de soutien du Caire, lorsque la région s’embrase à nouveau lors des guerres israélo-arabes. Houari Boumediene, président algérien, n’hésite pas : chars, avions de chasse, troupes et équipements affluent pour soutenir l’Égypte en première ligne. Des contingents algériens débarquent en Égypte, prêts à combattre aux côtés des forces égyptiennes, symboles de cette fraternité guerrière qui dépasse les frontières. Mais cette fraternité connaît des moments de tension. En 1977, Anouar Al-Sadate, alors président égyptien, se rend en Palestine occupée, lançant des négociations qui aboutiront aux Accords de Camp David en 1979. Pour l’Algérie et nombre de nations arabes, ce rapprochement avec l’ennemi est perçu comme un coup de poignard.
L’Égypte se retrouve isolée, exclue de la Ligue arabe, et Alger rompt ses relations diplomatiques avec Le Caire, un divorce douloureux pour les deux peuples. Ce n’est qu’en 1988 que l’Algérie et l’Égypte entament un processus de réconciliation. Peu à peu, les relations se normalisent et retrouvent leur caractère fraternel. Cette paix retrouvée, toutefois, vacille à nouveau en 2009, lors d’un match de football houleux qui oppose les deux nations. Le caillassage du bus de l’équipe nationale en Égypte entraîne une vague de colère, amplifiée par des campagnes médiatiques virulentes des deux côtés. Heureusement, l’incident ne dégénère pas, et la relation entre les deux peuples est préservée. L’arrivée d’Abdel Fattah Al-Sissi à la tête de l’Égypte en 2014 marque un tournant. Sa première visite officielle à l’étranger, il l’a réservée à l’Algérie, un geste hautement symbolique. Les deux pays se retrouvent autour de questions cruciales, telles que la sécurité régionale. À ce moment-là, l’Algérie fait un geste fort en envoyant plusieurs cargos de gaz naturel liquéfié pour aider l’Égypte à surmonter une crise énergétique aiguë. Ce geste incarne une nouvelle dynamique dans leur relation, celle de l’entraide économique face aux défis contemporains. La Coupe d’Afrique des nations 2019, organisée au Caire, apporte également un vent de fraîcheur. Le triomphe de l’équipe algérienne est célébré sur les terres égyptiennes, un moment de liesse qui transcende les anciennes rivalités.
Mais le ciel entre Alger et Le Caire s’assombrit de nouveau sous les pressions extérieures. Les Accords d’Abraham et la normalisation de certains pays avec Israël représentent un défi pour cette alliance. Des tentatives de sabotage se font jour, visant à semer la discorde entre Abdel Fattah Al-Sissi et Abdelmadjid Tebboune. Pourtant, l’Algérie reste ferme dans ses engagements. Lors de sa visite au Caire en janvier 2022, Tebboune réaffirme que «l’amitié avec l’Égypte est une valeur non négociable». En retour, Sissi participe au Sommet arabe d’Alger en novembre, réitérant la solidarité égyptienne avec l’Algérie. Des initiatives se multiplient pour que l’Égypte et l’Algérie puissent soutenir ensemble la paix, en particulier dans le Moyen-Orient, marquée par l’agression sioniste contre Ghaza, le Liban et l’Iran. Les deux nations projettent maintenant leur collaboration vers un horizon économique prometteur. De 600 millions de dollars américains, les échanges commerciaux entre les deux pays ont doublé pour atteindre 1 milliard de dollars américains en cinq ans. Mais ce n’est qu’un début : les présidents Tebboune et Sissi aspirent à faire croître ces échanges à 5 milliards de dollars américains d’ici quatre ans. Des secteurs tels que l’agroalimentaire, les industries complémentaires, l’automobile et les énergies renouvelables sont au cœur de leurs priorités. Les partenariats se renforcent, portés par une vision commune : celle de deux puissances arabes, unies pour relever les défis de la région. C’est ainsi que, malgré les aléas du passé, l’Algérie et l’Égypte avancent main dans la main, plus unies que jamais.

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