L'Expression

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Les Routes de la Beauté d’Inès Ait-Mokhtar

Un voyage initiatique dans les méandres de la civilisation arabo-islamique

C’est à travers le dédale de la relation entre la langue originelle et les langues qui s’y sont immiscées, « dans nos têtes et dans nos voix », qu’elle évalue toute la tragédie de notre Histoire commune.

Dans un podcast intitulé Les Routes de la Beauté, on découvre un remarquable et très instructif travail de réflexion sur l'Histoire et la philosophie de la civilisation arabo-islamique. Cette analyse, parée de commentaires incisifs et de musique appropriée, contribue, avec une rigueur académique, à mieux appréhender la genèse d'une décadence dont beaucoup ignorent les mécanismes et leurs inéluctables implications. Ce voyage initiatique, conduit et illustré avec une rigueur exemplaire, est réalisé par Inès Ait-Mokhtar, la nièce de mon frère et ami Youcef Ait-Mokhtar, et il permet de mieux appréhender les conséquences de la décomposition du patrimoine et de la mémoire collective arabo-musulmans par le colonialisme. Plus que d'un réquisitoire, il s'agit d'une mise à nu des mécanismes de toutes les dépossessions des peuples d'un Monde arabe assailli et avili jusque dans les tréfonds de son âme et de son être ancestral, avec en toile de fond une servitude programmée des Arabies encore balbutiantes.
Inès Ait-Mokhtar investit les profondeurs de cette déflagration de la personnalité de base arabo-musulmane, lambeaux après lambeaux. Sa réflexion sur Les Routes de la Beauté est ainsi un périple en quête d'une beauté civilisationnelle «qui a été longtemps piétinée mais qui ne sera jamais perdue». Il nous faut, dit-elle, «redonner du souffle à nos imaginaires desséchés et désenchantés» pour reconstruire le legs monumental de nos aïeuls. Pas à pas, et forte d'un regard chirurgical sur les causes et les conséquences de cette immense régression au bout de laquelle notre civilisation se découvre annihilée, malgré tous les savants et toutes les inventions apportées à l'humanité tout entière, elle cerne l'ampleur du travail qu'il faut aujourd'hui accomplir pour restaurer l'essentiel de cette mémoire et de ce récit qu'un Occident revanchard s'est évertué à anéantir. Inès développe, à travers des épisodes de 16 minutes chacun, une plongée apnéiques dans «les significations des mots» et des méandres qui les enveloppent, du Maghreb au Machrek afin de démontrer comment la perception contemporaine du Monde arabe repose sur « une série de contrefaçons historiques». Je ne vais pas développer davantage les surprenantes et ô combien édifiantes révélations qui jalonnent cette magistrale démonstration, préférant laisser au lecteur le soin d'en mesurer toutes les vérités. De l'analyse des scories de «la terre arabe et son rapport à l'Occident», on aboutit à la question douloureuse sur les «Arabes qui ne parlent pas l'arabe». Et c'est à travers ce dédale de la relation entre la langue originelle et les langues qui s'y sont immiscées, «dans nos têtes et dans nos voix», qu'elle évalue toute la tragédie de notre Histoire commune. Car en définitive, les barrières qui subsistent entre les peuples d'une seule et même communauté islamique, ce sont bien les langues». Inventoriant diverses facettes de la langue arabe, entre «moualakate et ghazale», Inès décortique les dérives et les fractures qui font que les peuples censés parler une même langue ne se comprennent pas au point de se heurter à des barrières artificielles au bout desquelles surgit une divergence factice mais castratrice. 

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