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L’Algérie pourra-t-elle exporter sa viande rouge?

Un professionnel explique

L’Algérie peut devenir le Brésil de l’Afrique. Mais il lui faut absolument opter pour des fermes d’élevage intensif. La proposition est lancée…

À quelques semaines du début du mois sacré de Ramadhan, les ministères de l'Agriculture et du Commerce constatent leur échec de faire fléchir la courbe des prix de la viande rouge. Véritable point de fixation de la population à cause de son coût, hors de portée, cet aliment dont le process de production en fait l'un des plus chers au monde, est pourtant passible de passer de la forte tension, dont il fait l'objet, à l'abondance. On n'en est certainement pas là, puisqu'il aura suffi que les deux ministres, du Commerce et de l'Agriculture, aient décrété l'interdiction d'importation au motif d'une production suffisante, pour que les prix flambent. À l'approche du mois sacré, il leur sera difficile de convaincre les Algériens d'une quelconque baisse des prix en ne se basant que sur la seule production nationale.
L'erreur que commettent ces deux ministres, tient selon Sofiane Bahbou, président de la Fédération nationale des importateurs de viande, à leur acharnement contre les importations dans une entreprise de diabolisation systématique. Bahbou note, en effet, que la problématique est certes dans le déséquilibre du marché qu'il va falloir éliminer à terme. Mais il estime que le mode opératoire du gouvernement dans ce domaine précisément, ne répond pas aux besoins réels de la filière viande. Chevillard de son état, avant de verser dans l'importation, le président de la Fédération nationale des importateurs de viande s'estime, au même titre que ses collègues, partie prenante de la filière viande rouge. Sa conviction est que la filière se sentira en bien meilleure forme, lorsque tous les intervenants dans la filière trouveront leurs places et seront écoutés par les pouvoirs publics.
L'analyse que font les chevillards importateurs de l'état des lieux est que la situation présente est la conséquence de l'éparpillement et l'absence de communication entre les professionnels des différents segments de la filière. Celle-ci rappelle notre interlocuteur, a reçu un coup très dur avec la fragilisation, durant la décennie du terrorisme, de la profession d'éleveur. L'activité durement impactée par l'insécurité ambiante dans les années 90 ne s'est pas encore véritablement remise du choc. Les difficultés liées aux prix de l'aliment de bétail qu'elle endure de manière endémique et l'anarchie qui caractérise la filière ne sont pas pour apporter du réconfort à des professionnels, aujourd'hui, dispersés, parfois incompris et, en tout cas, loin de la performance annoncée. Cet état de fait s'est répercuté sur le chevillard qui, ne parvenant pas à se fournir convenablement en Algérie, a acheté de la viande de l'étranger et est devenu donc importateur.
Cet étage dans la destruction de la filière tient au fait que la viande importée est cédée sur le marché national à des prix compétitifs par rapport à la production nationale. De fait, l'importation n'était plus une activité d'appoint, mais carrément la référence. En s'attaquant prioritairement aux importations, le gouvernement retire un acteur de la chaîne d'approvisionnement sans s'être assuré des quantités véritablement produites localement. Le constat est là et la solution devra passer par la reconstruction de tous les segments de la filière, de l'éleveur au boucher en passant par les chevillards, les producteurs d'aliment de bétail et même les importateurs.
L'interconnexion de toutes ces professions débouchera immanquablement sur une stratégie basée sur des faits avérés à même de réaliser l'objectif du gouvernement, à savoir faire passer l'Algérie du statut d'importateur net, à celui d'exportateur de viande. En cela Bahbou estime que l'État doit absolument se diriger vers une production intensive de l'aliment de bétail, agir sur les importations d'animaux vivants pour consolider la filière. Il y a besoin pour ce faire de supprimer les taxes à l'importation, en maintenant la TVA. Il faut également revoir le cahier des charges avec l'assistance des professionnels pour permettre l'ouverture à d'autres marchés et faire jouer la concurrence.
Dans un second temps, l'Algérie peut devenir le Brésil de l'Afrique. Mais il lui faut absolument opter pour des fermes d'élevage intensif, une mécanisation de l'outil de production et surtout le développement tous azimuts dans les zones d'élevage des infrastructures énergétiques et de transports. Dans tous les cas de figure, l'essentiel est d'abord de discuter avec tous les professionnels de la filière et ne négliger personne.

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