Un homme, une vision
L'un des moments clés de l'histoire de l'Algérie contemporaine demeure la nationalisation des hydrocarbures.
«Un peuple ignorant est un peuple susceptible d'être exploité, soit par l'étranger, soit par une classe quelconque, car il n'est pas en mesure d'accéder à la connaissance. Un peuple ignorant s'expose à tous les dangers. C'est pour cela que la Révolution réserve la priorité au développement de l'enseignement», déclarait le défunt président Houari Boumediene dans son discours à la nation le 31 octobre 1966. Une vision de souveraineté. D'autant que le défunt soulignait, dans son discours à la Conférence des États islamiques à Lahore en 1974, que «les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d´hôpitaux». Savoir, santé et travail. Trois concepts sur lesquels reposait les projets de société de Houari Boumediene. Trois concepts dont il avait fait les principes-clés pour que l'Algérie, de son temps, puisse être le pays «phare du tiers-monde».
Aussi s'attela-t-il dès les premières années à la réforme du système éducatif. Convaincu, qu'il était, que l'Algérie ne pouvait se développer, s'industrialiser, donner l'éducation et la culture pour tous, libérer le fellah, s'auto suffire sur le plan alimentaire, sans ces fondamentaux. Considérant l'éducation comme un investissement productif et stratégique, Houari Boumediene lui octroya toutes les ressources et les moyens nécessaires à la prise en charge de la demande sociale d'éducation, outre de réponse aux besoins du développement national. En outre, l'accès à l'enseignement supérieur est facilité grâce aux bourses pour les étudiants dont les parents avaient un revenu insuffisant pour financer leur formation supérieure. Une manière de généraliser et de démocratiser l'enseignement. Il en est de même pour le système sanitaire. Après avoir mis en place les «secteurs sanitaires», organes de gestion commune des hôpitaux et des structures légères, Houari Boumediene institua en 1974 l'accès gratuit aux soins dans les structures publiques de santé. Mais il n'en demeure pas moins que son plus grand fait d'armes demeure la nationalisation, en février 1974, des hydrocarbures. Un des moments clés de l'histoire de l'Algérie contemporaine. Une décision ayant permis à l`Algérie de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles. Et de, surcroît, de récupérer sa manne pétrolière. En effet, en prenant possession du pétrole et du gaz du Sahara, l'Algérie accède à des ressources qui seront mises au service des projets de développement du pays. Annoncée par Houari Boumediene le 24 février 1971 à la Maison du peuple à Alger, siège de l`Union générale des travailleurs algériens, cette décision historique a mis sur les rails le processus de développement économique et social du pays. Dans son discours, Houari Boumediene exprima clairement la volonté de «porter la révolution dans le secteur des hydrocarbures», afin d'assurer la création d'une industrie algérienne autour de la Société nationale Sonatrach.
Une victoire contre l'ancienne puissance coloniale et ses entreprises. Un pas de géant vers l'autonomie économique et la souveraineté nationale. Au-delà de son caractère politique, le recouvrement de la souveraineté nationale sur le secteur des hydrocarbures avait enclenché la montée en puissance sur la scène régionale et même internationale de la Société nationale de transport et de commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach), qui venait de boucler sa huitième année. Une stratégie gagnante puisque d'autres États producteurs choisissent d'imiter l'Algérie dans les mois qui précèdent le choc pétrolier de 1973.