Il a constaté un relâchement dans la lutte contre les pénuries
Tebboune hausse le ton
Les prix des produits agricoles de saison seront plafonnés «lorsqu’ils deviennent déraisonnables».
«Le Président a constaté un relâchement dans la détermination au travail de certains», dans la lutte contre les pénuries, rapporte le communiqué du Conseil des ministres, présidé hier par le chef de l'État. À ce propos, Abdelmadjid Tebboune a souligné l'urgence «de définir les responsabilités» dans le manquement constaté quant à l'organisation du commerce. Le président Tebboune n'a pas manqué, souligne le même communiqué, de rappeler le devoir du fonctionnaire, qui consiste à être au service des citoyens. Le président de la République ne s'est pas contenté d'un rappel à l'ordre, mais a exigé «une révision radicale de l'organisation de la commercialisation des produits nationaux», lit-on dans le communiqué. Il a ordonné la confection d'un texte de loi pour rendre possible le «plafonnement des prix par décrets lorsqu'il s'agit de prix déraisonnables pour les produits de saison». Ce phénomène a, en effet, été constaté récemment pour les pommes, poussant le gouvernement à organiser des ventes de ce produit agricole directement, des producteurs aux commerçants détaillants et aux consommateurs. Mais ce genre d'intervention n'a pas d'impact réel sur le marché, d'où le plafonnement des prix sous certaines conditions. La problématique de la spéculation étant ce qu'elle est, le chef de l'État «a ordonné au gouvernement de faire preuve du plus haut degré de vigilance». L'instruction vaut, bien entendu, pour «toutes les instances de contrôle, y compris les services de sécurité». Il y va du pouvoir d'achat du citoyen, ce qui nécessite, dira le Président, l'intensification des contrôles, au point, insistera le président de la République, de faire de cette mission une priorité. Pour le chef de l'État, «les produits alimentaires, agricoles et les médicaments» doivent être «une priorité absolue», rapporte le communiqué du Conseil des ministres.
Le ton ferme du Président a également concerné les blocages liés à l'importation d'intrants destinés à la production nationale. Sur la question, le chef de l'État a été on ne peut plus clair. «Toute opération d'importation de matières premières utilisées dans la chaîne de production et les industries vitales» ne doit faire l'objet d'aucune entrave. Et le Président de préciser que «les autres opérations d'importation doivent faire l'objet d'une autorisation préalable». Le propos est on ne peut plus clair. Abdelmadjid Tebboune a précisé encore que «l'Algérie n'a jamais interdit l'importation, et ne le fera que dans des cas de nécessité, afin de promouvoir le développement et la prospérité de la production nationale». Il est question essentiellement de protéger «les réserves financières de l'État». Le seul et véritable critère d'appréciation dans le commerce extérieur a trait au renforcement de l'économie nationale et au maintien de la stabilité.
Le Conseil des ministres a été porteur de bonnes nouvelles pour les étudiants et les enseignants-chercheurs des grandes écoles du pôle scientifique et technologique de Sidi Abdellah, qui bénéficieront de mesures spécifiques relatives à la bourse. Le président de la République a précisé qu'«il s'agit d'un acquis pour l'Algérie et pour sa sécurité nationale», souligne le communiqué. Ces mesures «représentent un encouragement pour les cerveaux de demain, en orientant le ministre de l'Enseignement supérieur à assurer un accompagnement permanent», a commenté le chef de l'État, applaudissant à «l'implication effective du ministère de la Défense nationale dans cette vision stratégique pour préserver et défendre les fondements du pays». Cet acte est bien plus que symbolique. Il traduit la volonté nette de l'Exécutif d'investir très sérieusement dans la matière grise du pays.
Sur un autre dossier, en rapport avec la réalisation d'un grand projet cinématographique sur l'émir Abdelkader, «le Président a ordonné le lancement d'un appel d'offres international pour la production et la réalisation, afin de donner à ce travail une dimension mondiale en raison de la symbolique» que représente l'émir Abdelkader pour l'Algérie et l'humanité pour son humanisme et son érudition. Le président de la République a souligné le parcours du fondateur de l'État algérien moderne, «consacré à la construction de l'Algérie moderne et à son rayonnement international, ainsi que ses efforts pour protéger les minorités à travers le monde». Le Président a également demandé d'«ouvrir le champ à toutes les compétences cinématographiques algériennes et internationales, tout en tenant compte du contenu convenu dans le cahier des charges», qui, soit dit en passant, n'a pas été retenu et a été renvoyé à une seconde lecture pour enrichissement.