Restauration des fontaines à Tizi Ouzou
Où en est ce projet lancé en 2021 ?
La symbiose au sein des villages se perd au tarissement de chaque fontaine.

Quelque 400 fontaines publiques ont été inscrites pour des travaux de restauration à travers les quartiers et les villages de la wilaya de Tizi Ouzou. Annoncé en grande fanfare, il y a quelques années, ce projet de réaménagement de ces sources qui font partie intégrante de la sociologie des villages a été remis aux calendes grecques. Malgré l’importance de ces bijoux naturels autrefois entretenus par les villageois eux-mêmes, personne ne parle plus de ce projet qui a, faut-il le noter, avancé pendant la première année de son lancement. Plusieurs fontaines ont été restaurées tant par les services concernés que par les villageois qui ont pris des initiatives. Mais, depuis la fin de l’année 2022, personne n’en parle. Cet abandon s’explique en fait par plusieurs facteurs. Il faut, en effet, reconnaître que le climat n’est plus favorable pour la poursuite du projet parce qu’à cause du réchauffement engendrant la montée des températures et la rareté de l’eau, beaucoup de sources ont tari. D’autres coulent encore pendant l’hiver mais tarissent en été. Ce qui fait que les populations n’ont pas d’autres recours. Il faut noter aussi que, parallèlement au climat, le raccordement des populations au réseau d’alimentation en eau potable depuis le barrage de Taksebt, les forages du Sébaou et dans une moindre mesure à la station de dessalement de la ville de Tigzirt, a fait que les fontaines ne représentent plus une importante source d’alimentation. Ce qui fait donc, hélas, que l’investissement d’argent ou de temps dans ces fontaines n’est plus rentable. Il faut aussi savoir que le besoin quotidien des populations en eau a exponentiellement augmenté ces dernières. Le mode de vie moderne charrie des besoins nouveaux nécessitant d’importantes quantités d’eau contrairement au mode de vie rudimentaire d’autrefois. Aussi, devant cette situation, certains villages n’espèrent plus une attention particulière de la part des services concernés et se sont mis à la restauration des fontaines de leurs villages.
C’est le cas, faut-il le rappeler, des habitants du village Ath Amar Moussa situé dans la commune d’Ath Yahia Moussa qui ont achevé les travaux d’aménagement et de réhabilitation de la fontaine du village dans une ambiance festive. Quelque temps auparavant, c’était le tour du village Averran situé dans la commune de Tirmitine, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou de se lancer dans les travaux d’aménagement de leur fontaine. En même temps, le village Ifouzar, dans la commune d’Aït Aïssa Mimoun, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la ville de Tizi Ouzou, a connu des volontariats destinés à restaurer la fontaine locale. Enfin, il faut souligner que ces fontaines ne sont pas que des sources d’alimentation en eau pour les villageois. Ce sont un pan culturel entier des villages qui ont toujours donné un rôle à la fontaine. D’ailleurs, ces derniers leur ont toujours donné des noms qui subsistent jusqu’à présent. Ce qui montre que la symbiose au sein des villages se perd au tarissement de chaque fontaine. Dans les temps anciens, les fontaines étaient également un domaine réservé aux femmes. C’est dans la fontaine que se retrouvent les femmes de tous âges. Ce qui procure une grande symbolique à la fontaine du village. Pour les enfants, le danger de tomber et se noyer dans la fontaine est vite résolu grâce à la présence à l’intérieur, de l’ogresse, un mythe cultivé par les populations.