Tizi Ouzou
On n’oublie pas le henné
Les joueurs de tambourin effectuaient les circoncisions d’enfants dans une ambiance festive…
Les fêtes du Mawlid Ennabawi ne perdent pas de leur charme. Les familles les célèbrent avec grand faste. La veille de la journée du Mawlid, comme il est de coutume chez les familles de la Kabylie, des fêtes sont organisées dans les places des villages. Aujourd’hui, ce n’est plus comme jadis mais, la fête est toujours présente. Elle reste toujours célébrée mais avec une ambiance mi-figue mi-raisin pour de nombreuses raisons.
Le Mawlid Ennabawi 2024 est une fête qui réunit pratiquement tous les membres de la famille. Mais les vieilles personnes qui se souviennent de cette fête dans leur jeunesse sont tristes. «Ce n’est plus comme avant. Aujourd’hui, on reconnaît le Mawlid Ennabawi aux pétards. Ce n’est pas une manière civilisée de célébrer l’anniversaire de la naissance du Prophète. Je dirai même que c’est sauvage», juge Ahmed, un retraité de l’éducation. Pour de nombreuses personnes interrogées, la manière de fêter cette occasion religieuse est calamiteuse à maints égards. «La façon de fêter l’anniversaire du Prophète doit évoluer. On n’est plus au VIIe siècle. Regardez un peu les Occidentaux comment ils fêtent le Nouvel An», ajoute un autre père de famille à Draâ Ben Khedda, une dizaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de wilaya.
Heureusement que les familles fêtent cet anniversaire par un dîner faste réunissant toute la famille. «Chez nous, on célèbre le Mawlid comme au bon vieux temps. Un dîner bien garni pour tous les membres de la famille suivi de la traditionnelle séance de henné pour tous les enfants. Même les grandes personnes se font un peu sur la main, comme le veut la tradition», raconte Na Ouerdia d’Iflissen, village situé sur le littoral. Dans tous les villages, ce rituel est encore en vigueur.
L’honneur est aux vieilles femmes de mettre du henni à tous les membres de la famille. «Les enfants sont aux anges quand on leur en met, surtout les filles», ajoute-t-elle.
Cette occasion est, en effet, mise à profit par certaines associations essentiellement le Croissant-Rouge algérien pour organiser des circoncisions collectives pour les enfants. À Draâ Ben Khedda, c’est désormais une tradition. «J’aime bien cette pratique. Fêter la circoncision de dizaines d’enfants collectivement épargne aux familles des dépenses énormes. C’est la joie dans le sens propre», se réjouit une dame qui affirmait qu’elle avait programmé la circoncision de ses deux petits-enfants pour le Mawlid. Pour beaucoup de personnes interrogées, la pratique existait depuis longtemps dans les villages. «Je me souviens de ces fêtes organisées à la place du village.
Les femmes organisaient des séances de chants religieux alors que les hommes se regroupaient dans la mosquée du village pour un dîner collectif. Dans la journée, les tambourins effectuaient les circoncisions pour les enfants dans une ambiance festive», raconte Belaïd, septuagénaire de Tikobaïne, dans la daïra d’Ouaguenoun.