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Le docteur Lyès Merabet, président du Snpsp, à L'Expression

«Nous ne sommes pas à l'abri d'une 4e vague»

Président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, le docteur Lyès Merabet dénonce, dans cet entretien, le discours «rassurant et apaisant» développé par les autorités sanitaires, qui pourrait «démobiliser les citoyens à l'égard de la vaccination.» Il estime que la couverture vaccinale actuelle n'est pas suffisante pour réduire le choc d'une éventuelle 4e vague, qui pourrait frapper le pays. Cette prévision est en totale contradiction avec celle du ministre de la Santé.

L'expression: Est-ce que la couverture vaccinale devrait nous éviter de futurs pics?
Le docteur Lyès Merabet: Même s'il est vrai que la vaccination a atteint les 50% de la population, l'Algérie n'a pas encore atteint l'immunité collective. La tutelle avance un chiffre de 10 millions de vaccinés, mais ce nombre englobe les personnes ayant reçu une première et les deux doses de vaccin. Il est intéressant pour nous de connaître ce détail, afin d'être sur une évaluation objective de la situation épidémique, et qui se rapproche de la réalité. Je considère ainsi, que la couverture actuelle reste insignifiante. Si on table sur un nombre de 25 millions de citoyens vaccinés, nous sommes encore loin d'atteindre cet objectif. On est bientôt au mois d'octobre, à ce rythme ça serait impossible d'atteindre l'objectif avant la fin de l'année en cours. Et puis, lorsqu'on parle de
10 millions d'Algériens, je pense que la majorité n'ont reçu qu'une première dose. Le reste avoisine les 4 millions. J'ajouterai, dans ce sens, que le corps d'une personne ayant reçu la première dose commence à partir de deux à trois semaines, à produire ses propres anticorps, et sa protection immunitaire est estimée entre 15% à 25% au maximum. La même durée est nécessaire dans le cas où la personne a reçu la deuxième dose. Le corps a besoin de temps pour développer une protection immunitaire idéale qui, selon les études scientifiques, avoisine les 80%.

Donc docteur, il faudrait attendre une moyenne d'un mois et demi (entre la date de prise de rappel, et le temps nécessaire pour le corps des patients de développer une protection immunitaire), pour dire que nous avons une population de 10 millions de personnes immunisées contre les formes sévères de la maladie?
Effectivement. Et cela présage, malheureusement, une situation qui peut se dégrader, et un retour de la pandémie qui pourrait être dangereuse. Je souligne aussi, que nous n'avons pas encore vacciné correctement la population fragile et les personnes exposées au virus, comme le personnel de santé, et les différents services de sécurité. En tant que médecin, on constate que les gens affichent un intérêt moindre pour la vaccination que celui constaté durant la 3e vague.
Nous avons, en effet, remarqué que la peur de l'épidémie avait poussé les gens à aller se faire vacciner. Et c'est ce qui a boosté la campagne de vaccination. J'en profite également pour dénoncer dans cet entretien, le discours «rassurant et apaisant» qui pourrait «démobiliser davantage les citoyens à l'égard de la vaccination». Aujourd'hui, nous sommes au creux de la vague et c'est la meilleure période d'aller vite dans la campagne. On peut le faire en pleine poussée épidémique, mais à quel prix? Vous aurez des gens entassés dans les files d'attente et ça augmenterait le risque de contamination. C'est pour cela qu'on préfère vacciner la population dans cette situation d'accalmie.

Docteur Merabet, vous avez insisté sur une vaccination correcte des praticiens de la santé? Est-ce que la réticence des blouses blanches est massive?
Oui, il y a cette problématique. Bien que beaucoup de personnels médicaux se soient fait vacciner au début de la campagne, le débat persiste. Et c'est un constat très alarmant, vu que le risque de contaminer d'autres personnes ou de choper le virus est grand pour le personnel soignant. C'est une faille mortelle. Ce n'est pas pour rien que les autorités sanitaires mondiales ont été en faveur de l'instauration de l'obligation de vaccination du corps médical, afin de le protéger.
Et, chez nous, le taux de mortalité est incroyablement élevé par rapport aux standards internationaux, à un point tel que l'OMS avait, durant la 2e vague, relevé cette situation et recommandé d'ouvrir une étude pour comprendre les raisons de la hausse des décès parmi le personnel soignant dans le pays. Nous sommes, aujourd'hui, à plus de 480 décès, tous corps confondus (secteurs public et privé), et c'est un bilan morbide.

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