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Il a ordonné l'ouverture des archives classifiées de plus de 50 ans

Macron ose une nouvelle fois

Gardons-Nous de tomber dans le simplisme euphorique. Cette ouverture ne règle pas les contentieux de l'Histoire, car les archives ne disent pas tout et peuvent même désinformer.

Une autre étape vient d'être franchie dans le dossier de la réconciliation mémorielle algéro-française. Le président de la République française, Emmanuel Macron, a décidé de faciliter l'accès, dès aujourd'hui, aux archives classifiées de plus de 50 ans, y compris celles relatives à la Guerre de Libération nationale (1954-1962), a indiqué hier, un communiqué de l'Elysée. Cette décision a été prise afin de «permettre aux services d'archives de procéder dès demain (aujourd'hui, Ndlr) aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale jusqu'aux dossiers de l'année 1970 incluse», précise la même source, ajoutant que «cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d'attente liés à la procédure de déclassification, s'agissant, notamment des documents relatifs à la Guerre de Libération nationale (Algérie)». Le 18 septembre 2018, Emmanuel Macron a non seulement reconnu que la disparition du mathématicien Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l'armée française, mais il a également promis d'ouvrir l'accès à une centaine de dossiers d'archives sur les disparus de la guerre d'Algérie.
Cette annonce fait le bonheur des universitaires, des chercheurs en histoire, des journalistes et des hommes de cinéma, elle renseigne également sur la ferme détermination du président Macron à aller loin dans ce dossier brûlant, mais de manière pragmatique et graduelle comme le recommande d'ailleurs la rapport de l'historien Benjamin Stora. La démarche consiste à dresser des «passerelles» entre la France et l'Algérie «sur des sujets toujours sensibles» (disparus de la guerre, séquelles des essais nucléaires, partage des archives, coopération éditoriale, réhabilitation de figures historiques). Cette annonce intervient une semaine après la reconnaissance par le président Macron, «au nom de la France», que l'avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel avait été «torturé et assassiné» par l'armée coloniale en 1957. Une preuve de plus que le traitement du contentieux de l'Histoire entre Alger et Paris s'accélère. Après les propos du président Tebboune, la semaine dernière, devant la presse algérienne, où il a mis en avant sa relation «cordiale» avec le président français, «qui a permis d'atténuer une certaine crispation dans les positions». Abdelmadjid Tebboune a fait remarquer que «les bonnes relations de l'Algérie ne sauraient l'être au détriment de l'Histoire ou de la mémoire». Le lendemain, son homologue fait un pas de plus dans le sens de l'apaisement des mémoires, et reconnaît que l'avocat et militant pour l'indépendance de l'Algérie, Ali Boumendjel, avait été «torturé et assassiné», en 1957, par l'armée française, qui avait maquillé ce meurtre en suicide. Un geste hautement apprécié par les autorités algériennes «En décidant d'honorer la famille du chahid et recevoir ses petits-enfants à l'Elysée, le président français a pris une initiative louable, qui intervient dans le cadre des bonnes intentions et d'une véritable volonté d'intensifier le dialogue entre l'Algérie et la France concernant la période coloniale», lit-on dans une dépêche diffusée par l'agence officielle APS.
Ces archives contiennent des documents concernant les épisodes les plus controversés du passé récent de la France, qu'il s'agisse de l'Occupation, de la guerre d'Indochine ou de la guerre d'Algérie. «Depuis les révélations, il y a vingt ans, sur la pratique de la torture pendant la guerre d'Algérie, une partie de l'armée est hostile au travail de vérité historique sur cette période. La lettre du général Bruno Dary adressée au président de la République, le 24 septembre 2018, protestant contre l'ouverture des archives sur les disparus en est la dernière manifestation», avance l'historien dans une tribune publiée, il y a quelques semaines, sur le journal Le Monde. Si cette lettre montre qu'une partie de la Grande Muette renâcle à ce que ses pratiques illégales, voire criminelles, pendant la guerre d'Algérie, soient étalées sur la place publique, rien ne permet toutefois d'étayer qu'elle fasse obstruction à la volonté de transparence présidentielle. Mais gardons-nous de tomber dans le simplisme euphorique. Cette ouverture ne règle pas les contentieux de l'Histoire, car les archives ne disent pas tout et peuvent même désinformer.

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