Le ministre espagnol des AE était attendu, hier, à Alger
Les raisons d'un report
Les autorités espagnoles se sont précipitées - à dessein?- pour annoncer une visite de haut rang et d'une grande portée diplomatique, mais dont la préparation n'a pas été soigneusement accomplie.
Attendu hier à Alger, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, n’est pas venu. Les lectures et supputations nées suite à cette « annulation » sont à la mesure de ce que devait constituer ladite visite. Celle-ci devait acter le dégel et le rétablissement des relations à un plus haut niveau. Elle aurait donné lieu, selon toute vraisemblance, à une véritable séance d’explication entre les deux parties. Davantage de la partie espagnole, coupable de la situation de crise que de la partie algérienne, plutôt attachée à l’esprit et à la lettre du Traité d’amitié liant les deux États depuis 2002. L’impair de Pedro Sanchez était tel qu’il a jeté les relations algéro-espagnoles dans une grave crise. Tout a commencé le 18 mars 2021 quand le gouvernement espagnol, dirigé par Pedro Sanchez, s’est aligné sur la position du royaume marocain sur la question du Sahara occidental. Ce à quoi l’Algérie, attachée au respect des résolutions de l’ONU, a riposté en rappelant son ambassadeur à Madrid. Alger a décidé, ensuite, de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération.
Depuis, le gouvernement Sanchez a fait preuve d’entêtement injustifié. Même au prix d’un net recul de sa popularité, y compris dans sa propre famille politique. Sans compter les inimités qu’il s’est créées avec ses partenaires externes, surpris de découvrir une Espagne qui renie son statut de puissance administrante du territoire sahraoui jusqu’à sa décolonisation. Et qui foule aux pieds les efforts de l’ONU et ses envoyés spéciaux au Sahara occidental.
Près de vingt mois plus tard, le gouvernement Sanchez a fini par se raviser en se libérant probablement de ses accointances avec Rabat. Ce retour à la raison, Sanchez l’a exprimé dans une tribune onusienne. « Ce qui a donné le feu vert à la réévaluation de nos relations avec l’Espagne, c’est le discours prononcé par Pedro Sanchez à l’Assemblée générale des Nations unies et il a changé de position », avait affirmé Ahmed Attaf sur la chaîne Al Jazeera.
Cette réaction était annonciatrice du dégel des relations diplomatiques entre Alger et Madrid. Et le dégel devrait donc être acté à l’occasion de la visite de Manuel Albares en Algérie. Ce déplacement a été annoncé, faut-il le souligner, le 8 février par le ministère espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération. Mais qu’est-ce qui a fait donc que la visite de Albares sur laquelle l’Espagne a tant misé pour dépasser définitivement la crise soit reportée ? C’est la question qui a agité, dans l’après- midi d’hier, les représentations diplomatiques et des milieux de l’information.
Des sources bien informées ont indiqué que la visite de José Manuel Albares en Algérie était en préparation jusqu’en début de soirée de dimanche. Les mêmes sources ont ajouté qu’une délégation espagnole était même venue spécialement de Madrid pour finaliser ce processus préparatoire de la visite. Et c’est, précisément, parce que cette préparation était toujours en cours que l’Algérie s’est abstenue d’annoncer officiellement la visite, à Alger, du chef de la diplomatie espagnole. Ce processus préparatoire n’a pas été concluant et la visite n’a pas pu se réaliser à la date que les deux parties avaient envisagée.
Autrement dit, les autorités espagnoles se sont précipitées – à dessein ? – pour annoncer une visite de haut rang et à la portée diplomatique importante, mais dont la préparation n’a pas été soigneusement accomplie.
Des voix espagnoles dont les médias El Confidencial et El Pais ont informé que la raison du report est lié à un problème d’« agenda » côté algérien. Les mêmes canaux estiment que la visite aura lieu « ultérieurement » sans toutefois la moindre allusion sur les dossiers qui ont fait l’objet de préparation. Or, c’est à ce niveau que se joue l’essentiel. Car sans des avancées dans la préparation des dossiers, la visite perdrait de son utilité diplomatique.