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ABDERRAHMANE MEBTOUL, ÉCONOMISTE, À L'EXPRESSION

"Les Occidentaux n'inciteront pas au boycott"

L'avenir de l'exploitation des hydrocarbures ne sera pas compromis par l'attaque contre le site d'In Amenas, estime l'économiste Abderrahmane Mebtoul. Selon lui, les Occidentaux ne commettront pas l'erreur d'inciter au boycott car cela reviendrait à encourager les terroristes qui peuvent s'en prendre à d'autres sites pétroliers dans différentes contrées du monde.

L'expression: Comment situez-vous la production d'In Amenas dans l'ensemble de l'industrie des hydrocarbures?
Abderrahmane Mebtoul: Les partenaires étrangers utilisent une technique servant à rehausser le niveau de pression dans les gisements à In Amenas, dont la production est en déclin.
En 2010 et 2011, le site a produit 50.000 barils par jour de condensat de gaz naturel ainsi que 9 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Avec une moyenne de 55 à 60 milliards d'exportation ces trois dernières années, la part d'In Amenas représente entre 15% et 17% des exportations ce qui est important pour les recettes du pays. Avec les nouveaux champs limitrophes, ce taux devrait aller vers 25/30%. Cette zone devient donc éminemment stratégique. L'Algérie est un acteur stratégique pour l'Europe où sa part de marché varie entre 13 et 15% de l'approvisionnement derrière la Russie et la Norvège.

Y a-t-il un problème de sécurité des approvisionnements?
Le fait important est que les sites d'In Amenas sont connectés par un gazoduc de 973 km de long à Hassi R'Mel et par un pipeline de 800 km jusqu'au port de Skhira dans le golfe de Gabès en Tunisie. La sécurité se pose à ce niveau, notamment pour le plus grand gazoduc algérien Transmed à destination d'Italie d'une capacité dépassant les 40 milliards de mètres cubes gazeux.

Quelles sont les perspectives de production à In Amenas?
L'enjeu stratégique est le gisement d'Alrar, qui recèle des quantités importantes de gaz sur la frontière avec la Libye où des prospections ont commencé avec Total. Comme c'est un gisement partagé entre deux pays, la Libye peut exploiter la part revenant à l'Algérie. Pour les raffineries, celle de In Amenas est à l'arrêt.

Y a-t-il un risque de boycott des étrangers après l'attaque terroriste?
Je ne pense pas que les Occidentaux inciteront au boycott car cela reviendrait à encourager les terroristes qui peuvent s'en prendre à d'autres sites pétroliers dans différentes contrées du monde. L'annonce du Medef va d'ailleurs dans ce sens. Ce qui intéresse avant tout l'investisseur, c'est le taux de profit.

Les assurances seront-elles plus chères?
Cette situation peut peser sur la prime d'assurance dont le surcoût sera supporté par l'Algérie. Il y a des attentats dans
d'autres parties du monde comme au Nigeria qui supporte actuellement le différentiel. La loi sur les hydrocarbures, après son amendement, fera en sorte que la fiscalité sera calculée sur le profit. Or, si les charges augmentent, il y aura moins de profit pour Sonatrach.

Quelles sont vos appréciations sur la sécurité des sites pétroliers?
L'action des services de sécurité restera limitée sans l'implication des populations du Sud. Il faut donc un plan Marshall pour le Sud algérien mais aussi pour tout le Sahel. La vocation de Sonatrach, dont l'effectif est de 47 963 travailleurs et avec les filiales dépassant 120.000, n'est pas la création d'emplois. Il faut imaginer d'autres filières afin de créer une zone de prospérité et stabiliser cette région.

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