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Elles investissent désormais le champ politique

Les femmes font le ménage

Cette visibilité importante des femmes dans les espaces publics institutionnels augure d’une profonde reconfiguration sociale. Comme dans toute révolution, des équilibres seront rompus et des conforts dérangés.

Majoritaires dans le système éducatif, dans le secteur de la santé, celui de la justice et à l'université, la femme algérienne vient d'investir la dernière citadelle âprement défendue par les hommes. Par la force du droit, elles se saisissent du levier de la décision politique. Selon la nouvelle loi électorale, distribuée depuis hier aux partis politiques, il est clairement stipulé qu'il faut réserver la parité hommes-femmes dans les listes électorales au niveau des circonscription dépassant les 20000 habitants. Plus encore, le 1/3 des candidates doivent avoir moins de 35 ans et sans compter qu'elles doivent avoir un niveau universitaire. À lui seul, cet article est une véritable révolution et un sérieux avertissement pour les machos: les femmes vont faire le ménage dans le champ politique.
Le système «des quotas» a réalisé un bond qualitatif en termes de participation de la femme aux assemblées et la nouvelle Constitution a consacré ce droit dans son article 59. Il résulte que cette visibilité importante des femmes dans les espaces publics institutionnels augure d'une profonde reconfiguration sociale. Comme dans toute révolution, des équilibres seront rompus et des conforts dérangés. Il faut s'attendre alors à une levée de boucliers dans l'hémicycle et chez les partis conservateurs qui, à coup sûr, demanderont tout simplement son annulation s'ils n'évoquent pas «la menace d'une dislocation du tissu social». Peine perdue pour les islamo-conservateurs qui vont joncher le long chemin du combat féminin en Algérie.
Le coeur de la cause féministe en Algérie n'a jamais cessé de battre. De ce militantisme sans répit ont germé plusieurs réformes qui ont été introduites, notamment au Code de la famille, de la nationalité et au Code pénal.
Le harcèlement sexuel au travail est désormais incriminé. Il y a réellement une diversité des lois et législations qui protègent la femme algérienne, notamment la Constitution et les lois sur la famille, la nationalité, l'enfance, outre le Code pénal, le Code de procédures civile et administratives. Cependant, l'idéal féminin, comme partout ailleurs, reste une interminable quête aux horizons jamais atteints.
Les réformes entamées par l'Algérie représentent une relative avancée dans l'effort de lutte contre les discriminations envers les femmes. Malgré les quelques avancées, le fait est que les femmes demeurent sous-représentées dans les espaces de prise de décision tant au niveau exécutif que législatif, national et local. Il convient à ce propos de revisiter l'année 2012, épisode très instructif de ce combat. En 2012 en effet, les parlementaires algériennes étaient les championnes du Maghreb en nombre de sièges obtenus à l'Assemblée populaire nationale. Un quinquennat plus tard, alors que les élections législatives approchent, leur influence au sein de l'institution bute violemment contre le puissant mur de la régression. À l'instar de toutes les sociétés arabes et musulmanes, le conservatisme croissant de la société algérienne, a remis en cause la volonté politique pro-féministe exprimée en 2012. Sa manifestation la plus éloquente s'est produite au moment de l'examen de la loi criminalisant la violence conjugale en 2015, qui a provoqué la colère des élus conservateurs. Ces derniers ont vu dans le texte «une dislocation de la famille» et une «imposition des normes occidentales». Pour préserver un certain équilibre politicien, le pouvoir de l'époque a laissé faire. Une autre concession à l'islamo-concervatisme. Barricadée dans son rôle de régulation, l'intervention de l'Etat a sciemment entretenu l'ambiguïté de ses choix face à la pression du courant conservateur et des revendications modernistes fondées sur les principes universels de l'égalité entre les hommes et les femmes. Mais cet équilibre instable risque de rompre définitivement maintenant que la femme détient une partie du pouvoir politique.

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