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Flambée des prix, argent liquide, manque d’eau...

Les angoisses ramadhanesques

La seule chose qui remonte le moral des Algériens est le fait qu’ils ne vivront pas, cette année, le ramadhan à « huis clos». Néanmoins, ils espèrent un « réaménagement » du couvre-feu sanitaire pour oublier un peu toutes ces peurs…

La nuit du doute c'est pour demain, mais les incertitudes risquent de demeurer. Au-delà de la date du début du Ramadhan, l'ambiguïté plane sur plusieurs autres aspects de ce mois sacré. Surtout que ces derniers mois ont été marqués par une série de crises qui ont directement impacté la vie des citoyens. Les Algériens sont inquiets. El Hadi, un chef de famille, faisait, hier, la tournée des marchés de la capitale pour les fameuses dernières courses qui précèdent cette période de jeûne.«Cette année, j'ai encore plus peur que l'an dernier où l'on vivait pourtant, notre premier Ramadhan en mode Covid-19», assure celui qui avait des difficultés à remplir son couffin. Les raisons de son inquiétude sont bien évidemment liées aux habituelles flambées des prix durant ce mois pourtant censé être celui de la «Rahma». «La flambée est bel et bien là! On nous a promis des soldes, elles ne concernent que les vêtements et la vaisselle», s'indigne de son côté Yakoub, enseignant dans un lycée de Médéa. «Le prix des fruits et légumes sont indécents. Ils risquent de l'être encore plus durant les prochains jours», ajoute-t-il avec beaucoup de désarroi. Ce «prof de maths» ne trouve plus ses comptes. «Je ne comprends pas une telle logique. Solder les vêtements au début du Ramadhan, c'est commencer ce mois par l'Aïd. Une telle chose ne peut arriver qu'en Algérie», poursuit-il avec le même dépit. Ce qui confirme les appréhensions des Algériens sur cette
«traditionnelle» augmentation. D'autant plus que cette année, il n'est pas question que de flambée! «En plus des prix inaccessibles à nos petites bourses, l'autre crainte concerne la disponibilité», soutient Fella, une ménagère qui garde dans la tête le «traumatisme» de la dernière crise de «l'huile» de table.
Même un «prof de maths» ne trouve plus ses comptes...
D'ailleurs, selon ses dires, ce problème n'est pas encore totalement réglé. «Les citoyens qui ont peur de se retrouver sans huile pour leurs «bouréks» continuent d'acheter de grosses quantités dès qu'ils en trouvent», témoigne-t-elle. «Ce qui fait que ceux qui arrivent après, se présentent face à des étals vides», se désole-t-elle en connaissance de cause puisqu'elle vient de se retrouver dans cette situation. «Je suis descendue chez mon épicier, je n'en ai pas trouvé. Il m'a expliqué que ceux qui étaient venus avant moi avaient tout dévalisé», poursuit-elle dépitée. Un comportement qui risque d'accroître la psychose sur d'hypothétiques pénuries ramadhanesques. Ce qui va finir par provoquer des carences sur le marché. Un cercle vicieux qui donne des sueurs froides aux ménages. Ils craignent le pire pour ce mois où les nerfs sont déjà à vif! Les «rixes» pour un sac de semoule ou un sachet de lait sont toujours vivaces dans les mémoires. On craint donc le pire pour ce Ramadhan qui ne s'annonce pas de tout repos.
«Heureusement que l'on n'a pas d'argent liquide pour se retrouver dans pareil dilemme», plaisante, pour sa part, Boubekeur. Un trait d'humour, mais qui est très significatif sur une question qui les
«angoisse» à chaque fin de mois, depuis presque un an. Car, l'un des dommages collatéraux du coronavirus en Algérie est le manque de liquidités, particulièrement au niveau des bureaux de poste. Un souci devenu «chronique», malgré toutes les réunions et décisions prises par le gouvernement. En ce mois de toutes les dépenses, le problème risque de se poser crûment. «Dans certaines postes, c'est déjà la crise», avoue Latfia, habitante de Boumerdès, qui a dû se rendre jusqu'à Alger pour retirer son salaire. «Avec les réseaux sociaux, ce type d'informations fait le tour du pays en quelques minutes. Elles sont vite amplifiées ouvrant la voie à la crise...», atteste-t-elle non sans assurer que ce manque de liquidités l'a empêché de dormir.
«Pas très nostalgique!»
«Des nuits, déjà, bien courtes, qui risquent d'être bercées par la bonne vieille rengaine de #Dja el ma, noude taâmar# (l'eau est là, réveille - toi pour remplir, chanson parodique des années 1990)», craint, Nabil, pas très nostalgique de son enfance où l'eau ne coulait pas à flots. Avec la sécheresse et les coupures «surprises», de plus en plus fréquentes, beaucoup ont peur de passer un Ramadhan les robinets à sec!
«On nous assure que durant le mois du jeûne, il n'y aura pas de coupures. Mais peut-on vraiment les croire, quand on voit les délestages de ces derniers jours?», s'interroge Saliha. Cette mère de deux enfants en bas âge a déjà préparé les réserves en remplissant de grands bidons d'eau, «pour parer à toute mauvaise surprise». Ils sont nombreux dans le même cas. Il suffit de faire un petit tour à la «république du Hamiz» pour le constater. C'est la ruée sur les citernes et autres jerricans d'eau. «On en a vendu ce dernier week-end autant que ce que nous avions écoulé durant deux mois», se réjouit, Bakir, spécialisé dans les citernes, et autres produits en PVC. «Les gens prennent leurs dispositions face à cette ambiguïté qui les frappe», explique-t-il avouant que lui aussi avait installé une citerne à son domicile. Une nouvelle donne qui vient donc, encore plus, plonger les citoyens dans l'incertitude et l'appréhension d'un Ramadhan sous le signe de la Covid-19. La seule chose qui leur remonte le moral est le fait qu'ils ne la vivront pas, cette année, à «huis clos». néanmoins, ils espèrent un «réaménagement» du couvre-feu sanitaire pour oublier un peu toutes ces «angoisses ramadhanesques». Le gouvernement doit décider d'un éventuel réaménagement des mesures sanitaires le 15 du mois en cours. Le rendez-vous est pris pour jeudi prochain...

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