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Industrie militaire

Les ambitions légitimes de l’Algérie

L’Algérie a tous les droits d’ambitionner de développer ses propres systèmes d’armement.

Le Haut commandement de l'ANP ambitionne de «jeter les bases d'une industrie militaire algérienne prometteuse et adaptée aux exigences de la défense et de la sécurité», a déclaré ce dimanche le chef d'état-major de l'ANP, devant les officiers et le personnel du Centre d'ingénierie et de développement en mécanique et électronique de l'armée. Cette perspective est non seulement réalisable, mais elle est également légitime et l'Algérie a déjà fait plusieurs pas dans ce sens. Dans l'industrie mécanique, dans les armes légères et également dans la fabrication de drones, le savoir-faire de l'ANP est en voie de perfectionnement.
Il est clair qu'aucun pays au monde ne peut se targuer d'une indépendance totale en la matière. Même la Russie, grand exportateur de systèmes d'armement les plus sophistiqués s'équipe en drones iraniens, turcs et nord-coréens. L'Allemagne, qui passe également pour un exportateur net d'armes, dépense des dizaines de milliers de dollars dans l'acquisition d'avions de combat auprès du complexe militaro-industriel des États- Unis. Cela éloigne toute prétention «grandiloquente», mais également tout complexe d'infériorité. L'Algérie a, à ce propos, tous les droits d'ambitionner de développer ses propres systèmes, acquérir un savoir-faire, dans le cadre de contrats d'armement qu'elle conclut avec des pays amis à l'image de la Chine et de la Russie. Et ces deux pays ne constituent pas l'horizon des partenariats. L'Italie, l'Inde et même l'Allemagne peuvent être sur la liste d'un vaste partenariat multiforme que l'Algérie contracte avec beaucoup de nations disposant d'une technologie dans cette industrie spécifique.
La visite du chef d'état-major au Centre d'ingénierie et de développement en mécanique et électronique de l'armée, après une multitude de déplacements dans nombre de capitales où il avait été reçu par les plus hautes autorités de ces pays, amène à créditer la thèse d'une volonté algérienne de passer d'un statut de client net à celui de partenaire censé bénéficier d'un transfert de savoir-faire et de l'établissement sur le territoire national de sites de production de systèmes d'armement. Il est actuellement impossible, pour des raisons que l'on peut deviner, d'affirmer l'entrée en production d'un quelconque site, mais l'on retient dans le propos de Chanegriha, la disponibilité des forces armées algériennes de «satisfaire progressivement leurs besoins opérationnels». L'intention est claire. Il n'y a pas de nuance dans la volonté de l'ANP, de se garantir un maximum d'autonomie dans un contexte régional où la dissuasion est en soi une arme de paix. Il va de soi que l'intention de l'Algérie est exprimée avec exactitude. «Le Haut commandement accorde un intérêt capital», a indiqué Saïd Chanegriha. Ce qu'il faut retenir dans cet intérêt est qu'il s'exprime «en concordance avec nos spécificités et notre doctrine de défense». En d'autres termes, l'Algérie entend acquérir les moyens de sa puissance, non pas en l'achetant, mais en le fabriquant, et seulement dans un objectif de défense. L'ANP n'agressera personne. La géopolitique du moment, notamment dans la région Mena «nous interpelle pour compter sur nos capacités nationales propres et sur les bras de nos enfants», soutient le général d'armée. Dans cette quête à la technologie dans l'industrie militaire, l'Algérie peut compter sur ses cadres «animés de volonté et d'ambition, et qui croient en les aptitudes de leur pays». Des aptitudes, en progression continue qui autorise une «légitimité de disposer des éléments de puissance et des moyens». C'est la doctrine de l'ANP dans un monde où la force est certes économique, mais également militaire. Dans les conflits qui minent des régions entières du globe, cette double puissance se manifeste ostensiblement. Il s'agit pour l'Algérie de savoir les maîtriser. L'enjeu est triplement stratégique: préserver l'indépendance, garantir la souveraineté nationale et «renforcer sa place au giron des nations», insiste le chef d'état-major.
La technologie, c'est d'abord des hommes et des femmes. L'ANP n'en manque pas. Ils assumeront «leurs missions avec dévouement et engagement», dira, confiant, le chef d'état-major, dans l'objectif «d'améliorer davantage la qualité des produits et de contribuer au renforcement de la disponibilité opérationnelle de l'ANP». C'est éminemment vital de pouvoir réaliser ses objectifs avec des volontés et des cerveaux algériens.

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