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Leçon d'histoire

«On aime à dire que c'est la France qui aurait ‘‘créé'' l'Algérie. D'un point de vue historique, c'est assez ridicule», affirme l'historien britannique MacDougall.

En s'interrogeant «est­ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?», Emmanuel Macron laisse penser que, jeune, il faisait l'école buissonnière et n'assistait pas à ses cours d'histoire. Son propos, grave et qui démontre sa «faillite mémorielle» comme l'a déclaré le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra, a été «bénéfique» au moins sur un point: il a permis au président français d'avoir en rattrapage, non pas un cours d'histoire mais plusieurs, tous donnés par d'éminents professeurs dans le domaine. Outre son historien Benjamin Stora qui lui a «refait» le cours, il y a aussi le recadrage du Britannique James MacDougall qui est revenu sur l'existence de l'Algérie.
Professeur au Trinity College d'Oxford, historien spécialiste de l'Algérie, MacDougall a, dans une interview accordée au Middle east eye, commencé par rappeler que «la France a sans doute inventé ‘‘son'' Algérie (française). Ce qui est plus vrai, c'est que l'Algérie comme unité territoriale telle qu'elle existe, aujourd'hui, est bien l'héritage des découpages spatiaux de l'époque coloniale. Mais c'est cette histoire, et ces historiens et historiennes, qui sont sans cesse attaqués par les idéologues à droite, des polémistes comme Robert Ménard par exemple, qui veulent justement une histoire officielle taillée à leurs revendications mémorielles. Ils ont assez souvent trouvé des relais, pour des raisons de clientélisme électoral, à l'échelle nationale en France».
Il a ajouté par la suite: «Le président français qualifie la période de la Régence ottomane d'Alger de ‘‘précédente colonisation'' ignorée en Algérie. Ce faisant, il ne fait malheureusement que répéter une des idées fixes des auteurs coloniaux qui aimaient dire que l'Algérie n'avait jamais été autonome, et que la domination française avait apporté du progrès là où la domination ottomane n'avait été qu'une tyrannie».
Qualifier la période ottomane de «colonisation» est un non-sens selon McDougall qui ne manque pas de faire la différence entre la protection et la colonisation «offrir la souveraineté d'Alger au sultan Selim III était un moyen pour les Algérois d'obtenir une protection pour maintenir leur indépendance de fait face aux dernières séquences des ‘‘croisades'' en Méditerranée. C'est tout le contraire de l'expérience de l'invasion, de l'occupation et de la dépossession qu'a été la colonisation française». Et en réponse à la question de l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation française, l'historien dit clairement «ce n'est pas du tout la question.
L'idée même de nation était toute fraîche, et encore révolutionnaire, pour la plupart des pays dans l'Europe des années 1830». MacDougall conclut «on aime à dire que c'est la France qui aurait ‘‘créé'' l'Algérie. Souvent, on fait référence aux premières utilisations du mot «Algérie» - en français, évidemment - pour justifier cela, ce qui, d'un point de vue historique, est assez ridicule (...) L'Algérie qu'imaginaient les Français d'Algérie existait toujours adossée à une autre Algérie, mais ils faisaient tout pour ne pas la voir. C'était une Algérie plus ancienne et plus profonde (...)». Outre l'historien britannique, de nom-
breux autres professeurs algériens ont donné un cours d'histoire à Macron lui rappelant que les frontières de l'État algérien «sont tracées depuis le IVe siècle avant l'ère chrétienne ainsi que le rapportent, clairement, les géographes de l'Antiquité». Pas besoin de les citer car ils pourraient être accusés de parti pris pour leur pays.

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