L'Expression

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Abane Ramdane nous a «quittés» le 27 décembre 1957

Le théoricien de la révolution

Il incarne à lui seul la pierre à l’édifice qui aura manqué à la naissance de l’Algérie nouvelle dès son accession à l’indépendance.

Construire un Etat algérien revenait à se réapproprier sa mémoire, son histoire et son identité. Dix années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement de Libération nationale algérien a pris naissance dans une forteresse de l´impérialisme français, déjà bien ébranlée. Les peuples de Syrie, du Liban et du Vietnam venaient de retrouver leur liberté. La révolution algérienne leur a emboîté le pas pour rompre les chaînes du colonialisme...Abane Ramdane lui insufflera un souffle exceptionnel. Son nom se confondra avec celui de la plates-forme du congrès de la Soummam dont il fût l'«architecte». Le congrès et la plate-forme de la Soummam ont jeté les jalons du futur Etat algérien. «Force est de constater que ce quasi-miracle s'est réalisé. Grâce à la réflexion et au savoir-faire du tandem Ben M'hidi Larbi-Abane Ramdane, aux officiers de l'ALN, à celles et à ceux qui ont participé aux commissions préparatoires des assises de cet événement, et aussi à ce mur de vigilance patriotique des villageois qui étaient mus par le sens de l'honneur, sans même savoir la nature de l'événement attendu.» dira Hocine Ait Ahmed. Pour la première fois, le FLN (historique, Ndlr) se donne une plate-forme politique...Une première également: les structures de l'ALN et du FLN ont été précisées, soulignera celui qui ouvrira et dirigera, en avril 1956, le bureau de la délégation du Front de Libération nationale, à New York. En ce qui concerne les résultats des travaux, je vous renvoie aux textes publiés par nos historiens honnêtes, ajoutera-t-il. Un événement qui tracera le sillon d'un des défis les plus passionnants qui se sont posés à l´histoire des pays colonisés: une patrie à conquérir. Un Etat à construire. Les noms de ceux qui s'y sont livrés corps et âme, reviennent, défilent: Boudiaf, Krim, Aït Ahmed, Abane, Ben M'hidi Didouche, Benboulaïd, les colonels Amirouche, Lotfi, Si El Haouès, Ouamrane, Hassiba Ben Bouali, Ali la Pointe...Des femmes et des hommes à la personnalité attachante, au courage exemplaire, hors du commun. Ils ont affronté l´ennemi et la mort le sourire aux lèvres. Ils ont impressionné leurs bourreaux, par leur bravoure. Il est quasiment impossible d´aborder la révolution algérienne sans évoquer ce trait de caractère qui animait Abane Ramdane. Hocine Ait Ahmed, à nouveau, en témoigne. «Arrêté, alors qu'il était le responsable de l'OS dans la région de Sétif, il n'avait pas fait le moindre aveu, malgré toutes les formes de torture utilisées pour le faire parler», avait confié le fondateur du Front des forces socialistes, figure emblématique de la révolution algérienne, dans une interview accordée, en 2013, au Quotidien d'Oran. Né le 10 juin 1920 à Azouza, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen, wilaya de Tizi Ouzou, Abane Ramdane obtiendra son certificat d'études primaires en 1933 puis son bac, Mathématiques mention «bien» en 1943. Il entre en clandestinité, après les massacres du 8 Mai 1945. Il rejoindra les rangs du PPA MTLD et également l'OS, bras armé du parti, chargé de préparer la révolution. Recherché puis arrêté, il sera torturé, puis transféré de prison en prison. Il sera tenu au courant des préparatifs du 1er Novembre 1954 et désigné d'office comme l'un des 12 membres d'un comité chargé de prendre en main les destinées de la révolution. À sa sortie de prison il se consacrera à organiser et à rationaliser la lutte, et à rassembler toutes les forces politiques au sein du FLN, pour donner à la «révolution» du 1er Novembre la dimension d'un grand mouvement de résistance nationale. Il impulse la création d'El Moudjahid, le journal clandestin de la révolution. Il appuiera la naissance des organisations syndicales ouvrière Ugta, commerçante (Ugca) et estudiantine (Ugema), qui deviendront, elles aussi, un terreau de la rébellion... Il sera assassiné, par les siens, le 27 décembre 1957 à Tétouan, au Maroc. Une fin tragique qui a stoppé net un rêve inachevé. Concrétiser son projet ne reviendrait qu'à lui rendre justice. Honorer la mémoire de l'étoile assassinée de la révolution.

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