Le sommet des retrouvailles

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, est arrivé lundi après-midi à Djeddah pour une visite officielle. À deux jours du Sommet de la Ligue arabe, Ahmed Attaf prendra part aux réunions ministérielles du Conseil de l'organisation et aux différentes sous-commissions dont les travaux porteront sur le suivi et la mise en oeuvre des résolutions du Sommet d'Alger. Il prendra également part à la réunion qui arrêtera l'ordre du jour du Sommet de Djeddah. Attaf a aussi un agenda en lien avec la coopération bilatérale algéro-saoudienne.
Mais d'ores et déjà, le Sommet de Djeddah se présente important. L'évènement sera marqué incontestablement par le retour de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes. Le retour de Damas à l'organisation panarabe n'aurait pas eu lieu sans le plaidoyer de l'Algérie. C'est une vérité que nul ne peut nier. Contre vents et marées, l'Algérie a refusé l'exclusion de la Syrie.
Ce n'est que justice si le retour de la Syrie au sein de la famille soit acté pendant la présidence algérienne de l'organisation arabe. Un succès qui s'est ajouté à celui de la réunification des factions palestiniennes sous les auspices de la diplomatie algérienne. Deux faits majeurs qui font d'ailleurs du mandat de l'Algérie à la tête de la Ligue arabe un succès sans précédent. Et qui met davantage de pression sur l'Arabie saoudite qui entamera son mandat à partir de ce 19 mai avec l'ambition de faire comme l'Algérie sinon mieux.
Cependant le succès du Sommet d'Alger ne saurait être réduit au retour de la Syrie et à la réconciliation inter-Palestiniens. Sa portée va bien au-delà de ces faits, au demeurant très important. À l'évidence, le retour de la Syrie répare une injustice. Un déni. Le rappel de la centralité de la cause palestinienne équivaut, lui, à un miroir placé par l'Algérie pour que chacun des pays arabes observe ce qu'il a apporté pour la lutte du peuple palestinien contre l'occupant israélien. En soutien et en défense permanente comme l'Algérie l'a toujours fait. En renoncement et en trahison de la cause. De tristes oeuvres accomplies par des États et des Royaumes en passe de gagner l'épithète du contre-exemple.
En plus d'avoir acté le retour de la Syrie et la réconciliation des factions palestiniennes, le Sommet a été celui des messages forts envers tous les membres de l'organisation. Celui de sortir des calculs étriqués pour bâtir un ensemble régional apaisé et en phase avec les exigences de l'heure. Ce qui est certain c'est que les résolutions du Sommet d'Alger ont bel et bien balisé la voie à suivre.
Et les marques se satisfaction et de reconnaissance à l'égard de l'Algérie s'expriment l'une après l'autre.
À partir de Djeddah où il est arrivé lundi après- midi, le ministre syrien de l'Économie et du Commerce extérieur, Samer Al Khalil a mis en relief les efforts consentis par l'Algérie lors de sa présidence du dernier Sommet arabe couronné par de «nombreuses décisions ayant consacré l'unification des rangs arabes».
«Je tiens à exprimer mes vifs remerciements à l'État algérien pour les efforts importants consentis lors de sa présidence de la précédente session (Sommet arabe), couronnée par de nombreuses décisions qui traduisent l'importance de l'action arabe commune», a déclaré Al Khalil dans son intervention à la réunion du Conseil économique et social tenue en prévision de la réunion du Sommet.
«Des générations au sein de nos pays arabes ont été imprégnées des valeurs d'appartenance à la nation arabe et des relations fraternelles unissant les enfants d'une même nation, une réalité que le Sommet d'Alger a mis en évidence», a-t-il soutenu.
Si l'Algérie peut s'enorgueillir légitimement d'avoir réussi son mandat à la tête de la Ligue arabe, cette dernière ne doit pas perdre de vue que beaucoup reste à faire pour retrouver sa place sur l'échiquier international et faire entendre sa voix. Un objectif qui ne saurait se réaliser avant qu'elle ne retrouve sa cohésion et les valeurs qui ont fait sa force.