L'Expression

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DANGEREUSE ESCALADE DANS LES RELATIONS ALGÉRO-MAROCAINES

Le roi délire

Le leadership algérien dérange Rabat.

L'histoire bégaie. C'est le moins qui puisse être dit face à la nouvelle montée d'adrénaline du côté de Rabat. Qu'est-ce qui fait s'agiter ainsi nos voisins de l'Ouest? Un message! Un simple message que le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, avait envoyé en début de la semaine dernière à la Conférence d'Abuja sur le Sahara occidental, rappelant notamment le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Les dirigeants marocains semblent ainsi avoir mal apprécié l'expression employée par le chef de l'Etat algérien, qualifiant «d'occupation» la mainmise du Royaume chérifien sur le territoire du Sahara occidental depuis novembre 1975. Il y a des termes qui blessent et si les Marocains le ressentent ainsi, c'est qu'il y a du vrai et que cela a fait mouche et le fait est que le Sahara occidental est effectivement un territoire «occupé». C'est la définition même que lui donne la Commission de décolonisation de l'ONU qui a en charge le dossier sahraoui depuis bientôt cinquante ans, depuis 1964 et le remise en cause de l'occupation espagnole du territoire. Toutefois, un occupant (le Maroc) a simplement remplacé un autre (l'Espagne) et les Sahraouis chassés de leur patrie sont toujours en attente de pouvoir appliquer leur droit à l'autodétermination. C'est cela même le contexte du problème sahraoui que le Maroc cherche en vain depuis trente-huit ans (ladite «Marche verte» de novembre 1975 qui a abouti à l'occupation du Sahara occidental au lendemain du départ des forces armées espagnoles) à en faire un contentieux maroco-algérien. Si Rabat avait mis autant d'énergie à faire libérer des territoires bien marocains (Sebta, Ceuta et Melilla) occupés par l'Espagne, que le Makhzen consacre à nuire à l'Algérie, le Maroc aurait sans doute compris ce que voulait dire être «occupé» par une puissance étrangère. L'Algérie qui a connu ce triste épisode, qui lutta et versa le sang de ses enfants pour chaque centimètres carré de son territoire, sait la valeur des sacrifices que consentent les peuples pour se libérer de l'oppression. C'est pourquoi elle a fait du principe du soutien aux peuples encore colonisés son credo et son principe cardinal. L'Algérie n'a pas de problèmes de territoire, c'est une puissance reconnue, elle n'a pas à le crier sur les toits. Le Maroc, en revanche, est insatiable, revendiquant maints territoires africains comme l'histoire récente l'atteste. C'est dix ans après son indépendance que Rabat reconnaissait (enfin) l'indépendance de la Mauritanie - avec laquelle d'ailleurs elle se lança dans une opération de brigandage, en occupant et se partageant le Sahara occidental, avant que Nouakchott ne renonce à «sa part» du territoire sahraoui.
C'est encore Rabat qui «revendique» les wilayas du Sud algérien, et une partie du nord du Mali. N'a-t-on pas clamé à Rabat que les frontières du Maroc vont jusqu'au fleuve Sénégal au sud, à Tombouctou au sud-est en sus d'une partie du Sud algérien? Qui est donc l'expansionniste, comme Rabat en accuse Alger? Nous l'avons dit, l'histoire ânonne et le Maroc n'en est pas à son premier expédient contre l'Algérie. Le rappel de son ambassadeur en Algérie n'est pas non plus une première. En panne d'arguments probants et imparables, les représentants de la monarchie chérifienne, à leur tête le souverain alaouite Mohammed VI se lancent dans le sophisme et réinventent l'art de la litote en accablant l'Algérie de tous les maux de la création. Selon les Marocains, s'ils n'ont pas réussi à entériner le hold-up sur le territoire sahraoui, que ce conflit persiste, et si l'édification du Maghreb est à l'arrêt - sans parler de tous les obstacles que, sans raison, Alger aurait érigés sur la route du pauvre Royaume en mal d'expansion et d'espace vital - c'est évidemment la faute à l'Algérie. Trop facile! En fait, tout cela, ce ne sont que des redites qui n'apportent aucun élément nouveau au dossier sahraoui, si ce n'est la confirmation que Rabat n'a jamais eu la moindre volonté de se conformer aux plans de paix des Nations unies que le Maroc a acceptés et cosignés en tant que partie prenante du dossier avec l'autre partie belligérante, le Front Polisario. Il convient de souligner, si besoin est, ce fait important: Rabat «négocie» avec le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui et partie reconnue par les Nations unies et la communauté internationale et non avec Alger. Mais pour les besoins de sa cause, le Maroc oublie facilement qui est son belligérant sur le terrain, tentant obstinément, mais vainement, d'impliquer l'Algérie dans une question qui relève de A à Z de la décolonisation dont l'ONU est en charge. Or, si le conflit sahraoui s'est enlisé dans l'impasse, que l'UMA demeure au stade de voeu pieux, c'est bien du fait des tergiversations du Maroc arc-bouté sur sa seule lecture d'un dossier qui est un problème de décolonisation - quitte à nous répéter - comme en atteste clairement la Commission de décolonisation de l'ONU qui n'a pas manqué, chaque fois que nécessaire, de réitérer ce fait incontournable. Une vérité pour l'ensemble de la communauté internationale sauf, bien sûr, pour le Maroc qui ne veut voir dans ce conflit qu'un «contentieux» avec Alger.
En fait, tous les plans de l'ONU pour sortir de l'impasse et trouver une solution équitable et négociée ont avorté ou ont tourné court du fait que dans tous les cas de figure, le Maroc refuse le référendum s'il ne peut avoir le contrôle sur son organisation et l'assurance de son résultat. Ce que, en son temps, le défunt Hassan II appelait un «référendum confirmatif». Depuis, Rabat a sorti de sa manche ce qu'elle appelle la «troisième voie», consistant dans l'octroi «d'une large autonomie» au territoire du Sahara occidental. Ce qui en fait n'a pas de sens: ou le Sahara occidental est un territoire marocain, et il n'y a pas lieu d'accorder une faveur, «l'autonomie», à une province marocaine parmi tant d'autres existantes. Soit ce territoire n'est pas marocain - ce qui est en fait le cas dès lors qu'il est reconnu comme territoire colonisé par l'ONU - à ce moment-là, il est normal que les populations de ce territoire (les Sahraouis) aient le droit de s'exprimer sur leur destin. Et c'est seulement dans un contexte de référendum loyal et transparent et si les Sahraouis disent en toute liberté leur «marocanité», à ce moment - et seulement à ce moment - ce territoire peut être qualifié de «marocain».
Pas avant! En fait, nous n'en sommes pas là, on en est même très loin! Or, le Maroc refuse un tel référendum (libre et transparent) parce qu'il n'est pas assuré du résultat, ce qui explique pourquoi le Maroc veut le beurre et l'argent du beurre. Nous ne nous étendrons donc pas sur les mauvais coups du Maroc contre l'Algérie depuis son indépendance allant de la guerre des sables en 1963 - merci pour les «frères» marocains qui attaquent un pays juste sorti d'une guerre de près de huit ans - à la dernière vilénie en date, le rappel de l'ambassadeur marocain. Ne revenons pas sur l'affaire de l'hôtel Asnie de Marrakech, quand le Makhzen tenta de l'attribuer aux services algériens. Faut-il aussi rappeler que l'Union du Maghreb (UMA), est gelée depuis décembre 1994 à la demande écrite du Premier ministre marocain de l'époque, Abdelatif Filali? Rabat n'apprécia pas qu'Alger, par son chef d'Etat, Liamine Zeroual, rappelat officiellement à la Commission de décolonisation de l'OUA - qui venait de se dissoudre - qu'il restait encore un territoire colonisé en Afrique: le Sahara occidental. Mais l'antienne du Maroc est connue, si le Maghreb ne fonctionne pas, c'est l'Algérie; si l'Afrique va mal, c'est l'Algérie...si le monde est au bord de la rupture c'est encore l'Algérie.
Basta, enfin! Mais l'Algérie est et reste un os qu'il sera très difficile au Maroc de digérer.

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